3 avril 2003


Michel Nicholas et Danielle Bergeron se sont livré à une démonstration tandis que Sylvie Ménard et
François Venne ont vérifié un Marinoni dernier cri lors de la soirée inaugurale du Club de cyclisme Le Suroît.
photos : Robert Skinner

Richard Chartier

Ce n'est plus l'hiver, ce n'est pas l'été, on sort en gaminet, mais le fond de l'air est encore glacé.

Voici le moment de l'année où frétille tout ce qui attend de rouler. Les plus pressés, les cyclosportifs sont déjà avancés dans le moulinage, ils sont vêtus pour fendre le vent, on les a vus percer l'hiver comme des crocus. Les rouleux et autres cyclotouristes ont sorti les bécanes des boules à mites et plusieurs cherchent où diable ils ont bien pu avoir caché les chaussures à clip. Si l'on se fie aux statistiques de la pratique cycliste, un Québécois sur deux entend l'appel du guidon...

Dans les clubs, on se prépare fébrilement car les premières sorties se font ces jours-ci. Petits clubs, gros clubs, clubs plus ou moins orgarnisés, clubs ayant déjà imprimé leurs calendriers.

L'autre vendredi soir, ça rentrait à pleines portes au Centre communautaire de l'île Perrot pour la soirée inaugurale du club de cyclisme Le Suroît.

« Pour le 15e anniversaire du club, explique Manon Dumoulin, une des responsables de l'événement, nous avons voulu mettre le paquet et faire quelque chose de spécial. »

Une soirée, donc, qui détonait. Au delà de la table d'accueil, où dominait le jaune vif des nouveaux maillots du club, la grande salle était animée d'une folie palpable. Les nouveaux étaient invités à remplir le formulaire d'inscription, les anciens se retrouvaient et ça parlait fort tandis que des fabricants et des marchands locaux étalaient leurs merveilles.

Une quinzaine de kiosques pour faire baver ceux qui espèrent gagner à la loto et se payer LA monture qui ne pèse rien et qui file comme un zéphyr. De Vinci, Specialized, Bianchi, Look, Opus, Argon 18, Marinoni...

Comme de raison, Sylvie Ménard est là. La tête bourgogne, on dirait que le vent est resté pogné dans ses cheveux. Ça se voit tout de suite, quand elle roule, c'est pas sa coiffurre qui la dérange.

« J'ai fait de la compétition en amateur, confie-t-elle. J'ai fait des courses, j'ai lâché, j'ai recommencé. Mais je pédale toujours.»

Sylvie reluque un vélo noir qui retient l'attention au milieu de la place. François Venne répète cent fois ses explications et, à la fin, le gars ou la fille soulève l'objet d'un doigt : ce Marinoni dernier cri, tout en fibres de carbone et en perfection, fait à peine plus de 13 livres, « un peu plus de 14 avec ses câbles et ses pédales ». Un ectoplasme.

C'est le modèle Vectra de Marinoni - monté en Campagnolo Record, il se détaille à 8875 $. Mais on peut lui adjoindre un groupe propulseur plus économique et s'en tirer pour aussi peu que 3850 $.

Vous trouvez qu'il est cher ? s'indigne François, Il est le moins cher de sa catégorie. Et il est au-dessus des normes dans tous les aspects : rigidité, durabilité, résistance à l'impact. »

On voit d'ailleurs que François a un attachement spécial à ce vélo particulier, son regard se charge d'inquiétude quand un quidam le lui arrache des mains pour le soupeser, s'appuyer dessus, le tourner à l'envers. Dans ses yeux, on voit briller l'éclat jaloux du joyau précieux.

Quand il avoue qu'il compte cet été accomplir un exploit dans un col mythique des Alpes françaises - on vous dit pas lequel car on en reparlera bientôt - tout s'explique puisque son complice, pour l'occasion, sera justement ce vélo particulier.

Jusqu'à quel poids est-il éprouvé ?
220 livres pour le grand cadre.
Ah bon...

La présidente du club saisit le micro et invite les visiteurs à assister au spectacle.

Un spectacle ?

La scène est occupée par une dizaine de beaux vélos montés sur des rouleurs. C'est un show de spinning. Bien vêtus aux couleurs du club, quelques membres émérites montent sur scène et démarrent sans bouger au son d'une musique entraînante. Un spectacle de bicycles immobiles sur scène, faut le faire!

Les spectateurs quittent assez rapidement leurs sièges pour retourner aux kiosques, histoire de rêver encore un peu, les vélos sont tellement beaux !

Le club compte environ 300 membres, dont un noyau d'irréductibles qui constituent 80% de l'effectif. Ou bien ils y sont tous, ce soir, ou bien ils ont emmené la belle-mère et le mononcle...

« Nous avons invité le club de Beaconsfield à nous visiter ce soir », explique la secrétaire de l'organisation, Danielle Joubarne. Au Grand Tour, l'an dernier, le French can-can dans la douche des filles du cégep de Lac-Mégantic, c'est la Danielle qui l'avait parti...

Clément Arseneault, un des membres-fondateurs du club de cyclisme Le Suroît, m'explique que le suroît est un vent du sud-est de la France. Une boutique de vélo avait adopté ce nom fort joli, il y a bien des années et avait fondé un petit club pour entraîner les jeunes.

« On pense que le club s'appelle Le Suroît parce qu'il se trouve dans la région du Suroît, mais c'est précisément le contraire qui est vrai. C'est l'Association touristique régionale couvrant l'espèce de triangle du territoire de Vaudreuil-Soulanges, Valleyfield, et la pointe sud-ouest de Montréal vers les États-Unis et l'Ontario, c'est l'ATR qui est venu nous voir pour nous demander la permission d'adopter le nom du Suroît. »

C'est une région caractérisée par ses plats à n'en plus finir. « Mais nous poussons des pointes dans les collines d'Oka ou sur la Covey Hill », assure M. Arseneault.

Ce qui fait que les membres du club sont plus rouleurs que grimpeurs.

Mais un club de cyclisme, à quoi ça sert ?

« On n'est pas seul sur la route, explique encore Danielle Joubarne. On fait des sorties régulièrement, des sorties spéciales, on organise des voyages. Il y a de l'ambiance, il y a des services, de l'encadrement, de l'aide. Ho! il faut m'excuser, je dois y aller... »

C'est que Danielle, justement, donne aux nouveaux membres un cours sur l'art de pédaler en peloton.

On s'y habite volontiers. Ouand le vent du peloton nous tire et nous permet de rouler sans effort à des vitesses que nous aurions du mal à tenir seul, on comprend.

Vous voulez un formulaire d'adhésion ?

Le Club de cyclisme Le Suroît, 136 St-Charles, Vaudreuil-Dorion, 450-455-0328, www.oocities.org/cyclismelesuroit


page mise en ligne le 3 avril 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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