1 juin 2003


La une du Journal de Montréal du 1er juin 2003
photo : André Forget

Et Jeanson a ouvert la machine...

Elle l'emporte grâce à une attaque explosive en fin de course

Quelques coups de pédale, un coup d'oeil derrière et ça y était. Sept cents mètres plus loin, Geneviève Jeanson croisait la ligne d'arrivée, les poings dans les airs.

«Je suis si contente, a-t-elle lancé quelques secondes après son exploit, visiblement émue. Montréal, c'est tellement important pour moi...»

Pour ses admirateurs aussi, à en juger par les cris assourdissants de l'imposante foule massée au sommet de la montée Camillien-Houde, hier après-midi, sur le mont Royal ensoleillé malgré la pluie qu'on avait annoncée.

Après 11 tours et trois quarts du parcours de 8,3 kilomètres de l'étape montréalaise de la Coupe du monde féminine de vélo sur route, Jeanson, aidée de façon admirable jusque-là par ses coéquipières de l'équipe RONA- Esker, s'est retrouvée au coeur d'un groupe d'une dizaine de coureuses lors de cette 12e et dernière montée.

Parmi elles, Lyne Bessette de l'équipe Saturn, mais aussi la meneuse au classement de la Coupe du monde, Nicole Cooke, la championne du monde Susanne Ljungskog, et des rivales de la trempe de Sara Carrigan et de Judith Arndt. Bref, les meilleures.

Toutefois, à 700 mètres de l'arrivée, la menue cycliste de Lachine leur a donné le coup de grâce.

« J'ai regardé les filles autour de moi et je trouvais qu'elles avaient toutes l'air d'avoir encore du jus, a souligné la vedette de la journée, écrasée sur une chaise et entourée de caméras, de micros et de calepins. J'étais un peu inquiète, mais quand j'ai vu que le moniteur cardiaque de Nicole indiquait 190 (battements à la minute), je me suis dit qu'elle aussi, elle travaillait fort.Alors, j'ai donné tout ce que j'avais.»

«La foule m'a portée»
Jeanson a donc lancé une attaque, mais a eu la surprise de ne voir personne la talonner.

« Je m'attendais à ce qu'on me suive, a-t-elle déclaré. Je m'attendais à un sprint, j'étais vraiment surprise. Je ne pensais que j'aurais assez d'énergie dans les jambes. Je me suis dit: je vais péter, ça s'peut pas! J'étais certaine qu'on me rattraperait.

« Toutefois, la foule m'a portée jusqu'en haut, a-t-elle enchaîné. Ça silait dans mes oreilles, je n'entendais plus rien. »

C'est le cas de le dire, ça roule pour Jeanson ces temps-ci, qui avait remporté toutes ses courses - la Valley of the Sun Stage Race, en Arizona, la Pomona Stage Race et les classiques Redlands et Sea Otter, toutes trois en Californie, de même que le Tour du Gila, au Nouveau-Mexique - avant de se pointer à Montréal cette semaine.

De son côté, Lyne Bessette, leader de l'équipe Saturn, a terminé au septième rang, à 31 secondes de Jeanson, après avoir été victime de crampes dans les derniers tours.

Sa coéquipière Manon Jutras, elle, s'est classée 18e, à près de deux minutes et demie de la gagnante. Bien calée dans sa chaise, Jeanson a esquissé plusieurs ourires avant de prendre congé.

« Je voulais un souper de célébration, a-t-elle lancé. Un morceau de gâteau, quelque chose... Ce soir, on va l'avoir, notre souper d'équipe, et c'est moi qui leur paie la traite !»


page mise en ligne le 1er juin 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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