Céline Galipeau : Le test d'urine donc blanchit Geneviève Jeanson mais Radio-Canada a appris que le taux d'hématocrite révélé par la prise de sang était largement au dessus de la limite autorisée. Voici ce que Michel Jean a obtenu, en collaboration avec nos collègues de la radio.
Michel Jean : Le test d'urine négatif n'a permis de trouver aucune trace de produit dopant mais il n'a pas non plus effacé les soupçons qui pèsent sur Geneviève Jeanson.
Radio-Canada a appris que l'échantillon de sang prélevé lors des Championnats du monde à Hamilton il y a deux semaines présente un taux d'hématocrite largement au dessus de la limite permise de 47 % pour les femmes.
En fait, selon plusieurs sources, le taux d'hématocrite de Geneviève Jeanson était d'au moins 52%.
L'hématocrite c'est la concentration des précieux globules rouges qui transportent l'oxygène vers les muscles. Mais au delà de 47%, le sang trop épais peut provoquer une trombose. C'est pour cette raison que l'Union cycliste internationale a refusé que Geneviève Jeanson prenne le départ de la course quelques jours seulement après l'épreuve du contre-la-montre où elle a terminé cinquième.
L'athlète de Lachine a expliqué son dépassement du taux d'hématocrite par l'utilisation d'une tente hypoxique qui recrée les effets de l'altitude et favoriserait la production de globules rouges.
Mais l'efficacité réelle de ce type d'appareil est remise en question par une étude de l'Université Laval à Québec. Des chercheurs en fait n'ont observé aucune hausse significative du taux d'hématocrite chez les athlètes soumis à la tente hypoxique, encore moins un dépassement des limites permises.
Michel Jean : Est-ce que la tente hypoxique, à votre avis, peut avoir permis à Geneviève Jeanson d'augmenter de façon importante...
Marcel Boulay (professeur, Université Laval) : Je suis sceptique. Je suis très sceptique.
Michel Jean : L'hématologue suisse Pierre-Antonio Pilotto ne voit que deux explications à un taux d'hématocrite d'au moins 52 % chez une femme : soit elle souffre de leucémie, soit elle utilise des méthodes interdites.
Pierre-Antonio Pilotto : Si on se pose la question du diagnostic, il y a un diagnostic à poser. Soit la personne souffre d'une maladie, soit elle se fait monter son hématocrite d'une autre façon, avec de l'érythropoïétine, avec des transfusions sanguines.
Michel Jean : Marc Lemay, du Comité canadien de l'éthique dans le sport, ne croit pas lui non plus qu'un taux d'au moins 52 % puisse s'expliquer par l'utilisation d'une tente hypoxique. Selon lui, Geneviève Jeanson est maintenant une athlète marquée.
Marc Lemay : En fonction des Jeux olympiques d'Athènes 2004, elle sera sûrement plus surveillée que plusieurs autres athlètes de haut niveau de catégorie féminine, c'est certain.
Michel Jean : Quand nous avons contacté Rona, le principal commanditaire de Geneviève Jeanson, on nous a dit que la compagnie maintenait son appui tant que l'athlète respecte les règles de l'Union cycliste internationale.
Geneviève Jeanson, en vacances à l'étranger, a dit par voie de communiqué qu'elle n'était ni surprise ni soulagée par le résultat négatif du test d'urine. Elle réaffirme n'avoir jamais pris de substance interdite et a toujours refusé de dévoiler son taux d'hématocrite comme le lui permet le règlement de l'Union cycliste internationale.
page mise en ligne le 24 octobre 2003 par SVP