Gene Cherry
RALEIGH, Caroline du Nord - Des experts américains du marketing estiment que les contrôles antidopage positifs du cycliste Floyd Landis et du sprinteur Justin Gatlin risquent d'affecter les investissements dans le sport.
"Quand ce genre de chose arrive, tout le monde est pénalisé, surtout pour l'athlétisme et le cyclisme, qui n'ont pas un rayonnement important dans le marché des sports américains," estime Bob Dorfman, directeur exécutif de la création chez Picket Advertising à San Francisco.
"Les fans seront plus cyniques et les sociétés vont se demander si les athlètes qu'elles veulent utiliser sont 'propres'", ajoute Dorfman dans un entretien accordé à Reuters.
"Si tout ce qui est couvert dans le sport est de l'ordre du négatif et pourri par des scandales de dopage, qui voudrait investir?", s'interroge Paul Swangard, directeur exécutif du Warsaw Sports Marketing Center de l'Université de l'Oregon.
"Mais je ne pense pas que Gatlin va détruire l'athlétisme."
Pourtant, même dans sa ville d'Eugene, Oregon - qu'on appelle Track Town USA - les gens sont déboussolés par le contrôle positif de Gatlin à la testostérone, poursuit Swangard.
Le champion olympique du 100m risque une suspension à vie et Landis, vainqueur du Tour de France le mois dernier, pourrait être suspendu deux ans si les analyses de leurs échantillons B se révèlent positives.
"Aucun amoureux du sport ne peut être content quand des événements en atténuent la crédibilité", dit Craig Masback, de la fédération américaine d'athlétisme (USATF).
"Mais la place de l'athlétisme aux Jeux olympiques a résisté aux scandales Ben Johnson et Balco et elle résistera à ce nouvel avatar."
Des placements plus surs
Le nombre des partenaires de l'USATF a augmenté depuis l'affaire Balco.
Nike et Hershey's, deux des partenaires clefs de la fédération, vont poursuivre leur collaboration avec l'USATF, ont annoncé les porte-parole des deux sociétés, qui sont liées à Gatlin.
Le porte-parole de l'IAAF, Nick Davies, a fait savoir que la fédération internationale d'athlétisme n'avait perdu aucun partenaire malgré l'affaire Balco et le scandale Kenteris/Thanou en 2003 et 2004.
Il a rappelé que l'IAAF dépensait 2,5 millions de dollars par an pour la lutte contre le dopage.
"Plus le nom est connu, plus notre image en souffre", reconnaît Davies. "Mais que pouvons-nous y faire ?"
Paul Doyle, manager du co-détenteur du record du monde du 100m Asafa Powell, estime pour sa part que les contrats de partenariat pourraient être touchés par les scandales de dopage.
"Ces dix ou quinze dernières années, les rétributions pour les participations aux meetings et les dotations ont sensiblement baissé", dit Doyle. "Mais la différence est que les contrats avec les fabricants de chaussures sont beaucoup plus juteux."
Si les athlètes veulent gagner plus d'argent, il leur faut démarcher d'autres sponsors.
"Ce sont précisément ceux-là qui vont prendre peur", estime Doyle.
Pour Swangard, l'impact sur le cyclisme sera bien plus fort.
"Je dirais à ceux qui veulent investir dans le cyclisme qu'il y a des placements bien plus sûrs", reconnaît-il. "Le cyclisme est le sport qui incarne les abus du dopage."
Avant même que Landis ne soit contrôlé positif, Phonak avait annoncé qu'elle quittait le milieu.
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