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5 août 2006

Le cyclisme soigne sa gangrène

Julien Prétot

PARIS - En moins de deux semaines, le cyclisme est passé du fol espoir d'une guérison à la triste certitude de souffrir d'une gangrène.

Contrôlé positif à la testostérone, Floyd Landis est le premier vainqueur du Tour de France convaincu de dopage.

Le constat est dur pour les amoureux de la plus grande course du monde: le dopage est comme ce pansement qui passe de la main gauche à la main droite et refuse de se décoller totalement.

"L'une des histoires les plus tragiques de notre sport", selon Greg LeMond, triple vainqueur du Tour.

Le vainqueur de 1997, Jan Ullrich, a été exclu de l'édition 2006 pour son implication présumée dans une affaire de dopage sanguin.

Son successeur, Marco Pantani, a navigué en eaux troubles et sombré dans la dépression avant de mourir d'une surdose de cocaïne.

Lance Armstrong, qui a régné sans partage sur le Tour entre 1999 et 2005, est l'objet d'énormes suspicions, le journal L'Equipe ayant montré qu'un échantillon prélevé en 1999 contenait des traces d'érythropoïétine (EPO).

Ménage
Au soir de sa dernière victoire, il s'était adressé aux "sceptiques". Sans vraiment convaincre.

Landis, lui, était arrivé en vainqueur sur les Champs-Elysées auréolé d'une immense sympathie après une victoire à l'ancienne sur le mode défaillance-résurrection.

Enfin, les suiveurs avaient vu un grand coureur en grande difficulté. Dans la montée vers la Toussuire, Landis n'avançait plus, offrant aux spectateurs l'image d'un homme qui pouvait perdre.

Le lendemain, après avoir de son propre aveu avalé deux bières et quatre whiskies pour se remonter le moral, il repartait seul et s'imposait à Morzine avant d'assurer la victoire finale dans le dernier contre la montre.

L'histoire était trop belle. Au soir de son exploit, le coureur de la Phonak était contrôlé positif à la testostérone. Samedi, l'Union Cycliste Internationale (UCI) a fait savoir que l'analyse de l'échantillon B avait confirmé les craintes des fans de Landis.

Le cyclisme vient-il de connaître le scandale de trop ? Avec des audiences télévisées en baisse ainsi qu'un léger recul du nombre de spectateurs sur le bord des routes cette année, il serait tentant de le penser.

Ou l'on peut faire remarquer que le vélo fait son ménage. Landis a été pris la main dans le sac.

Pas de contrôle sanguin au mondial
Ullrich, Ivan Basso et Francisco Mancebo, entre autres, ont été exclus avant même le départ de l'édition 2006 quand d'autres sports refusent de se donner toutes les armes pour lutter contre le dopage.

Ainsi, les footballeurs participant à la Coupe du monde en Allemagne cet été n'ont pas eu à se soumettre aux contrôles sanguins, les plus efficaces.

"Nous continuons de balayer devant notre porte tout en nous étonnant que la Fédération internationale de football, organisatrice de la Coupe du monde, ait refusé de procéder à des contrôles sanguins", écrivait le directeur du Tour, Christian Prudhomme, dans l'Humanité le mois dernier.

"Autant le dire tout net, on ne se crée pas d'affaires lorsqu'on ne procède à aucun contrôle sérieux des sportifs."

Désormais, Landis a le choix.

Ou il continue de nier ce qui semble une évidence en trouvant de nouvelles excuses après avoir avancé un problème de thyroïde, un excès d'alcool, un taux de testostérone naturellement élevé, la déshydratation.

Ou il passe aux aveux.

"J'espère qu'il aura le courage de dire la vérité", espérait Greg LeMond la semaine dernière.

"À lui seul, il pourrait changer le visage de notre sport. Son exemple pourrait être un symbole de changement."

Dans une référence à peine masquée à Lance Armstrong, soupçonné de s'être dopé, LeMond ajoutait : "J'espère qu'il ne fera pas ce qu'un autre Américain a fait : nier, nier, nier."


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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