Jeanson s'éclate !
On la croyait abattue, anéantie et à bout de ressources, mais on errait. Faisant preuve d'une force mentale hors du commun, Geneviève Jeanson a remporté, pour la troisième fois en quatre ans, l'étape montréalaise de la Coupe du monde de cyclisme féminin, hier après-midi, sur le mont Royal.
À l'image de l'an dernier, Jeanson a placé une accélération imparable dans la dernière ascension de la voie Camilien-Houde pour semer un groupe d'une dizaine de coureuses et filer vers la victoire. La cycliste de 22 ans répondait ainsi à une attaque de Lyne Bessette qui, incapable de maintenir le rythme, a dû se contenter du dixième rang, à dix secondes de la gagnante.
L'Allemande Judith Arndt et l'Australienne Olivia Gollan, respectivement deuxième et troisième, n'ont jamais pu inquiéter Jeanson, qui avait néanmoins du mal à croire en sa victoire.
« Quand j'ai passé la ligne, je me suis demandé si c'était vraiment le dernier tour, si j'avais vraiment gagné. Je voyais tout le monde et j'entendais l'annonceur, mais en même temps... J'y croyais, mais je n'étais pas sûre de gagner. J'étais nerveuse, je doutais un peu. Je n'ai pas couru beaucoup cette année et il faut vraiment être dans une bonne journée pour gagner à Montréal », a commenté une Jeanson follement heureuse.
Les centaines de spectateurs massés au sommet du mont Royal ont pu se faire une bonne idée de la joie de la gagnante. En descendant de son vélo, Jeanson a bondi à quelques reprises, les bras bien hauts dans les airs. Elle a ensuite sauté au cou de ses parents et proches avant d'aller embrasser son chiot Cowboy, un terrier australien qui a suivi la course dans la voiture de l'équipe Rona.
Kobe Bryant : une inspiration
Le contraste avec les événements survenus quelque 48 heures plus tôt ne pouvait être plus marqué. Jeanson avait éclaté en pleurs en relatant sa version des faits au sujet de son oubli de se présenter à un contrôle antidopage après une course en Belgique. La cycliste de Lachine n'a pu s'empêcher de penser à la suspension qui lui pend au bout du nez durant l'épreuve d'hier.
« J'essayais de m'inspirer d'autres athlètes qui ont des problèmes et qui réussissent à donner de bonnes performances », a-t-elle raconté, référant à Kobe Bryant, ce basketteur qui continue de mener les Lakers de Los Angeles dans les séries de la NBA malgré des problèmes judiciaires. « Je ne savais pas si j'étais capable de le faire ou non. Je voulais m'éclater. Un ami m'a envoyé un message et m'a dit de simplement me faire plaisir. C'est ça que j'ai fait. Je n'ai jamais couru avec autant de pression. Je ne peux croire que j'ai gagné. »
Jeanson n'a pas manqué de souligner l'apport de ses coéquipières de l'équipe Rona, franchement impressionnantes sur les pentes du mont Royal, en particulier la Canadienne Erinne Willock. Les femmes en bleu et jaune ont réduit à néant les rares tentatives d'échappée, permettant à Jeanson de se pointer au pied de la dernière des 12 montées dans un groupe d'une vingtaine de coureuses.
« On a été beaucoup plus conservatrices cette année, a expliqué Jeanson. Mes coéquipières ont fait un travail parfait. Erinne était en super forme. Elle était ma petite chèvre de montagne ! J'avais des jambes moyennes dans les derniers tours et je la voyais en train de s'enterrer elle-même pour chasser des échappées. Elle a été extraordinaire. Ça m'a motivée. »
Et vous savez quoi ? Malgré l'euphorie entourant ce triomphe hautement émotif, Jeanson n'a cette fois pas oublié de se pointer au contrôle antidopage.
page mise en ligne le 30 mai 2004 par SVP