La une du Journal de Montréal.
photo : Presse Canadienne
L'analyse de l'échantillon d'urine l'absoudra ou la condamnera
HAMILTON - Au lieu de monter sur le podium, Geneviève Jeanson est descendue en enfer.
Car après la chicane entre les cyclistes et leurs entraîneurs la veille et avant la dramatique chute qui a laissé le jeune Kevin Lacombe inconscient (voir autre texte), une controverse a frappé la cycliste de 22 ans.
Tôt hier matin, Jeanson a en effet échoué un test sanguin de l'Union cycliste internationale (UCI) effectué sans préavis à l'hôtel de l'équipe canadienne, à Jordan Station, à environ une demi-heure de route de Hmilton.
Lyne Bessette, Manon Jutras et Amy Moore ont aussi été testées. Les équipes néerlandaises et allemandes ont également reçu la visite des « vampires », comme on les appelle dans le milieu.
Le test a démontré que l'hématocrite de Jeanson - le taux de globules rouges dans le sang - dépassait la limite de 47 % imposée par l'UCI. Un résultat qui entraînait automatiquement son retrait de la course sur route prévue pour le début de l'après-midi, où elle visait un podium, et la suspension de sa licence pour une période de 15 jours.
À quoi ressemblait l'hématocrite détectée chez Jeanson hier matin ? « Énorme » a déclaré, abasourdie, une source proche de la coureuse.
Plus tard en journée Jeanson allait invoquer l'utilisation d'une tente hypoxique - utilisée pour simuler l'effet de l'altitude - pour expliquer le résultat du test. Elle a toutefois refusé de divulguer le résultat exact du test, qui est confidentiel.
Sous le choc
Ébranlée, l'athlète de Lachine s'est donc rendue en trombe dans un hôtel du centre-ville pour y demander une contre-expertise sur un second échantillon de sang, comme le lui permet le règlement. Le résultat a été le même.
« Geneviève était sous le choc, elle était hors de contrôle, a raconté le gérant de l'équipe canadienne et ancien coureur Yvan Waddell, qui était avec Jeanson à ce moment. Elle pleurait sans cesse. Elle était hors de contrôle. »
L'analyse d'un échantillon d'urine prélevé hier, qui sera faite dans un laboratoire de l'UCI à Lausanne, en Suisse, constitue donc la prochaine étape dans cette affaire. Cette analyse devrait révéler, d'ici à quatre jours, si on a ou non affaire à un cas de dopage, un doute que soulève inévitablement un test sanguin échoué.
Prochaine étape : test d'urine
Si ce n'est pas le cas, Jeanson devra simplement subir un nouveau test sanguin dans 15 jours, question de s'assurer qu'elle ne coure aucun risque, côté santé, à remonter sur un vélo.
Si, au contraire, c'est le cas, elle risque une suspension de toute compétition pouvant aller jusqu'à deux ans.
En fin de journée, le président de l'Association canadienne de cyclisme, Bill Kinash, a rappelé que « ceci n'est pas dû à un test positif de dopage, mais plutôt d'une (sic) situation dans laquelle un coureur a été déclaré n'être (sic) pas en condition pour la compétition. »
Christiane Ayotte, chef du laboratoire antidopage de l'Institut national de recherche scientifique à Montréal, a expliqué que les chercheurs du labo de Lausanne, « le meilleur du monde pour ce genre de test », allaient porter l'essentiel de leur attention sur deux produits dopants : l'ancienne erythropoïétine (EPO) et la nouvelle, appelée NESP.
Chez une personne normale qui ne vit pas en altitude, l'hématocrite oseille habituellement entre 40 et 44. Mme Ayotte a expliqué que certaines personnes montraient parfois un taux supérieur pour des raisons génétiques.
Championne du monde à la fois sur route et au contre-la-montre chez les juniors en 1999, cinquième à Hamilton mercredi au contre-la-montre élite, Jeanson ne quittera finalement pas Hamilton comme elle l'aurait souhaité...
page mise en ligne le 12 octobre 2003 par SVP