Serge Dessureault
accro de la forme physique exceptionnelle
Serge Dessureault est dans une forme exceptionnelle, mais ce n'est pas sa faute. «Je suis accro, dit-il. Je suis incapable de me passer d'activité physique intense !»
«C'est une vraie drogue», affime le pompier-araignée de la caserne 25, rue Drummond, au centre-ville de Montréal.
«Après chaque grande épreuve comme le Marathon des Sables, je me dis que c'est assez, que j'arrête, mais je tombe invariablement en manque peu après», ajoute-t-il.
Le Marathon des Sables est une course à pied et en autonomie alimentaire d'une distance de 230 kilomètres et d'une durée de huit jours dans le Sahara marocain.
Une épreuve pour maniaques, donc sur mesure pour Dessureault qui l'a courue à deux reprises. Il a terminé au 48e rang parmi les quelque 600 concurrents inscrits à la 18e présentation, en avril dernier. Il en est aussi revenu avec une bactérie mangeuse de chair, mais il en aurait fallu bien plus pour le terrasser...
Une passion
On serait porté à croire que sa profession pousse cet homme de 39 ans à entretenir une forme physique exceptionnelle, mais il serait aussi en top shape s'il était journaliste ou dentiste.
«J'ai fait du vélo de compétition jusqu'à l'âge de 16 ans et j'ai fait partie de l'équipe canadienne de relève, en lutte olympique, mais ma grande passion a toujours été la course à pied», raconte-t-il.
Originaire de Saint-Michel-des-Saints, Dessureault avait 13 ans quand il a appris à la télé qu'un marathon international serait présenté à Montréal.
«J'ai décidé sur-le-champ d'y participer, affirme-t-il. J'ai fini en trois heures et 36 minutes. J'en ai couru une douzaine par la suite. J'avais 30 ans quand j'ai enregistré mon meilleur résultat, un chrono de deux heures et 38 minutes. »
Dessureault est diplômé en éducation physique de l'Université de Montréal, mais son besoin continuel de dépassement de soi n'y est pas rattaché, bien au contraire.
«À cette époque-là, j'avais lâché le sport organisé à cause d'une blessure et j'avais de la difficulté à gérer le stress des compétitions où je ne gagnais pas, avoue-t-il. Pendant mon bac, j'avais une blonde, j'étais sur le party, ma vie sociale était bien remplie...»
Déclic chez les pompiers
Le déclic s'est produit plus tard, à l'appel de sa vocation.
«Les étés à Saint-Michel, je travaillais comme pompier volontaire sur les feux de forêt, explique-t-il. J'adorais ce travail. Une fois mon bac complété, je me suis inscrit immédiatement à l'École nationale des pompiers de Laval».
Devenu professionnel en juillet 1990, il a appris l'existence des Jeux mondiaux des pompiers et a attrapé la piqure des défis physiques.
Les demi-mesures n'existent pas pour Dessureault qui, au cours de la dernière décennie, a rempli sa feuille de route avec une demi-douzaine de Jeux mondiaux des pompiers et policiers, un Eco Challenge en Patagonie, deux Marathons des Sables, en plus de quelques apparitions à la télé à des émissions comme Fort Boyard et Les Forges du désert.
Dessureault vient de passer la semaine à Buenos Aires après avoir été sélectionné pour être un des 42 participants québécois à l'émission Facteur de risques (pendant du Fear Factor américain) qui sera diffusée sur les ondes de TVA, le printemps prochain.
Dans un mois, il sera au Costa Rica pour prendre part à la Ruta de los Conquistadores, une épreuve de vélo de montagne considérée comme la plus difficile du monde.
Avant de prendre sa retraite, Dessureault veut compléter son parcours d'épreuves extrêmes en embarquant dans un canot pour vivre la réputée Yukon River Quest.
« J'aurai fait les épreuves les plus exigeantes du monde dans trois sports différents, explique-t-il. Je me serai fait plaisir en masse.
Complicité et passion partagée par sa conjointe
Marie-Josée Normand a 38 ans, est mère de deux petites filles et conjointe d'un vrai héros ordinaire, Serge Dessureault. Par ses paroles, elle rappelle le credo de tous les gens qui se tiennent en forme: «Si tu le veux vraiment, tu peux te dépasser et en venir à faire de grandes choses.»
Sportive et diplômée en éducation physique de l'Université de Montréal elle a couru son premier marathon au dernier Festival de la Santé, enregistrant un chrono de quatre heures et 30 minutes.
Cependant, l'entraînement physique, elle le vit d'abord par l'entremise d'horaires serrés et d'une organisation de vie familiale très planifiée pour que son conjoint puisse vivre à fond son rêve de défis extrêmes.
«C'est lourd parfois, mais je préfère, et de loin, le Serge qui s'entraîne au gars désoeuvré qui ne sait pas quoi faire de son corps, qui s'écrase dans le sous-sol à regarder la télé, qui n'a plus les yeux pétillants et qui manque d'énergie», explique Marie-Josée.
La conjointe ou le conjoint d'un maniaque de la forme physique doit toujours payer un prix, mais rares sont ceux ou celles qui voient les choses sous cet angle restrictif.
«Je l'aime au boutte, ce gars-là, dit Marie-Josée. C'est l'homme que j'aime le plus au monde. Je ne me sens donc pas le droit de lui enlever ses plus beaux rêves. Il y a des femmes qui me trouvent folle ou très soumise parce que j'accepte ce genre de vie, mais je pense qu'elles n'ont aucune idée des bienfaits du sport, de l'importance de vivre et laisser vivre une passion.»
Décider de devenir en forme ou de le rester passe d'abord par une motivation très forte. Il faut ensuite être capable de le faire vivre au milieu de toutes les exigences professionnelles, conjugales et familiales. Certains réussissent très bien. Ils ont des secrets qu'ils sont toujours prêts à partager, comme dans le cas de Serge et Marie-Josée, et comme dans ceux de quatre autres Québécois que nous vous présenterons samedi prochain.
«Il faut se dire qu'on n'est pas ensemble seulement pour le court terme et que ce sera du donnant, donnant sur un terme plus long, souligne Marie-Josée. On a fait de beaux voyages pour accompagner Serge dans ses aventures et lui nous fournit un exemple de quelqu'un qui n'a pas peur de travailler très fort pour arriver à ses buts.»
Les chercheurs ne s'entendent pas sur la pertinence de proposer des modèles aux gens qui veulent se mettre en forme.
«On risque de les décourager, car ils peuvent trouver la marche trop haute en voyant leurs exploits», disent-ils.
Cependant, c'est en parlant de la passion qui les anime, de l'appui qu'ils reçoivent de leur entourage et des bienfaits que cette vie en forme leur apporte qu'on pourra en encourager d'autres à suivre leurs traces.
«Tout le monde sort gagnant d'une vie familiale axée sur l'activité physique et le sport», conclut Marie-Josée Normand.
Les conditions requises pour maintenir une forme exceptionnelle |
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Chercher à se dépasser, à repousser plus loin ses limites physiques, n'est pas un mode de vie qui doit être la chasse gardée des athlètes, des adeptes du sport organisé. Au contraire. Incorporer un tel modus vivendi dans une vie déjà bien remplie par les exigences professionnelles, familiales et conjugales représente un gros défi, mais le relever peut devenir la clé de voûte d'une vie plus longue, plus saine et plus équilibrée. À une époque où le bilan de santé de la population québécoise est alarmant, où l'obésité gagne sans cesse du terrain et où une majorité de jeunes est rivée à la télé, à l'ordinateur ou aux deux à la fois, viser une bonne forme physique est un objectif impératif pour les gens de tous les âges. Par respect pour la vie. Pour rehausser une qualité de vie en érosion constante face aux coups de boutoir d'une sédentarité si caractéristique de notre société du IIIe millénaire. Il faut renouer avec le plaisir d'être en bonne condition physique, vouloir être «En forme pour la vie!», comme le fait si bien ressortir un slogan commercial. Pour vous faciliter la... vie, Le Journal de Montréal entre de plain-pied dans l'univers du sport populaire, des activités physiques pour tout le monde. Chaque semaine, la chronique Dépasse-toi ! proposera soit des portraits de héros qui sont aussi des gens ordinaires, soit des suggestions de sorties accrocheuses, soit des reportages sur des endroits emballants pour se lâcher lousse et des descriptions d'événements de masse où partager son enthousiasme pour la dépense de calories. Comme charité bien ordonnée commence par soi-même, il n'est pas question pour l'auteur de ces lignes de se contenter d'observer depuis les lignes de côté, puisqu'il entend bien plonger, lui aussi, dans la mêlée pour en sortir en grande forme. Pour la vie.
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page mise en ligne le 18 octobre 2003 par SVP