photos : Martin Tremblay et Robert Skinner
photos : Martin Tremblay et Alain Roberge
Choisir un vélo
Le choix d'un vélo peut être, pour le néophyte, une expérience intimidante, pour la simple raison que le monde du vélo n'a pas échappé à l'ère de la spécialisation. Il y a donc sur le marché beaucoup de types de cadres, beaucoup de sortes de composantes, beaucoup de matériaux. Ciel, que faire ?
Michel Nepveu
En principe, on s'achète un vélo parce qu'on veut faire du vélo (!). Il serait par conséquent bien avisé de s'interroger sur le genre de vélo que l'on compte faire. Balades d'après souper, transport urbain, voyages à vélo, entraînements, promenades en sentiers... À chacune de ces activités correspond, grosso modo, un type de vélo. Le problème - fréquent -, c'est de tout vouloir dans le même vélo ; c'est comme chercher, sur le mur d'espadrilles d'une boutique de sport, la chaussure conçue à la fois pour le jogging, le tennis, l'escalade et le curling ; elle n'existe pas !
C'est quoi, votre genre ?
Le vélo le plus connu est ce que l'on nomme parfois le cyclosportif. On dit aussi vélo de route, ou encore vélo de course. Les roues étroites et le guidon recourbé le caractérisent d'emblée. Il sert à l'entraînement, aux sorties sportives, et de plus en plus aux voyages, dans les cas où les bagages sont transportés. Le vélo de cyclotourisme, de plus en plus difficile à trouver, s'y apparente beaucoup. Sa géométrie en diffère, pour le transport des bagages d'une part, et pour l'obtention d'un comportement plus « tranquille » d'autre part.
Le vélo de montagne, reconnaissable à ses roues de 26 po., à son guidon droit, et à la présence de suspension, est en perte de vitesse depuis plusieurs anneés, peut-être simplement parce qu'on a fini par réaliser qu'il n'était à son meilleur que dans les sentiers !
Le vélo de ville, à peu près inexistant sur le marché (c'est dommage), a été supplanté par le vélo hybride. Comme son nom l'indique, il amalgame différents éléments empruntés au vélo de route et au vélo de montagne. Roues de 700C équipées de pneus un peu plus larges, guidon droit, développements étendus, le vélo hybride cherche, si l'on veut, à contenter tout le monde. Depuis quelques années, on l'oriente résolument du côté du confort.
Anatomie d'un vélo
LE CADRE
Un vélo, c'est d'abord un cadre, et ce cadre, c'est d'abord des tubes. Certaines compagnies fabriquent ces tubes, la plupart les achètent (les étiquettes de Columbus, Easton, Reynolds et cie sur vos tubes en témoignent). L'assemblage de ces tubes (coupe et soudure) constitue la fabrication comme telle du vélo. La qualité de ces tubes, la qualité de leur assemblage et surtout, la configuration générale du cadre (angles choisis, longueur des tubes, proportions) définiront en grande partie le comportement du vélo. Et ne catégorisez pas trop vite : que les cadres soient d'origine canadienne, américaine, européenne ou asiatique, tout est affaire de contrôle de qualité.
LES COMPOSANTES
La multitude apparente de pièces sur le marché se retrouve en fait sous la bannière de deux grandes compagnies : Shiniano et Campagnolo, complétées aux deux pôles qualitatifs opposés par différentes compagnies de moindre dimension.
Hormis les batailles d'aficionados, qui ne jurent que par une marque, le tableau est simple : à chaque niveau de la hiérarchie des pièces correspond - encore là, grosso modo - une qualité, définie en termes de durabilité, de précision, de légèreté, de facilité d'ajustement et de finition. N'espérez pas, cela dit, métamorphoser le comportement de votre vélo en choisissant, par exemple, un dérailleur arrière de qualité supérieure. Rappelez-vous que le cadre et, tout de suite après, les roues, ont une influence beaucoup plus décisive sur la sensation d'ensemble.
LES MATÉRIAUX
Les connaisseurs ont bien plus souvent des préférences marquées pour certains matériaux que pour certaines marques, ce qui est tout à fait logique. En effet, chaque matériau possède des caractéristiques mécaniques uniques qui induisent des comportements fort différents.
L'aluminium a connu ces dernières années une fulgurante progression. Sa légèreté et sa grande rigidité ont poussé de très nombreux constructeurs à se tourner de ce côté. On sait qu'un bon cadre doit offrir une bonne rigidité. En conjuguant ces deux qualités, l'aluminium a permis la fabrication de cadres très intéressants. Matériau parfait ? Pas vraiment, car l'aluminium a, comme on dit, les défauts de ses qualités : sa rigidité se traduit souvent en inconfort et en raideur excessive en matière de comportement. D'autre part, l'espérance de vie d'un cadre en aluminium souffre de la comparaison avec ses concurrents.
Tout comme les autres matériaux, l'acier a beaucoup évolué. Pour plusieurs amateurs, l'acier est la référence. Comme la pratique du vélo n'est pas qu'une affaire de données objectives, mais aussi - espérons-le - de sensation et de plaisir, l'acier marque de gros points à ce chapitre. Sa nervosité (liveliness, en anglais), sa résilience, sa « réponse » en font un matériau pour ainsi dire « vivant ». Matériau parfait ? Pas vraiment, les cadres de carbone ayant redéfini les standards en matière de légèreté, l'acier rivalise difficilement à ce chapitre avec la génération de poids-plume.
Les matériaux composites, principalement les alliages de fibres de carbone et de résine, ont connu eux aussi des développements spectaculaires. Une très bonne rigidité et une spectaculaire légèreté (dans les meilleurs cas) sont les grandes qualités du carbone. On peut d'ores et déjà le considérer comme le matériau le plus complet et, assurément, le plus prometteur. Matériau idéal ? Pas encore ! D'abord, il y a le prix. Les meilleurs vélos de carbone (bien équipés) coûtent entre 4000 $ et 10000 $. Pour les modèles moins chers, le carbone est parfois un peu inerte, et offre peu de sensations. Certains modèles sont aussi fragiles, et risquent de casser sous l'impact.
On peut enfin considérer le titane comme une sorte de super acier. Il en offre la nervosité et le confort, en plus d'une légèreté supérieure. Ce matériau d'élite est considéré par plusieurs comme le nec plus ultra, et il est vrai que les meilleurs modèles offrent une tenue de rêve. Matériau idéal ? Presque ! Mais comme pour le carbone, et peut-être plus encore, les prix sont exorbitants. En outre, si le confort offert par le titane est imbattable, sa rigidité laisse parfois à désirer.
La décision finale !
Vous avez décidé? Pas si facile, hein ? Mais pas si difficile non plus. Car si vous faites partie de la grande majorité des gens pour qui le vélo est un simple (mais grand !) plaisir, que vous ne voulez-pas investir tout votre avoir, ces dilemmes de matériaux et de composantes ne se poseront à peu près pas. Veillez simplement à ne pas confondre les critères : un vélo de ville a peu à voir avec la performance, la rigidité et la légèreté (abandonnez tout de suite l'idée du vélo «léger» de 300 $), il vous mène du point A au point B, protège minimalement vos vêtements et n'est pas trop convoité par les voleurs. À l'inverse, l'achat d'un vélo de route de 6000 $ a peu à voir avec le « besoin »; c'est une question de plaisir.
Il s'agit donc avant tout de choisir ce qui nous convient. Et tenez, plutôt que de multiplier les compromis et les casse-tête pour concilier votre nécessaire vélo de ville et votre convoité vélo de tourisme, pourquoi ne pas opter pour les deux ? Un vélo de ville ne coûte vraiment pas cher, et vous permettra de laisser le bolide chez vous, en attendant les grandes sorties !
Dernier conseil, et non le moindre : les marchands spécialisés connaissent le vélo, ils en ont de tous les prix et de toutes les sortes. Ils vous aideront à choisir le bon genre, la bonne taille, les bons ajustements. Il vous restera à choisir la couleur !
Lectures suggérées pour vous aider à choisir : les deux premiers numéros du magazine Vélo Mag de cette année contenant les études de marché. S'ils ne sont plus en kiosque, passez à la Maison des cyclistes (1251, rue Rachel Est) ou appelez au (514) 521-8356 ou 1 800 567-8356.
Pour tout savoir sur le vélo au Québec : www.velo.qc.ca
Cette chronique a été produite en collaboration avec Vélo Québec.
page mise en ligne le 2 mai 2004 par SVP