6 août 2006
Gabriel Béland
L'Américain Floyd Landis va vraisemblablement devoir remettre son maillot jaune de gagnant du Tour de France et ses 700 000$ de gains. Déjà, son équipe l'a mis à la porte, hier, après quel'analyse du deuxième échantillon d'urine du cycliste eut confirmé un taux anormalement élevé de testostérone, signe de dopage.
Le monde du cyclisme est habitué aux scandales. Mais la journée d'hier a été particulièrement difficile. On pouvait d'ailleurs le lire sur les traits crispés du directeur du Tour de France, qui a réagi au second test positif du vainqueur. « L'affaire Landis fait mal, a déclaré le directeur, Christian Prudhomme. C'est un électrochoc. On n'a pas envie que le maillot jaune soit souillé.»
Ce serait la première fois dans l'histoire du Tour qu'un vainqueur perd son titre pour cause de dopage.
« Il va de soi que, pour nous, Floyd Landis n'est plus le vainqueur du Tour de France 2006 », a ajouté M. Prudhomme. Mais la décision de lui reprendre le maillot jaune incombe à l'Union cycliste internationale (UCI).
Celle-ci a demandé à la Fédération américaine de cyclisme de mener l'enquête, qui pourrait durer des mois et mener à la suspension du coureur pour deux ans. Une telle sanction mettrait vraisemblablement fin à la carrière de Landis.
L'équipe suisse Phonak n'a pas attendu les réactions de Landis pour annoncer qu'elle le mettait à la porte. « Landis va être licencié sur-le-champ pour avoir violé la réglementation du code d'éthique des équipes professionnelles », a annoncé Phonak dans un communiqué.
Ironie du sort, c'est Oscar Pereiro qui devrait enfiler le maillot retiré à Landis. L'Espagnol et l'équipe Phonak avaient mis fin à leur association en 2005.
Deuxième du Tour 2006, il a revendiqué la victoire, hier.
Ce qui est sûr, c'est que Landis devra remettre au Tour de France une partie de ses gains. Selon les règlements de l'épreuve cycliste, qui sanctionne un coureur dès le premier test positif, Landis va perdre beaucoup d'argent. Les 650 000$ de la victoire finale, les 12 000$ du succès à Morzine, les 500$ par jour de maillot jaune et les 20 100$ attribués au deuxième grimpeur de l'épreuve. Soit près de 700 000$ CAN.
Batailleur, Floyd Landis a pour sa part annoncé qu'il ferait appel. « Je n'ai jamais pris de substances interdites, y compris la testostérone, a-t-il déclaré dans un communiqué. J'ai été le plus fort coureur du Tour, voilà pourquoi j'en suis le champion. »
Il estime en fait que ces tests ne prouvent pas qu'il s'est dopé. Depuis le 27 juillet, date de son premier test positif, le cycliste a émis une série d'hypothèses pour expliquer ces résultats. Il a d'abord affirmé avoir naturellement un taux élevé de testostérone.
Mais hier, le président du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage, Pierre Bordry, a contredit cette piste. « La contre-expertise des urines de Floyd Landis confirme que la testostérone a été prise de façon exogène. »
La dernière explication de l'Américain veut qu'il ait consommé de la bière et du whisky la veille du test. Cela aurait accru sa déshydratation. La testostérone serait, selon lui, plus concentrée dans l'urine d'un homme assoiffé.
Mais selon la directrice du laboratoire de contrôle du dopage de l'INRS, Christiane Ayotte, le coureur aura du mal à défendre sa dernière théorie. « Si la déshydratation pouvait augmenter autant le taux de testostérone, alors tous les marathoniens auraient toujours des taux anormalement élevés. Et les joueurs de tennis aussi. »
Landis se prépare malgré tout à engager la bataille juridique. Il a embauché, jeudi, un avocat spécialiste du dopage, Howard Jacobs. « Avec l'aide de quelques experts scientifiques et médicaux, nous prouverons que la victoire de Floyd Landis n'a pas été aidée par l'utilisation de produits interdits », a déclaré hier Me Jacobs.
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