Dionne triomphe et pense à Athènes
Virtuellement écarté de la bagarre au classement général, Charles Dionne n'avait plus qu'une façon de faire sa marque en prévision de la sélection olympique : gagner.
Voilà exactement ce que l'athlète de Saint-Rédempteur a réussi, hier après-midi, remportant en solo la troisième étape du Grand Prix cycliste de Beauce, présentée à Lac-Etchemin.
À l'arrivée, tout le monde a pu entendre Dionne, les deux bras dans les airs, lâcher un tonitruant « Yeeaahhh ! » quelques secondes avant de confirmer la première victoire de sa carrière en Beauce. Aux yeux du gagnant, ce succès lui assure une sélection pour les Jeux d'Athènes.
« L'an dernier, j'ai tourné autour du pot. Là, je viens de gagner de la plus belle des façons, chez moi, dans une course internationale. Le message ne peut pas être plus gros que ça. Sinon, je ne sais pas ce que ça va prendre pour montrer que j'ai la forme. Ça fait longtemps que j'attendais ça. Vous ne pouvez pas savoir la satisfaction que ça me procure », a déclaré un Dionne aux anges quelques secondes après sa victoire, qui n'a pas été sans susciter la controverse.
D'abord reconnu pour ses qualités de sprinter, Dionne, 25 ans, l'a emporté à la manière d'un rouleur sur ce parcours de 180 kilomètres passablement accidenté. Le Québécois s'est détaché d'un groupe de quatre coureurs en plaçant une attaque dans la dernière difficulté de la journée, à cinq kilomètres du finish. Il a laissé sur place le dangereux Gord Fraser et le Bulgare Plamen Stoyanov, respectivement troisième et quatrième de l'étape (+36 secondes).
Seul le Kazakh Kairat Baigudinov a pu rejoindre Dionne, qui l'attendait toutefois dans le détour à Lac-Etchemin. « Quand j'ai attaqué, je souhaitais avant tout me débarrasser de Fraser. Je pensais finir en solo, mais le Kazakh est revenu. Je ne me suis pas fait avoir parce que j'avais déjà été voir l'arrivée, différente de l'an dernier. Je connaissais la petite bosse avant le final. Je l'attendais. Je me disais : Mon câline, je vais mourir avant de t'amener à l'arrivée... » a relaté Dionne, qui a finalement gagné par trois secondes.
La victoire de Dionne s'est dessinée dès le 16e kilomètre, alors qu'un groupe de 13 coureurs s'est formé et a obtenu son bon de sortie. À bord, les Canadiens Dionne, Fraser, Eric Wohlberg et Mark Walters, mais aucun coureur représentant une menace pour le maillot jaune Tomasz Brozyna, de l'équipe polonaise Action Ati.
Les coéquipiers de ce dernier ont contrôlé le peloton pendant toute la journée, avant de franchir le fil à 9,19 min du vainqueur.
Chaque coureur du groupe de tête a mis l'épaule à la roue pour se donner une avance maximale de neuf minutes. Les hostilités ont été déclenchées à quelque 40 kilomètres du fil, en arrivant dans la côte de Sainte-Justine. Au jeu des attaques et contre-attaques, c'est finalement Dionne, Fraser, Stoyanov et Baigudinov qui ont gagné. Le Québécois s'est toutefois réservé le bouquet final.
De son côté, Fraser a admis qu'il n'avait plus les jambes pour répondre à l'attaque de Dionne. Peu importe le dénouement d'hier, l'as sprinter de 35 ans demeure convaincu qu'il a sa place à Athènes.
« Je crois que j'ai démontré de la versatilité. J'en aurai beaucoup plus dans le réservoir dans quelques semaines. Vous pouvez écrire ce que vous voulez, je n'ai pas besoin de dire aux gens : J'ai fait ça, je mérite donc ma place dans l'équipe olympique, a lancé Fraser dans une allusion à peine voilée à Dionne. Je laisserai aux autres le soin de parler. Je fais ce que je fais et j'espère que ce sera assez. Je pense que le pays a besoin d'un top sprinter de peloton aux JO, et je crois que je suis cet homme...
AUJOURD'HUI. Étape de 153 kilomètres avec départ à Saint-Georges et arrivée au sommet du mont Mégantic, à plus de 1000 mètres d'altitude. Ce sera l'occasion pour Dominique Perras, qui a fini dans le peloton hier, de se faire valoir. Meilleur Canadien au Tour de Beauce, Perras pointe au neuvième rang, à 50 secondes du leader.
page mise en ligne le 18 juin 2004 par SVP