30 mai 2004


En une du 30 mai 2004
photo : Luc Bélisle

« Je ne peux pas croire que j'aie gagné » - Geneviève Jeanson

On l'aurait imaginée sans énergie, la tête ailleurs, encore ébranlée, mais Geneviève Jeanson a plutôt été acharnée, puis sans pitié.

Les ingrédients pour une débâcle étaient pourtant réunis, mais au contraire, la cycliste de Lachine est restée reine du mont Royal en y décrochant, hier après-midi, son deuxième triomphe de suite au sprint final pour remporter, pour la troisième fois, la Coupe du monde de cyclisme féminin de Montréal.

Comme réplique à ses dénigreurs, elle aurait difficilement pu trouver mieux.

« Je n'ai jamais couru sous une telle pression, a-t-elle lancé après coup. Je ne peux pas croire que j'aie gagné. Quand j'ai passé la ligne, je me suis demandé si c'était vraiment le dernier tour, si j'avais vraiment gagné. Je voyais tout le monde, l'annonceur, mais ... »

Jeanson a devancé l'Allemande Judith Ardnt et l'Australienne Olivia Gollan et, en terminant parmi les huit premières, a rempli son dernier critère olympique.

«Je ne peux pas vous mentir, j'ai trouvé ça dur, mon début de saison, et encore cette semaine... Vous m'avez vue jeudi. J'étais quand même un peu mélangée. C'est pour ça que (cette victoire), est particulièrement incroyable, a lancé Jeanson après avoir été longuement acclamée par la foule.

« C'était super, a-t-elle d'ailleurs affirmé au sujet de l'appui des amateurs. J'entendais mon nom tout au long du parcours. Ça m'a vraiment fait du bien. »

Soulagement
Surtout, cet appui est tombé au bon moment puisque Jeanson a vécu une semaine de montagnes russes sur le plan des émotions.

Cette victoire survient, en effet, alors qu'elle est toujours en attente de la sanction de l'Union cycliste internationale - qui pourrait même l'exclure des Jeux olympiques d'Athènes - pour avoir omis de se présenter à un contrôle antidopage, le 21 avril dernier, en Belgique.

Jeanson a d'ailleurs éclaté en sanglots jeudi, lors de la conférence de presse de lancement de la Coupe du monde, en expliquant les circonstances de l'incident.

« C'est un soulagement, a-t-elle admis hier. Il y a des choses que je ne dirai pas parce que je serais méchante... mais c'est extraordinaires !»

Attaques tardives
Il faut bien dire que les attaques sérieuses sont arrivées un peu tard hier, en cette journée frisquette et venteuse. En fait, l'action a vraiment commencé à un peu plus d'un tour de la fin lorsque Lyne Bessette a tenté de provoquer quelque chose dans la 11e montée, sans succès.

Jeanson a d'ailleurs été la première surprise de la rareté de ces attaques. « Cette année, a-t-elle dit, si j'avais couru contre Geneviève Jeanson, je l'aurais attaquée pas mal avant [...] C'était un jeu de patience. J'observais chaque mouvement, mais elles (les autres coureuses) ne l'ont pas fait, et c'est bien correct pour moi ! »

Résultat, elles étaient une vingtaine à se présenter au bas de la dernière des 12 montées du chemin Camillien-Houde. Puis, à 300 mètres de l'arrivée, Bessette est partie, immédiatement flanquée de Jeanson.

« L'an dernier, j'ai attaqué quand même assez loin de l'arrivée, mais cette année, je ne pensais pas que je serais capable de finir, a expliqué Jeanson. Je savais que je devrais attendre à la dernière minute.

« Quand j'ai vu Lyne attaquer, je me suis dit qu'il fallait que je la suive, que j'attende au dernier moment. Quand j'ai décollé, j'ai mis toute la gomme. »

Cette victoire, Jeanson l'a toutefois remportée sans avoir complètement éliminé de son esprit la controverse de la semaine.

« J'avais de l'énergie en surplus aujourd'hui, bonne ou mauvaise, a-t-elle souligné. En fait, je ne savais pas si je pouvais la transformer en bonne énergie. »

Le responsable des communications de l'équipe Rona a ensuite mis fin au point de presse. « Désolé, a-t-il dit, il faut vraiment que Geneviève aille au contrôle de dopage...»


page mise en ligne le 30 mai 2004 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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