Quelques semaines après avoir admis sa culpabilité à 14 chefs d'accusation pour avoir prescrit et administré de manière inappropriée de l'EPO, une substance dopante interdite, le docteur Maurice Duquette a changé d'avocat.
En décembre, le Dr Duquette, un orthopédiste montréalais, a remercié Me Jean-François Lepage, qui le représentait depuis le début de l'affaire, pour le remplacer par Me Guy Cournoyer, un réputé criminaliste montréalais du cabinet Shadley Battista.
Est-ce le signe d'un changement de stratégie pour le Dr Duquette, qui comptait la cycliste Geneviève Jeanson parmi ses patients? « Je n'ai pas l'habitude de plaider mes dossiers dans les médias. Je n'ai pas de commentaires à faire », s'est contenté de dire Me Cournoyer lorsque joint à son bureau, hier après-midi.
Le 10 novembre, le Dr Duquette, alors représenté par Me Lepage, avait plaidé coupable à 14 chefs d'accusation devant le comité de discipline du Collège des médecins, dont celui d'avoir omis d'inscrire au dossier de Jeanson l'administration d'une dose d'Éprex, une des appellations commerciales de l'érythropoïétine (EPO), une substance dopante interdite par l'Union cycliste internationale. Le lendemain, dans une volte-face spectaculaire dans les circonstances, le Dr Duquette était revenu sur ses aveux à l'insu de son premier avocat dans une lettre envoyée à Jeanson où il soutenait ne pas lui avoir « prescrit ou donné d'Éprex ».
À ce moment, le nom de Jeanson ne pouvait être divulgué dans les médias en raison d'une ordonnance de non-publication demandée par la principale intéressée. Une semaine plus tard toutefois, Jeanson avait crevé l'abcès en tenant une conférence de presse où elle clamait son innocence.
Il faudra patienter jusqu'au 22 mars, date de la prochaine audience devant le comité de discipline du Collège, pour connaître l'allure que prendra cette affaire. Me Jacques Prévost, procureur du syndic, y dévoilera sa preuve en vue de la sanction. Ce dernier soutient détenir des preuves à l'effet que Jeanson aurait reçu de l'EPO « plus d'une fois ». À l'origine, Me Prévost et Me Lepage s'étaient entendus pour recommander une radiation temporaire de quatre mois et une limitation temporaire de la pratique de certaines activités médicales, notamment dans des gymnases. Cela tiendra-t-il avec le nouvel avocat ?
Comité d'enquête
Dans un autre ordre d'idées, Jeanson a comparu le 18 décembre devant un comité mis sur pied conjointement par la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC) et l'Association cycliste canadienne (ACC). Le mandat du comité est de faire la lumière sur son exclusion de la course sur route des Championnats du monde de cyclisme de Hamilton en raison d'un taux d'hématocrite trop élevé.
Jeanson a dû répondre aux questions d'un panel formé d'un expert de la FQSC, un expert de l'ACC, un médecin et un physiologiste. Le comité produira un rapport qui, « en principe, doit être rendu public » a indiqué Louis Barbeau, directeur général de la FQSC.
Le comité n'est pas disciplinaire et vise seulement à tirer au clair ce qui s'est produit à Hamilton afin qu'un tel événement ne se reproduise plus pour un cycliste canadien. « Si les réponses ne sont pas satisfaisantes ou que les éléments évoqués (par Jeanson) ne sont pas suffisamment sérieux, on prendra les actions qui s'imposent le moment venu. Le dossier n'est pas clos », a cependant précisé M. Barbeau, dont l'organisme suivra avec attention les prochaines audiences concernant le Dr Duquette au comité de discipline du Collège des médecins.
Par ailleurs, Jeanson est toujours à l'entraînement en Arizona en prévision de la première course de la saison, la Valley of the Sun, qui se déroulera du 13 au 15 février dans la région de Phoenix. La cycliste de l'équipe Rona ira ensuite défendre son titre à la classique Redlands, du 23 au 28 mars, en Californie.
page mise en ligne le 4 février 2004 par SVP