14 octobre 2003

Gilles Gougeon : (...) Pour l'instant, tout le monde s'interroge sur l'impact de l'utilisation de la fameuse tente spéciale dans laquelle les athlètes dorment comme s'ils étaient en altitude. C'est légal et ça permet une augmentation virtuelle de leur performance. Michel Jean pousse plus loin l'enquête sur cette tente appelée hypoxique.

Michel Jean : Repousser les limites de son corps constitue l'objectif de tous les athlètes. Geneviève Jeanson utilise une tente comme celle-ci pour y arriver.

L'appareil recrée l'atmosphère en altitude et favorise en principe l'augmentation du nombre de globules rouges qui mènent l'oxygène aux muscles.

Mathieu Toulouse est l'un des meilleurs cyclistes de montagne canadiens sur le circuit de la Coupe du monde. Il a essayé à deux reprises la tente hypoxique, sans grand résultat.

Est-ce que ça a augmenté de façon importante votre taux de globules rouges, le taux d'hématocrite ?

Mathieu Toulouse : Non. Je suis allé passer un test la deuxième fois, après mon deuxième séjour dans la tente et j'avais une augmentation mais très faible du taux d'hématocrite. Même pas un point !

Michel Jean : Il est loin d'être le seul.

Côme Desrochers est l'un des entraîneurs canadiens qui a le plus travaillé avec la tente hypoxique, qu'il a testé sur de nombreux athlètes depuis deux ans.

Côme Desrochers (directeur du Centre d'excellence en biathlton, Forces canadiennes) : Tous les protocoles que j'ai utilisés, avec autant les hommes que les femmes, j'ai approché la limite supérieure mais je n'ai jamais été capable de la dépasser.

Michel Jean : Plusieurs de ces athlètes ont renoncé à la tente, faute de résultats. Pour la plupart, l'augmentation du taux d'hématocrite était minime, voire inexistant. Une seule athlète a obtenu une hausse significative de 6 %.

Côme Desrochers : Il y a une de mes athlètes qui a très bien répondu au niveau de l'augmentation du taux d'hématocrite et de l'hémoglobine. Et suite à ça elle a obtenu de très bonnes performances en altitude. Est-ce que c'est directement lié à ça ? Je ne le sais pas.

Michel Jean : Une étude réalisée par des chercheurs de l'Université Laval porte un jugement encore plus dur. Aucun des athlètes qui y ont participé n'ont vu de hausse de leur taux d'hématocrite après avoir utilisé la tente hypoxique.

Est-ce que la tente hypoxique, à votre avis, peut avoir permis à Geneviève Jeanson d'augmenter de façon importante...

Marcel R. Boulay (chercheur, département de kinésiologie, Université Laval) : Je suis sceptique. Je suis très sceptique.

Michel Jean : Bien peu de gens pensent en réalité que la tente peut expliquer le taux élevé chez Geneviève Jeanson. Même un résultat négatif aux tests d'urine qui doivent être rendus public cette semaine risquent de ne pas dissiper tous les doutes. Car ces tests sont loin d'être sûrs à 100 %. En fait, pour Geneviève Jeanson, la meilleure solution serait de prouver que son taux d'hématocrite naturel est élevé, proche des valeurs qui lui ont valu une interdiction de courir cette semaine. Ce qu'elle a refusé de faire jusqu'à présent.

Pour visionner le reportage.


À lire également :
- L'entraînement en altitude : une réflexion sur l'utilité des tentes hypoxiques, Côme Desrochers, directeur du Centre d'excellence en biathlton, Forces canadiennes
- Hematocrit in Athletes - State Of The Art, Dr Michele Ferrari

page mise en ligne le 15 octobre 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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