Un coureur néo-zélandais l'accuse de l'avoir fait tomber
Simon Drouin
SAINT-ROMUALD - La journée s'annonçait pourtant parfaite pour Charles Dionne. Après un départ de son école primaire qui lui a presque donné les larmes aux yeux, le sprinter de Saint-Rédempteur s'est classé deuxième d'un sprint massif lors de la seconde étape du Grand Prix cycliste de Beauce Postes Canada, hier après- midi, à Saint-Romuald.
Dionne, de l'équipe nationale, s'est fait souffler la victoire par une poussée irrésistible d'Oleg Grishkine (Navigators) dans les 400 derniers mètres. Le champion russe sur route a devancé le héros local par une demi-roue, complétant l'étape de 169 kilomètres en 4-01.21 (moyenne de 42 km/h). L'Australien David McKenzie (Flanders-IteamNova) a fini troisième.
«Il n'y a aucune déception, j'ai tout fait ce qu'il y avait à faire, j'ai pris tous les risques, mais il me manquait un peu de vitesse à la fin», a résumé un Dionne radieux à la fin de la course.
La journée s'annonçait pourtant parfaite, disions-nous. C'est qu'une chute à 1,2 km de l'arrivée est venue assombrir cette belle deuxième place. Furieux, quelques coureurs ont pointé un seul coupable : Charles Dione...
Le Néo-Zélandais Scott Guyton (Flanders) est le premier qui a chuté, provoquant un effet domino qui a fait visiter le bitume à une douzaine de coureurs. Installé dans l'ambulance en attendant d'être transporté à l'hôpital, Guyton était dans tous ses états.
« Il (Charles) était à ma gauche et il a voulu prendre une roue vers la droite. Il a alors accroché ma roue avant et je suis tombé. C'était délibéré !» a fulminé Guyton, dont le coude gauche est devenu aussi gros qu'un pamplemousse.
Ce dernier a aussi subi des meurtrissures sur tout le côté gauche de son corps. Heureusement, les radiographies n'ont révélé aucune fracture et Guyton a assuré qu'il prendrait le départ aujourd'hui... si son vélo, tout démantibulé, pouvait être réparé à temps.
En début de soirée, dans le hall d'un hôtel de Saint-Georges-de-Beauce, Dionne a bien voulu faire part de sa version des faits. «Ç'a brassé assez dur, mais ce n'était rien d'anormal pour un sprint de peloton. J'étais pris en sandwich entre deux coureurs et dans les circonstances, tu tiens ton vélo le plus serré possible. Si ma pédale a accroché sa roue, je ne peux rien faire contre ça. Je veux être clair : ce n'était variment pas mon intention de mettre un coureur par terre. J'espère que personne n'a subi de blessures sérieuses.»
Au même moment, Guyton, accompagné de son directeur sportif Franky Van Haesebroucke, est rentré de l'hôpital, les cuissards déchirés et des bandages sur tout le corps. Dionne n'a pas hésité et a invité le Néo-Zélandais à s'expliquer. A suivi une conversation musclée au cours de laquelle les deux hommes sont demeurés sur leur position. Ils ne se sont pas serré la pince.
«Je sais que tu es un bon sprinter, mais pourquoi as-tu agi ainsi ? a lancé Van Haesebroucke, particulièrement en pétard. Ça ne vaut pas la peine de se tuer pour une stupide course de vélo!»
Alors, Charles, penses-tu maintenant être la cible de quelques coureurs ? «De la façon dont je le vois aller (Guyton), ça va jouer dur, c'est certain...»
La journée s'annonçait pourtant parfaite... Bienvenue dans le merveilleux monde des sprinters!
Aujourd'hui : Étape très vallonnée de 151 kilomètres avec départ et arrivée à Lac-Etchemin. On vous promet de surveiller les coups de coude dans le peloton...
page mise en ligne le 19 juin 2003 par SVP