6 septembre 2003

Le haut de gamme
réussit bien à
Cycles Devinci

SAGUENAY -Au Saguenay, Félix Gauthier a une réputation enviable. Parti de presque rien, il a réussi à faire de Devinci une marque renommée pour les mordus de vélo.

Valérie Dufour

Cycles Devinci a été fondée en 1987 par deux diplômés en design industriel et en génie mécanique, fondateurs qui ont quitté le bateau depuis. Au départ, l'entreprise fabriquait des cadres pour d'autres manufacturiers qui apposaient ensuite leur propre logo.

Félix Gauthier a fait son entrée à l'automne 1990, sa formation en administration et sa passion pour le vélo dans sa besace. Il était alors dans la mi-vingtaine et voulait relever un nouveau défi.

À l'époque, la jeune entreprise était en crise : on venait de se rendre compte qu'on avait fabriqué 800 cadres en aluminium défectueux. Que faire pour se sortir de ce bourbier financier ?

« Il nous manquait une étape cruciale dans la fabrication des cadres d'aluminium, soit le traitement thermique. Cette erreur faisait que nos cadres cassaient », explique au Journal de Montréal le président de Devinci, Félix Gauthier, âgé de 39 ans.

Restructurer la chaîne de fabrication
Il lui a donc fallu restructurer la chaîne de fabrication pour y inclure ce procédé. Il a fallu ensuite retracer les clients lésés pour remplacer ou réparer le cadre de leur vélo.

« On n'est pas parti de zéro, on est parti de moins 40. J'avais plus de cadres qui entraient à l'usine que de cadres qui en sortaient. C'est seulement à partir de 1998 que j'ai commencé à monter un réseau de distribution au Québec. »

Et l'opération a fonctionné lentement, mais sûrement. Depuis qu'il est président, le chiffre d'affaires de Devinci est passé de 40 000 $ à 7,5 M$. L'entreprise emploie 45 personnes et vend 10 000 vélos par année.

40 % des ventes au Québec
La compagnie réalise 40 % de ses ventes de vélos de route et de montagne au Québec. La moitié de ses vélos trouvent preneurs dans les autres provinces et 10 % sont vendus à l'étranger. À titre indicatif, Devinci est présent dans 18 États américains.

« Notre berceau reste le Québec, mais on fait des percées ailleurs. Si j'avais le même appui aux États-Unis ou en Ontario, je viendrais travailler en hélicoptères, glisse-t-il à la blague.

Devinci se spécialise dans les vélos haut de gamme tout comme ses concurrents Trek, Specialized, GT et Giant. « On ne peut pas aller vraiment en bas de 600 $, car nous utilisons des composantes qui sont aussi bonnes que les cadres que nous fabriquons. »

Et leur clientèle est composée de mordus de ce véhicule à deux roues. « On recherche ceux qui font du vélo comme principal sport », dit-il.

Mais encore faut-il que le nom de Devinci circule. « Ce qui manque chez nous, c'est le marketing, admet Félix Gauthier. On fait de bons vélos, mais on est peut-être trop humbles pour le dire. »

Intégrité et rigueur, les
ingrédients du succès

Intégrité et rigueur, tels sont les deux ingrédients du succès de Devinci, selon son président.

« On conçoit nos vélos de A à Z. Notre philosophie est de mettre des pièces de qualité qui sont très fiables », indique Félix Gauthier. Il est convaincu que la meilleure façon de fidéliser ses clients est d'honorer sa garantie et d'offrir un bon rapport qualité-prix.

« On ne va pas mettre un bon dérailleur et compenser en installant des moyeux douteux, ajoute M. Gauthier. C'est en trichant que des fabricants peuvent vendre leurs vélos moins cher. »

Mais ce n'est pas facile de se maintenir dans le coup quand ses principaux concurrents s'approvisionnent à l'étranger à moindre coût, admet-il.

La plupart des fabricants de vélos de haute gamme tels Trek, Giant et Specialized achètent leurs cadres en aluminium en Chine ou ailleurs en Asie. Ils se les procurent ainsi pour 25 $ US (environ 35 $), ce qui coûte 125 $ à fabriquer à Devinci.

« Tous nos concurrents américains font faire leurs vélos en Asie. Même Trek n'a que 25 % de sa production aux États-Unis », souligne Félix Gauthier.

« Malgré tout, on réussit à sortir des vélos dont le prix est compétitif. Ce qui nous sauve, c'est que les gros se prennent des marges de profit plus intéressantes que nous », ajoute-t-il.

Son cheminement

1987 : Création de Cycles Devinci.
1990 : Félix Gauthier devient président-directeur général alors que le chiffre d'affaires est de 40 000 $ par année.
1993 : Mise en place d'un réseau de détaillants au Québec.
1993-2000 : Percée sur le marché ontarien et dans l'ouest canadien.
2001 : Déménagement dans une usine plus grande du parc industriel de Chicoutimi.
2002 : Conception du vélo instrumenté, une innovation technologique permettant de fabriquer des vélos plus légers et plus résistants.
2002 : Le chiffre d'affaires atteint 7,5 M$.

Les défis
de Félix Gauthier

• Mettre l'accent sur le marketing pour faire connaître la marque
• Développer un réseau de détaillants pancanadien et américain
• Fabriquer des vélos plus légers et plus durables
• Continuer à offrir des produits de haute qualité à un prix compétitif


page mise en ligne le 6 septembre 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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