Condamnation sans appel
de la cycliste Lyne Bessette
« On attendait juste de savoir quand ça allait sortir... »
HAMILTON -Pour trouver du réconfort, Geneviève Jeanson devra chercher ailleurs que du côté des autres québécoises membres de l'équipe canadienne.
Si l'union cycliste internationale (UCI) ne fait jamais directement référence au dopage lorsque le taux d'hématocrite d'un athlète est jugé trop élevé - parlant plutôt d'un retrait préventif pour des raisons de santé -, Lyne Bessette n'a pas hésité à condamner sans appel celle qui a été sa grande rivale sur la scène nationale au cours des dernières années.
« Quand quelqu'un fait quelque chose de pas correct, il faut qu'il soit puni », a commenté Bessette, hier après-midi, après avoir pris le 17e rang de la course sur route. La cycliste de Knowlton a poursuivi en lâchant une phrase encore plus lourde de sens : « On attendait juste de savoir quand ça allait sortir, et c'est sorti aujourd'hui... »
Bessette, 28 ans, a ensuite tenu à prendre ses distances par rapport à Jeanson. « C'est jamais le fun d'entendre des choses comme ça, quel que soit le sport, mais nous, on n'a rien à voir là-dedans. On a bien fait face à la situation aujourd'hui, a-t- elle déclaré en faisant référence à ses quatre autres coéquipières. Elle (Jeanson) est assez vieille pour penser à ce qu'elle fait et je ne suis pas responsable de ce qu'elle fait. »
Pensez-vous qu'une telle situation risque d'éclabousser l'ensemble du cyclisme canadien ? a-t-on demandé à Bessette. « Je ne penserais pas. Ça ne concerne qu'une seule personne et c'est tout. »
Manon Jutras, 35 ans, a offert sensiblement la même réponse à cette question. « Je ne pense pas, a répondu celle qui a été coéquipière de Jeanson pendant deux ans dans l'équipe cycliste Rona. Il n'y a aucune relation entre Geneviève et les autres Canadiens. Je trouve ça dommage pour le cyclisme, point. Elle devra faire face à la musique. Ce sont ses actions et elle devra prendre ses responsabilités. »
Cinquante-quatrième de la course d'hier après avoir fait du travail pour son équipe, Jutras, originaire de Verdun, estime que la bombe qui est tombée en matinée n'a pas miné le moral des cinq Canadiennes qui s'apprêtaient à prendre le départ. « Ça peut paraître surprenant, mais ça a eu un impact très positif, a-t-elle dit. Ça nous a ressaisies et on s'est dit : On est cinq à faire face à la musique, mais on va toutes être là. »
Sue Palmer-Komar, qui a obtenu le meilleur classement canadien avec une 13e place, est la coureuse qui a démontre le plus d'empathie à l'égard de Jeanson. « Oui, je suis inquiète pour la suite de sa carrière», a mentionné la cycliste de 36 ans.
La Française Jeannie Longo Ciprelli, celle qui a pratiquement mis au monde le cyclisme féminin, s'est pour sa part dite attristée pour la cycliste québécoise. « C'est une fille courageuse et talentueuse et c'est dommage pour elle, a dit la coureuse de 44 ans, 6ème hier. Je connais son volume d'entraînement. Ce sont des juniors qu'on entraîne comme des folles. On ne les économise pas assez. C'est une fille qu'il faut bien encadrer. »
En fin d'après-midi, le président de l'Association cycliste canadienne, Bill Kinash, a invité les gens à faire preuve de prudence dans leurs commentaires : « L'Association cycliste canadienne est très déçue puisqu'un de nos meilleurs espoirs de médailles, Geneviève Jeanson, n'a pas pu commencer la course aujourd'hui. Nous savons qu'elle est bouleversée, comme nous tous. Il est très important de souligner que ceci n'est pas dû à un test positif de dopage, mais plus à une situation dans laquelle un coureur a été déclaré ne pas être en condition pour la compétition », a lu M. Kinash avant que Jeanson ne réponde aux questions des journalistes.
Lors de ce point de presse, Jeanson a affirmé que la compagnie Rona, principal commanditaire de son équipe professionnelle, l'appuyait sans réserve. « Les gens de Rona sont 100 % derrière moi et ils ont 100 % confiance en moi», a-t-elle assuré.
page mise en ligne le 12 octobre 2003 par SVP