Les Polonais font la loi en Beauce et ils n'allaient certainement pas échapper l'épreuve reine du Grand Prix cycliste, l'étape du mont Mégantic, présentée hier.
Au bout de la montée de quelque cinq kilomètres, incluant des passages à 12 et 13 %, ça s'est réglé entre Tomasz Brozyna (Action Ati) et Radoslaw Romanik (Hoop CCC), anciens champions polonais sur route et respectivement maillot jaune et troisième au classement général. Romanik, 37 ans, a eu le meilleur sur son copain Brozyna, mais le final fut si serré que le gagnant n'a pas eu le temps de zipper son maillot pour afficher les couleurs de ses commanditaires.
Romanik a complété l'étape de 152,6 kilomètres en 4 h 13 m 53, pour une moyenne horaire de 36,06 km/h. Brozyna conserve néanmoins son maillot de leader. Au général, l'ancien champion polonais sur route détient une priorité de 16 secondes sur Romanik, maintenant deuxième.
L'Américain Scott Moninger (Health Net) a dû se contenter du troisième rang de l'étape (+ 4 secondes), n'ayant pu résister aux assauts répétés des deux Polonais dans la montée de Mégantic. ii Ç'aurait été bien de gagner, mais les équipes polonaises sont probablement les deux plus fortes du tour et, de toute évidence, elles travaillent ensemble. Dans la montée, les deux Polonais m'attaquaient à tour de rôle et vers la fin, je ne pouvais plus répondre. Je me suis alors concentré à limiter mes pertes », a raconté le vétéran Moninger, maintenant troisième au général, à 32 secondes de Brozyna.
Scénario prévisible, les Action Ati et Hoop CCC ont assuré le rythme en tête de peloton pendant toute la journée, gardant à distance raisonnable une échappée de trois coureurs, partis dès les premiers kilomètres à la sortie de Saint-Georges. Les trois membres de l'échappée, le Québécois Bruno Langlois, le Canadien Svein Tuft et le Russe Vassili Davidenko, ont été avalés tout juste avant la montée finale.
Le maillot jaune Brozyna a alors fait le ménage dans le groupe d'une quarantaine de coureurs, plaçant une accélération au pied de Mégantic. Romanik, qui connaissait la stratégie de son compatriote, Moninger et le Kazakh Maxim Iglinskly, quatrième de l'étape, ont été les seuls qui ont pu s'accrocher. « Je savais que je devais augmenter mon avance en tête face aux spécialistes du chrono », a expliqué Brozyna, qui songeait déjà au contre-la- montre qui sera disputé ce matin.
L'exploit du jour a été l'oeuvre du Québécois Mathieu Toulouse, auteur de la meilleure performance canadienne avec une 13e place (+lm32). Membre de l'équipe canadienne de vélo de montagne, Toulouse, 27 ans, se sert du Tour de Beauce pour se préparer en vue de la Coupe du monde qui sera présentée le week-end prochain au mont Sainte-Anne.
« Sans vouloir paraître pédant, j'ai confiance en mon niveau de forme, a expliqué Toulouse, pas surpris outre mesure de son excellent résultat. J'ai bien fait en Coupe du monde, et le vélo de montagne, c'est un peu comme un contre-la-montre. J'ai donc approché la montée de cette façon, en y allant à mon rythme, et en laissant aller les coups. »
Le plus drôle, c'est que Toulouse a bien failli rebrousser chemin dès les premiers kilomètres de l'étape. Son vélo a brisé et il a dû emprunter une monture du service de dépannage Mavic. Finalement, il s'est rendu compte que ce vélo, sans être tout à fait ajusté à sa taille, répondait mieux que le sien. « Les coureurs de vélo de montagne ont la réputation de négliger l'entretien de leur vélo de route. Je dois admettre que c'est mon cas... »
AUJOURD'HUI - Contre-la-montre de 14 km à Notre-Dame-des-Pins. De leur propre aveu, Brozyna et Romanik font jeu égal dans ce type d'épreuve. Moninger, lui, se voit au mieux cinquième ou sixième sur ce parcours plutôt plat. En soirée, présentation d'un critérium de 75 kilomètres dans le centre-ville de Saint-Georges. On salive déjà à l'idée d'une explication entre Charles Dionne et Gord Fraser...
page mise en ligne le 19 juin 2004 par SVP