Être bien sur son vélo
Michel Nepveu
Bien choisir son vélo est déjà quelque chose, on le sait. Vous avez donc choisi l'instrument de vos plaisirs de belle saison (et davantage) avec un soin qui vous honore. Mais là ne s'arrête pas votre diligence.
En effet, il faudra maintenant, non pas vous adapter à votre vélo, mais bien le contraire ; il devra, lui, s'adapter à votre morphologie. Disons-le franchement (et cela est valable pour toutes les pratiques), un mauvais vélo bien ajusté (à vous, s'entend) est préférable à un bon vélo mal ajusté. Sans blague ! Mais comme vous avez bien choisi votre bolide, nous inciterons ce « bon vélo » à se mettre à votre diapason, et nous aurons le bonheur parfait.
Cycliste néophyte, amateur très occasionnel, ne quittez pas. Vous ne vous intéressiez modérément au vélo jusqu'ici, que parce que vous ne trouviez pas la chose trop confortable. Mais c'est ici que tout bascule...
Tout commence par les pieds
Que l'on pédale avec des babouches sur un cruiser ou avec des souliers de cyclisme et des pédales fixes, la position du pied sur la pédale est primordiale. Elle sera plus approximative dans le premier cas, mais elle importe presque autant. De façon précise, l'articulation du gros orteil devrait être située vis-à-vis l'axe de la pédale.
Vous pédalez avec des sandales, des espadrilles ? Ne coupons pas les cheveux en quatre : évitez simplement de pédaler avec le talon et posez plutôt le devant du pied sur la pédale. Pourquoi ? Deux raisons simples : d'un point de vue mécanique d'abord, cette position est la plus efficace pour transmettre l'énergie et ensuite, tout bonnement, voilà un point de repère fixe : pour les ajustements subséquents, vous partirez toujours de cette position, sinon, aucun réglage ne sera possible si la base change constamment.
Dans le cas des pédales Look, Shimano, Time et cie, bref, pour les pédales à fixation, la précision de l'ajustement peut être très grande, et il est bon qu'elle le soit. N'hésitez pas à dépenser quelques dollars pour faire installer vos cales par des professionnels, qui disposent ou bien d'un outillage spécialisé (fit kit et autres), ou bien d'une expertise reconnue, idéalement les deux. Ils seront en mesure de régler, outre la position de la cale par rapport à l'axe, l'alignement naturel de votre pied (et ce, même si les cales disposent d'un jeu latéral de quelques degrés), élément à considérer quand on pense que l'on fera des millions de rotations dans cette même position !
Les cale-pieds et les courroies, enfin, sont systématiquement délaissés au profit des système à fixation, et pour cause : ces derniers sont simples et sécuritaires, et plus confortables.
L'usage de la simple pédale « ordinaire » pour la ville est parfait. Pensez simplement à utiliser des chaussures dont la semelle est rigide ; cela contribue grandement au confort et à l'efficacité.
La selle miraculeuse
Comme le capitaine Haddock qui, dans Vol 714 pour Sydney s'en étonnait jusqu'à la stupeur : « L'aile, l'aîle... elle bouge ! », étonnez-vous, mais reconnaissez-le : la selle, elle bouge ! Enfin, elle peut bouger, et cela fera des miracles ! Elle bouge d'abord de haut en bas, si l'on veut bien garder dans l'anonymat le travail de la tige de selle qui, en fait, monte et descend à sa place. Ce que l'on nomme la hauteur de selle ; elle est capitale. On peut la régler simplement ou... moins simplement.
« Simplement » : vous placez les manivelles de votre pédalier parallèlement au tube de selle (axe pédalier/selle), ce qui donne une position presque verticale à vos manivelles. Vous montez sur votre vélo et posez votre talon (dans ce cas-ci vous avez le droit !) sur la pédale qui est en bas ; votre jambe devrait être bien tendue (vous touchez tout juste la pédale de votre talon, et vous ne vous déhanchez pas). Voilà votre réglage ! Simple, non ?
« Moins simplement » : il s'agira en fait de faire appel aux experts qui, combinant hauteur et avancée de la selle, raffineront le procédé. Même si nos propres compétences sont solides, rien de tel que l'oeil extérieur et expert d'une tierce personne pour accomplir le miracle recherché.
L'avancée de la selle
Votre selle est posée sur des rails qui lui permettent de glisser d'avant
en arrière, et de modifier de la sorte de façon très considérable votre position et votre confort sur le vélo.
On règle l'avancée de la selle de façon traditionnelle - et approximative - avec le fil à plomb. Une fois assis sur votre vélo, les manivelles parallèles au sol (donc à 180), les mains sur le guidon, un fil partant de votre genou juste sous la rotule) devrait tomber sur l'axe de votre pédale (encore !). On aura avantage à se faire aider. Pour un cycliste initié, quelques millimètres peuvent faire toute une différence.
L'angle de la selle
On parle décidément beaucoup de la selle dans cette chronique ! L'angle de la selle, c'est son horizontalité, seule position valable. On s'accomode - et l'on préfère parfois - une variation de 1, 2, à la limite 3 d'inclinaison. Mais ceux qui défendent la selle plongeante comme le Titanic des heures difficiles ont des conceptions fantaisistes et, sans doute, de mauvaises fréquentations.
L'important, c'est l'équilibre !
Il serait fastidieux d'énumérer ici les critères, au demeurant assez flous, qui définissent la position du guidon. Partez de la position moyenne - selle et guidon à peu près à la même hauteur - et ajustez selon votre pratique. Bien sûr, un coureur bénéficie d'un guidon passablement plus bas que la selle, pour sa recherche d'aérodynamisme, alors que le baladeur le placera plus haut. Mais pas trop ! Comme disait Guy Lafleur, « L'important, c'est l'équilibre ! » Votre poids se répartit entre la selle, le guidon et les pédales ; exagérer la hauteur d'un des éléments, c'est compromettre cet équilibre... et votre confort.
Les instruments du confort
Concrètement, voici quelques objets conçus pour augmenter le bien-être
du cycliste :
Le cuissard : élément confort numéro 1. Ajusté au corps (se porte sans sous-vêtement), doté d'un chamois, il contribue considérablement à la paix entre le cycliste et sa selle !
Les gants : rembourrés, ils absorbent une bonne partie des vibrations transmises au guidon.
Revêtement de guidon : de la guidoline de liège aux différentes mousses, ils jouent le même rôle que les gants.
La selle : il existe une grande quantité de selles sur le marché, pour tous les usages, certaines conçues spécifiquement pour les femmes. Attention : « plus épais » n'égale pas « plus confortable ». Questionnez votre marchand sur les spécificités de chacune, et essayez de trouver celle qui vous convient. Dans le meilleur des mondes, si un vélo d'exercice (ou autre), sur place, le permet, essayez-la.
Bref, il y a confort et confort
Le confort, sur un vélo, est une notion bien relative. Il n'est pas normal de souffrir constamment, on doit être bien sur une bicyclette, mais le vélo reste une activité physique ; ne sombrez pas dans l'obsession du confort, qui conduit souvent à des aberrations.
Peut-être somme toute, le mot « confort » n'est-il pas adéquat pour désigner un certain bien-être sur un vélo. Car le confort est en réalité une disposition à profiter ou de la balade, ou de l'effort, qui est aussi un plaisir. Et faire corps avec son vélo, c'est déjà donner une bonne chance au confort et au plaisir. Une selle de vélo ne sera jamais un fauteuil, et des chaussures de cyclisme ne seront jamais des pantoufles ; quand on a compris cela, ma foi, on se sent déjà mieux !
Pour tout savoir sur le vélo au Québec : www.velo.qc.ca
page mise en ligne le 9 mai 2004 par SVP