Écartée samedi de la course sur route des Championnats du monde de cyclisme après avoir échoué à un test sanguin, Geneviève Jeanson devra patienter encore quelques jours avant de connaître les résultats de son analyse urinaire.
L'analyse de l'échantillon d'urine, collecté samedi après la confirmation d'un taux d'hématocrite dépassant la limite permise de 47 %, sera faite dans le Laboratoire suisse d'analyse du dopage, situé à Lausanne, en Suisse.
Les spécialistes de ce laboratoire chercheront à déceler des traces d'érythropoïétine (EPO), une substance dopante interdite dont l'utilisation est passible d'une suspension de deux ans au Canada.
Un autre contrôle sanguin
Samedi, Jeanson, 22 ans, s'est vue retirer sa licence de coureuse de l'Union cycliste internationale (UCI) pour une période minimale de 15 jours.
Elle devra se soumettre à un nouveau contrôle sanguin dans un des laboratoires accrédités par l'UCI, parmi lesquels l'INRS-Institut Armand-Frappier du Dr Christiane Ayotte, situé à Montréal, pour récupérer sa licence, en tenant pour acquis qu'aucune trace d'EPO n'est détectée dans son urine.
Il faut compter une période de 24 à 48 heures avant que l'échantillon n'aboutisse en Suisse. il faudra ensuite attendre environ quatre jours avant de connaître les résultats. Théoriquement, si aucune trace d'EPO n'est décelée, dans l'échantillon d'urine, le dossier est fermé sans que l'athlète ni sa fédération nationale ne soient informés de quoi que ce soit.
En pratique, dans un cas médiatisé comme celui de Jeanson, un résultat négatif filtre normalement assez assez pidement.
Dans le cas d'un test positif, la fédération nationale (dans ce cas-ci, l'Association cycliste canadienne) est avertie et, selon la pratique en vigueur au Canada, l'information est rendue publique. L'athlète en cause bénéficie alors d'une certaine période de temps pour demander une contre-analyse d'un échantillon B.
Si le test est toujours positif, l'athlète peut contester les résultats, le plus souvent pour des questions de procédure, devant un arbitre du Centre canadien pour l'éthique dans le sport. Ultimement, l'athlète peut porter sa cause devant le Tribunal arbitral du sport.
Aubut ne craint pas
Dans une entrevue accordée dimanche à quotidien torontois, André Aubut, l'entraîneur de Jeanson, s'est dit convaincu que l'urine analysée ne contiendra aucune trace d'une substance prohibée. « Je ne suis même pas inquiet. Il n'y a aucune chance », a-t-il insisté.
En revanche, un résultat négatif n'effacerait pas tous les soupçons qui planent maintenant sur Jeanson. D'après les travaux du professeur français Michel Audran, spécialiste européen du dopage sanguin, l'EPO peut produire des effets sans que l'athlète ne soit reconnu positif.
« Une des caractéristiques de l'EPO est qu'elle a une demi-vie courte - elle disparaît rapidement de l'organisme - alors que son effet ergogénique (effet sur la performance) peut durer une à trois semaines après arrêt du traitement : il suffit de stopper les injections trois jours à une semaine (tout dépend des doses administrées) avant la compétition pour diminuer fortement les risques de se faire prendre », a déclaré M. Audran dans une entrevue publiée dans le quotidien L'Équipe en juillet.
La tente hypoxique
Samedi, Jeanson a soutenu que son taux d'hématocrite (volume de globules rouges dans le sang) élevé s'expliquait par l'utilisation, depuis 1998, d'une tente hypoxique, qui simule les conditions atmosphériques en altitude.
Plusieurs athlètes utilisent cette méthode, parfaitement légale. Selon quelques-uns d'entres eux, l'utilisation d'une tente hypoxique ne modifie pas le taux d'hématocrite de manière importante. Or, selon des témoignages concordants recueillis dimanche à Hamilton, le taux d'hématocrite de Jeanson dépassait très largement le plafond de 47 % décrété par l'UCI.
Jeanson n'a pu prendre le départ samedi parce que son taux d'hématocrite élevé pouvait constituer un danger pour sa santé selon les règles en vigueur à l'UCI depuis 1997. Aux yeux de l'UCI, un tel taux d'hématocrite est un indice - et non une preuve - qu'un athlète pourrait utiliser une substance interdite, d'où l'obligation d'un test d'urine subséquent.
page mise en ligne le 14 octobre 2003 par SVP