Jeanson ne manque pas de souligner les efforts déployés par ses coéquipières
Simon Drouin
On dit souvent que le vélo sur route est un sport individuel qui se court en équipe. Les néophytes en ont eu une illustration patente sur le mont Royal, hier après-midi, à l'occasion de la magistrale victoire de Geneviève Jeanson.
Aussi bonne soit-elle, la cycliste de Lachine ne peut tout faire seule. À preuve, l'an dernier, malgré les efforts valeureux de sa coéquipière Manon Jutras, Jeanson avait dû se contenter de la troisième place, même si elle était sans l'ombre d'un doute la plus forte du peloton.
Ainsi, dans les minutes qui ont suivi la fin de la course hier, Jeanson n'a pas manqué de souligner les efforts déployés par ses coéquipières de Rona-Esker. Son triomphe, c'était aussi celui de Magali Le Floc'h, Karen Bockel, Catherine Marsal, Erinne Willock et Melissa Hoit, dont les efforts n'ont pas trouvé écho au classement final.
Ce n'est donc pas pour rien que Jeanson se promettait de «payer la traite» à ses coéquipières plus tard dans la soirée. «Elles étaient là jusqu'à la fin. Je connais une grande saison grâce à elles», ont d'ailleurs été les premiers mots prononcés par la gagnante après avoir enlevé son casque protecteur.
Elles imposent un rythme soutenu
Dès les premières des 12 boucles de 8,3 kilomètres, Holt, une Néo-Zélandaise, Willcock, une Canadienne de la Colombie-Britannique, et Marsal, une Française, se sont pointées en tête de peloton pour imposer un rythme soutenu. De cette façon, elles pouvaient surveiller les tentatives d'attaque tout en les décourageant. Pendant ce temps, Jeanson préservait ses énergies, bien installée dans le peloton.
Vers la fin de la course, ce fut au tour de Le Floc'h, championne de France, et Bockel, une Allemande, de se mettre au charbon. Elles ont fait une large partie du travail pour ramener le groupe de tête sur Amber Neben et Kim Bruckner, deux coureuses dangereuses de l'équipe T-Mobile qui ont tenté, l'une après l'autre, de prendre la poudre d'escampette dans les derniers kilomètres. Bref, la table était mise pour Jeanson.
(Remarquez, les coureuses ne Rona-Esker n'étaient pas seules. Manon Jutras (Saturn), entre autres, s'est aussi sacrifiée pour ses coéquipières Lyne Bessette, septième et Katie Mactier, quatrième.)
«J'avais de bonnes jambes, mais si mon équipe n'avait pas été là, je ne l'aurais pas fait», a déclaré Jeanson avant de souligner le renforcement positif dont elle a profité. « On a eu une réunion d'équipe vendredi et les filles m'ont dit que, franchement, personne n'allait me battre dans la côte. Dans ma tête, je me suis dit que si elles avaient autant confiance en moi, je ne pouvais pas les décevoir.»
Dans le passé, le travail du directeur sportif de Rona-Esker, André Aubut, a souvent été l'objet de remises en question. Hier après-midi, Aubut soupirait de joie. «Si le plan de match n'avait pas marché, c'est moi qu'on aurait blâmé, a-t-il dit.
«Les filles ont préparé le terrain pour Geneviève. L'équipe a fait en sorte que les autres n'avaient plus rien dans les jambes à la fin.»
page mise en ligne le 1er juin 2003 par SVP