Geneviève Jeanson est blanchie. L'analyse de l'échantillon d'urine prélevé le matin du 11 octobre, date de son exclusion de la course sur route des Championnats du monde de Hamilton, n'a révélé aucune trace d'érythropoïétine (EPO), une substance dopante interdite.
Les résultats des contrôles antidopage effectués à Hamilton devaient être communiqués hier aux fédérations nationales concernées, mais un retard dans les analyses faites au Laboratoire suisse d'analyse du dopage, situé à Lausanne, a repoussé le dévoilement des résultats à aujourd'hui.
Néanmoins, le test de Geneviève Jeanson est négatif, a appris La Presse de sources sûres. Les tests anti-EPO menés auprès de quatre autres coureurs à Hamilton, dont le nouveau champion du monde sur route, l'Espagnol Igor Astarloa, sont aussi négatifs.
Du côté de l'Association cycliste canadienne (ACC), on n'avait toujours pas reçu de réponse de l'Union cycliste internationale (UCI) hier après-midi. Avant de rendre l'information publique, l'ACC doit d'abord joindre Jeanson, présentement en voyage en Europe avec ses parents.
« On a les moyens de prendre contact avec Geneviève par l'entremise des responsables de Rona (l'équipe professionnelle de Jeanson). On a déjà eu un contact avec eux aujourd'hui (jeudi) », a indiqué Sean O'Donnell, coordonnateur des programmes haute performance de l'Acc. Ce test négatif évitera à Jeanson, 22 ans, une suspension de deux ans. En revanche, il n'effacera pas la suspicion à l'égard de celle qui a été exclue de la course des Mondiaux pour des raisons de santé à la suite de deux tests sanguins ayant révélé un taux d'hématocrite supérieur à une limite de 47 % fixée par l'UCI en 1997.
Un taux d'hématocrite (pourcentage de globules dans le sang) dépassant la limite entraîne automatiquement le prélèvement d'un échantillon d'urine pour déterminer si l'athlète a pris ou non de l'EPO exogène (l'organisme humain en produit une certaine quantité naturellement).
Selon les spécialistes de la question, l'EPO dans l'urine n'est détectable que pendant de deux à quatre jours après la dernière prise, alors que l'effet sur les performances peut durer de une à trois semaines après l'arrêt du traitement.
Quelques heures après son exclusion des Mondiaux, Jeanson avait affirmé que son taux d'hématocrite élevé s'expliquait par le fait qu'elle dormait dans une tente hypoxique depuis 1998. Une méthode d'entraînement tout à fait légale qui simule les conditions en altitude où l'oxygène est raréfié. Les utilisateurs, en majorité des athlètes de sports d'endurance, et les fabricants estiment que la tente hypoxique stimule la production de globules rouges qui servent au transport de l'oxygène aux muscles.
À Hamilton, Jeanson a refusé de dévoiler son taux d'hématocrite, comme elle en avait le droit. De sources concordantes, on a néanmoins appris que ce taux dépassait très largement la limite autorisée. Or, selon quelques spécialistes interrogés par La Presse dans les jours suivants, l'utilisation conforme d'une tente hypoxique n'entraînerait pas de variations dramatiques du taux d'hématocrite, du moins pas à des niveaux dépassant de manière marquée la limite de l'UCI. Cependant, il a été impossible de mettre la main sur une étude scientifique crédible portant sur la question, les médecins supervisant ce type de méthode d'entraînement gardant jalousement leurs données.
Quoi qu'il en soit, Jeanson, cinquième du contre-la-montre individuel à Hamilton, soit le meilleur résultat canadien toutes catégories confondues, devra encore patienter avant de récupérer sa licence de coureuse de l'UCI. La cycliste de Lachine devra en effet subir un autre examen sanguin prouvant que son taux d'hématocrite est redescendu sous la limite autorisée. Ce test peut se faire au minimum 15 jours après les premiers examens ayant entraîné une exclusion, soit le 26 octobre dans le cas de Jeanson, qui terminait toutefois sa saison à Hamilton.
- Avec l'AFP
page mise en ligne le 24 octobre 2003 par SVP