Hiver 1997, Dominique Perras enfile sa tuque et se dirige vers le garage glacial et sombre de son appartement de Québec pour une énième séance de rouleau. Une question hante le cycliste : mon genou va-t-il enfin tenir le coup ?
HAMILTON - En 1994, après deux saisons à faire ses classes, au sein d'une équipe amateur française en compagnie de ses compatriotes Jean-Sébastien Béland, Daniel Belleville et Roland Green, Perras doit se résigner à subir une opération à un genou qui le fait trop souffrir. La réadaptation, pénible, gâche complètement ses saisons 1995 et 1996.
« À ce rnoment-là, j'étais découragé et j'avais presque fait mon deuil du cyclisme. J'avais lancé la serviette pour me concentrer sur mes études et rattraper le temps perdu », raconte Perras, aujourd'hui détenteur d'un baccalauréat en géographie/sciences politiques. Mais une rencontre avec un physio thérapeute bien avisé et une volonté de fer vont lui permettre de remonter en selle et de renouer avec sa passion de toujours. « J'ai toujours eu cette petite flamme pour ce sport-là. »
Aujourd'hui, Perras, 29 ans, est membre de l'équipe professionnelle Flanders-Iteamnova.com, basée en Belgique. L'athlète de 1 m 73 et 63 kilos se prépare pour ses deuxièmes Championnats du monde de cyclisme sur route, qui se dérouleront jusqu'à dimanche à Hamilton. Le cycliste originaire de Brossard doit sa sélection à son championnat canadien remporté en juillet, justement à Hamilton, sur le même parcours que les mondiaux. Le plus beau moment de sa carrière... jusqu'ici.
Ses premiers souvenirs de vélo remontent aux Jeux olympiques de Los Angeles, en 1984, alors que le Canadien Steve Bauer avait pris le deuxième rang de la course sur route. « Mais là où j'ai vraiment allumé, c'est en regardant le Tour de France de 1988 à la télé. J'ai commencé à faire des randonnées de cyclo avec des amis. Comme je n'étais pas capable de les suivre, j'ai décidé de connnencer à m'entraîner ! »
Perras s'inscrit au Club Montérégie et s'entraîne tout l'hiver sur la défunte piste du vélodrome olympique. Un an plus tard, Perras rangera définitivement son équipement de gardien de but pour se consacrer totalement à sa nouvelle passion.
« Comparativement au hockey, au vélo, tu t'entraînes seul. Ça me plaisait », évoque-t-il pour expliquer son choix un brin téméraire dans un pays d'hiver. « Et je me suis rendu compte que plus tu t'entraînais, meilleur tu étais, tandis que le hockey repose plus sur les habiletés naturelles. L'aspect tactique de ce sport me faisait aussi tripper. »
En 1992, Perras représente le Canada aux Championnats du monde juniors, à Athènes. Suivront l'exil européen à 19 ans et l'opération.
À son retour, même si son genou lui joue encore des tours, Perras se démarque en prenant le 11e rang du Tour Trans-Canada. Jean-Jacques Loup, gérant de l'équipe européenne Post Swiss, le remarque et, au grand étonnement du principal intéressé, lui offre un stage. Il impressionne suffisamment pour que Loup, parti fonder la nouvelle êquipe Phonak, lui offre un contrat.
Re-exil en Europe. Cette première saison avec les « grands » sera difficile et Perras est finalement libéré par Phonak. Début 2001, il signe un contrat avec l'américaine Noble House... avant que le commanditaire ne se désiste à là dernière minute et laisse tout le monde sur le pavé. Retour en Europe avec Ficonseils, une petite équipe basée en Suisse. Il y rencontre l'Australien David Mackenzie, avec qui il se liera d'amitié et qui deviendra son coéquipier des deux dernières saisons avec Iteamnova. L'avenir ? « Je n'ai pas encore de contrat pour l'an prochain, indique celui qui parcourt de 30 000 à 32 000 kilomètres annuellement.
« Je vais voir ce qui s'offre à moi. Chose certaine, je veux courir jusqu'en 2004 et j'espère participer aux Jeux d'Athènes. Après, ce sera peut-être le temps de m'arrêter. Mais j'aimerais bien rester dans le milieu du vélo pour partager mon expérience avec les cyclistes canadiens. » C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
Dominique Perras participera dimanche à la course sur route des Championnats mondiaux de cyclisme, disputés à Hamilton.
page mise en ligne le 7 octobre 2003 par SVP