On a souvent dit qu'on reconnaissait les grands athlètes à leur capacité à gérer la pression lors des moments cruciaux.
Samedi dernier, en portant son attaque à la toute fin d'un parcours éreintant sur le mont Royal, la jeune cycliste Geneviève Jeanson a prouvé à beaucoup de monde qu'elle avait du nerf, beaucoup de nerf !
Après les événements des journées précédentes - dévoilement du fait qu'elle avait oublié de se présenter à un contrôle antidopage en Belgique -, elle s'est présentée à cette manche de la Coupe du monde de cyclisme féminin de Montréal avec une tonne depression supplémentaire sur les épaules.
Dans des conditions normales, gagner en cyclisme exige énormément de la part des athlètes, imaginez un seul instant si vous ajoutez la pression d'une situation aussi importante dans la carrière d'une jeune athlète surtout que les plaies de l'affaire précédente à Hamilton sont loin d'être guéries et encore moins oubliées.
Dès que les journalistes ont pu s'approcher d'elle après cette mémorable victoire, elle n'a pas hésité à reconnaître : « Je n'ai jamais couru sous une telle pression... Je ne peux pas croire que j'ai gagné. »
Effort surhumain
Aucun doute, elle a eu besoin d'un effort surhumain pour réussir cet exploit.
Au lieu de baisser les bras, elle a relevé la tête, ce qui lui a valu un concert d'éloges et d'admiration.
« Étant donné ce qu'elle a dû traverser, le fait qu'elle ait abouti sur le podium est impressionnant. C'est la marque d'une championne », a reconnu Curt Harnett, le président du comité de sélection de l'Association cycliste canadienne pour les Jeux olympiques d'Athènes.
Évidemment, Geneviève Jeanson a disputé cette course avec la rage au coeur, celle qui fouette lorsqu'on veut démontrer à tous qu'on ne sera pas une proie facile à écraser ni à dévorer.
Il ne faut pas se le cacher, ses ennuis ont fait sourire ses adversaires, notamment sa grande adversaire Lyne Bessette; celle-là même qui n'a pu résister à la poussée tardive de Geneviève.
Cette dernière n'a pas raté l'occasion de retourner quelques flèches empoisonnées en déclarant : « C'est un soulagement. Il y a des choses que je ne dirai pas parce que je serais méchante... »
Fallait pas être devin pour comprendre qui elle visait avec un tel commentaire.
Restera à savoir quel sera l'avenir immédiat de Jeanson. Sera-t-elle ou non autorisée à participer aux prochains Jeux ?
Difficile à dire, mais si on lui en donne la chance, elle sera une rivale de taille pour toutes les autres cyclistes de la planète, car ce n'est pas la pression de ces Jeux qui vont la ralentir. Au contraire, on va la revoir avec de la dynamite dans les yeux.
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