17 juin 2004

Brozyna fait la loi

SAINT-JOSEPH-DE-BEAUCE - Sur papier, Tomasz Brozyna devait être considéré comme le coureur le plus fort du peloton avant le début du Grand Prix cycliste de Beauce. Hier, le Polonais de 33 ans a démontré qu'il avait les jambes pour soutenir sa réputation, remportant la deuxième étape à Saint-Joseph-de-Beauce pour ainsi s'emparer du maillot jaune de leader.

Au terme d'une éreintante épreuve de 180 kilomètres, qui a annihilé les ambitions de plusieurs coureurs, Brozyna (Action-ATI) a franchi seul le fil d'arrivée, devançant de 13 secondes le Biélorusse Victor Rapinski (Navigators) et son compatriote Radoslaw Romanik (Hoop CCC-Polsat).

Brozyna a placé son coup gagnant dans le dernier raidillon de la journée, à quelque 2 km de l'arrivée. Rapinski et l'Américain Scott Moninger (Health Net), un autre favori, n'ont pu s'accrocher.

« Ce matin, on a étudié le circuit final et on savait que c'était le bon endroit pour attaquer », a expliqué Piotr Kosmala, directeur sportif de Action-ATI, qui se réjouissait pour son commanditaire ATI, un fabricant canadien de cartes graphiques pour ordinateurs. « On va maintenant devoir défendre le maillot de leader et on se sent très confortable dans cette position, a ajouté Kosmola. On aime bien les parcours accidentés de ce tour. »

Détenant une priorité de 20 secondes sur Rapinski et Romanik, Brozyna a une feuille de route qui parle d'elle-même. Ancien de chez US Postal et Banesto, il a participé aux trois grands tours, se classant 22e du Tour de France en 2001. L'ancien champion polonais sur route a aussi fini 10e du Tour de Suisse en 2003.

Perras bien placé
De son côté, le Québécois Dominique Perras a connu une excellente journée, prenant le neuvième rang de l'étape, à 37 secondes du gagnant. Avec Alexandre Nadeau, Perras est le seul Canadien qui a pu s'insérer dans un groupe de 17 coureurs parti en échappée dès la première ascension, vers le 19e km. Nadeau (Volkswagen) a cependant perdu le contact avec le groupe à une quarantaine de kilomètres du finish.

« C'était clair que ça allait rouler vraiment vite dans cette montée, a raconté Perras, qui se félicitait d'avoir vu venir le coup. C'est souvent ce qui passe dans un tour comme celui-là : si la première journée a été tranquille, le lendemain, c'est la guerre dès le début. J'avais donc décidé de tout couvrir dès les premiers kilomètres. »

« Je suis un peu déçu de ce qui s'est passé dans la dernière montée, mais pour le général, c'est bon », a ajouté le champion canadien sur route, qui pointe à 50 secondes de la tête.

Qualifié pour les Jeux olympiques d'Athènes, Perras est maintenant le seul Canadien en Beauce à pouvoir conserver des ambitions pour le général. C'est que le peloton a franchi le fil plus de 17 minutes après le vainqueur. Parmi le peloton, l'ex-détenteur du maillot jaune, le Cubain Ivan Dominguez. Ses coéquipiers de Colavita n'ont jamais pu refermer l'écart de deux à trois minutes qui les séparait du groupe de tête pendant la majeure partie de la journée.

AUJOURD'HUI - Une autre - longue - étape de 180 kilomètres, une boucle autour de Lac-Etchemin, avec plusieurs ascensions importantes. On présume que le maillot jaune Brozyna pourra compter autant sur l'aide de son équipe Action-ATI que de ses compatriotes et anciens coéquipiers chez Hoop CCC-Polsat.

100 BORNES

Dionne : «Une erreur»
Charles Dionne a raté le coche et doit maintenant faire une croix sur son désir de bien faire au classement général. Le cycliste de Saint-Rédempteur s'est en effet classé 26e de l'étape d'hier, à 17m36 du gagnant. Après sa belle deuxième place de la veille, Dionne s'en voulait de ne pas avoir pu se glisser dans l'échappée qui s'est formée lors de la première montée de la journée. Il admet avoir été surpris. « Pour être spécial, c'est spécial. Quand le groupe s'est formé, je voyais autour de moi le maillot jaune (Ivan Dominguez), ses coéquipiers de Colavita et Mark Walters. Je ne m'en suis pas trop fait. Mais quand j'ai vu l'écart se creuser, je suis devenu un peu plus soucieux. Ça a été une erreur de ma part », a narré Dionne après la course. « Maintenant, on oublie ça pour le général. Je vais essayer d'y aller le plus possible pour le podium. »

Le héros du jour
Victor Rapinski est tout un costaud. Hier, le Biélorusse est le seul coureur à avoir pu s'extirper du peloton pour rattraper le groupe de tête de 17 coureurs. En une dizaine de kilomètres seulement, il a effacé un écart d'une minute et 40 secondes. Malgré cet effort colossal, celui qui célèbre son 23e anniversaire aujourd'hui en avait encore assez en réserve pour se classer deuxième de l'étape.

Haut-parleurs
Le passage du peloton dans les villages de la Beauce se fait dans un relatif anonymat. Hier, un citoyen de Saint-Séverin a toutefois souligné l'arrivée des cyclistes à sa façon en installant deux gros haut-parleurs sur son perron. Sa sélection musicale ? « Eye of the Tiger », le classique de Rocky II, bien sûr. Ouf...

Flèche à Jeanson
La clémence accordée à Geneviève Jeanson par le panel d'arbitrage de l'Agence antidopage américaine ne fait pas l'affaire de tous. Dans une lettre publiée sur le populaire site internet velonews.com, la cycliste canadienne Anne Samplonius tourne la décision en dérision. « J'ai suivi ça avec beaucoup d'intérêt, attendant patiemment le résultat, et vous m'avez accordé, à moi et autres cyclistes féminines, un « bon de sortie de prison » ! Maintenant, moi aussi je peux rater le test antidopage de mon choix et m'en tirer avec seulement un avertissement et une amende. Cela ouvre mes perspectives d'avenir dans le cyclisme ! », écrit-elle dans sa lettre en provenance de Montréal. De l'avis de Samplonius, Jeanson bénéficie d'un traitement de faveur uniquement parce qu'elle est une « superstar ».


page mise en ligne le 17 juin 2004 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
Qui sur SVP?