Hypo quoi ? Voilà une question entendue dans bien des ménages québécois, samedi soir, après que Geneviève Jeanson eut révélé publiquement faire usage d'une tente hypoxique dans la foulée de son exclusion des Championnats de cyclisme de Hamilton.
Pour ceux qui suivent le sport de haut niveau de près, la tente hypoxique n'a rien de nouveau. Depuis cinq ou six ans, plusieurs athlètes ont mentionné avoir dormi dans une tente hypoxique pour bonifier les effets de l'entraînement. On n'a qu'à penser à l'Américain Lance Armstrong, quintuple vainqueur du Tour de France, à l'Américain d'origine marocaine Khalid Khannouchi, ex-recordman mondial du marathon, ou à la Canadienne Beckie Scott, médaillée d'argent en ski de fond aux derniers Jeux de Salt Lake City, en 2002.
À quoi ça ressemble, une tente hypoxique ? « À une tente deux places de style Eureka! à laquelle est annexée un compresseur relié par un tuyau. Le compresseur sert à diminuer la concentration d'air dans la tente », explique Côme Desrochers, directeur et entraîneur-chef du Centre d'excellence de biathlon des Forces canadiennes, situé à Valcartier.
Depuis un an, le Centre d'excellence de Valcartier possède une tente hypoxique et offre à ses athlètes la possibilité de l'utiliser à la maison.
Selon la formule standard, un athlète doit passer huit heures par nuit dans sa tente durant une période de trois à cinq semaines pour ressentir les premier effets positifs. Le but premier de la tente hypoxique est de simuler les conditions d'oxygène en altitude sans avoir à se déplacer dans les montagnes du Colorado ou les hauts plateaux du Kenya.
De plus, l'athlète peut rester au niveau de la mer et ainsi conserver le même volume d'entraînement, ce qui est impossible en altitude (Live high, train low, dit la formule consacrée).
« La tente qu'on possède peut recréer les conditions d'oxygène à partir de 2200 mètres d'altitude jusqu'à 4400 mètres (ndlr : l'équivalent de la moitié de l'Everest) », explique M. Desrochers.
Selon les fabricants et les athlètes qui en font la promotion, la tente hypoxique favorise la production de globules rouges - qui servent au transport de l'oxygène aux muscles - et, par extension, améliore les performances.
Règle générale, l'augmentation du nombre de globules rouges dans le sang favorise les athlètes qui pratiquent un sport d'endurance, comme le ski de fond, le marathon ou le cyclisme.
Cependant, des joueurs de badminton ou de tennis et même des hockeyeurs de la Ligue nationale utilisent une tente hypoxique, révèle Ken Brunet, physiologiste de l'exercice au Peak Center for Human Performance d'Ottawa.
« Certains athlètes ont noté une meilleure récupération et une respiration mieux contrôlée entre les échanges ou les présences sur la glace », indique M. Brunet.
La tente hypoxique n'est pas à la portée de toutes les bourses. Celle du Centre d'excellence de biathlon a coûté la bagatelle de 10 000 $. Les principaux fabricants sont Hypoxico, une société basée en Californie, et Colorado Altitude Training, situé à Boulder. Cette dernière compagnie offre même une version « cubique » de son produit avec suffisamment d'espace pour y installer un lit double.
La tente hypoxique n'est pas sans causer certains désagréments aux utilisateurs. Ainsi, le compresseur émet un bruit qui peut devenir harassant pour celui qui a le sommeil léger. D'autres athlètes se plaignent de la condensation qui peut se créer dans la tente.
Selon les spécialistes interrogés, la tente hypoxique ne pose pas de danger pour l'a santé, bien qu'il soit recommandé de combiner son utilisation avec un suivi médical.
page mise en ligne le 16 octobre 2003 par SVP