« Un punching ball ! » Voilà comment se sentait Gord Fraser, dernier coureur canadien à avoir participé au Tour de France, en 1997, lorsqu'il livrait bataille aux meilleurs sprinters du monde, les Cipollini, Zabel, Abdoujaparov et cie.
« Je n'étais pas un sprinter de haut calibre et je faisais partie d'une toute petite équipe (Mutuelle de Seine-et-Marne). Personne ne t'accorde de respect et personne ne veut se retrouver près de toi. Au fond, j'étais un punching ball ! » racontait Fraser, 34 ans, lors d'un entretien qui s'est déroulé en juin pendant le Grand Prix cycliste de Beauce.
En 1997, jamais Fraser n'aurait cru participer à la Grande Boucle. Invité de dernière minute avec son équipe française, Fraser, 28 ans à l'époque, a néanmoins trouvé le moyen de signer une septième place lors de la première étape, au grand étonnement de son directeur sportif Yvon Sanquer, avec qui il n'entretenait pas les meilleurs rapports.
« Pendant toute l'année, il se plaignait de tout et de rien. J'étais trop gras, je n'étais pas en forme, je ne gagnais pas, blablabla. Quand je lui ai dit que je finissais sixième ou septième, un excellent résultat au Tour, je me souviens de l'avoir vu surpris et heureux.. Enfin, il reconnaissait que je faisais de mon mieux. Ça a duré deux secondes... »
Sans surprise, les premiers coups de pédale en montagne ont eu raison de l'Ontarien, arrivé hors délai au terme de la neuvième étape.
Les millions de spectateurs le long des parcours, les « fous » qui se penchent dangereusement à la recherche du cliché parfait, le bruit assourdissant, l'énergie nerveuse des coureurs, les bagarres folles pour les positions même en queue de peloton, les longs et épuisants transferts d'une étape à l'autre, le peu de moyens logistiques de sa formation comparativement au luxe des grandes équipes, voilà ce qu'a ramené Fraser dans son bagage à souvenirs.
Mais le plus beau souvenir demeure sans l'ombre d'un doute la présence de son père, aujourd'hui décédé, qui a assisté aux cinq premiers jours de la course en compagnie de la copine de Gord et de sa future belle-mère. « Je suis tellement content qu'il ait été témoin de ça. »
Aucun Canadien ne prendra part au Tour de France du centenaire. L'Ontarien Mike Barry, membre de la formation US Postal de Lance Armstrong, cogne à la porte.
Depuis 1903, quatre Canadiens ont participé à la célèbre épreuve. Steve Bauer, plus grand coureur canadien de tous les temps, a fini quatrième en 1988 et a porté le maillot jaune pendant 10 jours en 1990. Alex Stieda, de la Colombie-Britannique, a quant à lui été le premier Nord-américain à enfiler le jaune... pendant une demi-journée ! Vidé après la demi-étape du matin, il s'est fait larguer (!) par ses coéquipiers de 7-Eleven lors du contre-la-montre par équipes de l'après-midi...
Et qui a été le seul Québécois à s'aligner sur le Tour? Pierre Gachon, un Montréalais né à Paris, qui a quitté au terme de la première étape en 1937. À quand le prochain ?
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