Floyd Landis, vainqueur en sursis du Tour de France cycliste, aura besoin de tout son détachement pour prendre ses distances avec les évènements qui l'accablent, un contrôle antidopage positif et une prochaine opération à la hanche droite pour la pose d'une prothèse.
Son éducation par des parents mennonites a pourtant donné à l'Américain un recul rare pour un sportif de haut niveau qui affiche le plus souvent un sourire un peu énigmatique derrière une barbiche blonde, des yeux malins cachés par des larges lunettes de soleil très "seventies". Le trentenaire (il est né le 14 octobre 1975), installé en Californie, sait ce qu'il veut. C'est même l'une des raisons de ses relations parfois tumultueuses avec Lance Armstrong, l'homme qui a changé cependant le cours de sa carrière.
L'anecdote appartient à la légende. Le Texan découvre que son nouveau coéquipier a préféré boire force cappuccini à la terrasse d'un café, à Gérone (Espagne), où la colonie américaine a posé ses bagages, plutôt que d'aller s'entraîner. Le lendemain, il l'emmène avec lui rouler dur pour lui faire comprendre les rigueurs du cyclisme. Landis a rejoint l'US Postal fin 2001, après des mois de galère dans l'équipe Mercury qui l'avaient amené à douter de son avenir, voire à raccrocher le vélo. Pendant trois ans, il aide son chef de file, découvre les coulisses de la victoire. Et finit par partir, comme tant d'autres (Hamilton, Livingston, Heras, etc) qui seront loin de connaître ensuite sa réussite dans le Tour.
En bouclant son Tour en jaune, Landis a dû raconter son histoire à maintes reprises. Celle d'un garçon élevé dans une ferme de Pennsylvanie au sein d'une famille religieuse, à l'écart de la modernité (ni télé, ni radio, ni ordinateur) et soucieuse de mener une vie simple et saine, où l'on essayait "d'être heureux et de s'occuper les uns des autres" selon ses propres termes. Perplexes devant les goûts de leur enfant, le deuxième d'une fratrie de six, ses parents ont eu du mal à admettre son choix de devenir cycliste professionnel (en VTT d'abord, sur la route ensuite), bien après qu'il eut enfourché son premier vrai vélo à l'âge de 15-16 ans.
Landis a reconnu récemment qu'il avait douté pendant longtemps. Il se demandait s'il avait fait le bon choix de quitter la communauté. "Pendant quelques années, nos relations ont été compliquées", dit-il. Une fois par an, désormais, il retourne durant deux semaines à Farmesville (Pennsylvanie), un petit village de 200 habitants. "Au milieu de nulle part", comme le disent son frère et ses soeurs. Depuis la mi-juillet, Arlène et Paul, ses parents, ont découvert l'envers de la célébrité. Ils ont regardé les performances de leur fils sur l'écran de télévision d'un voisin et ont dû s'expliquer ensuite après la révélation des soupçons de dopage. "Il est toujours mon fils merveilleux", a réagi la maman du coureur, consciente que les tentations sont différentes d'un monde à l'autre. "Si cela s'est passé (le dopage), je l'aime autant que s'il avait gagné".
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