Geneviève Jeanson pourrait bien avoir le loisir d'oublier toute controverse...
du moins, jusqu'après les Jeux d'Athènes.
En effet, quelques jours à peine avant les représentations sur sentence devant le comité de discipline du Collège des médecins, le Dr Maurice Duquette, qui avait initialement plaidé coupable à 14 chefs d'accusation d'avoir prescrit et administré de l'erythropoïétine (EPO) à plusieurs patients, dont Jeanson, est sur le point de changer son plaidoyer.
L'EPO (dont le nom commercial est Eprex) est une substance dopante et interdite par les hautes instances sportives internationales.
Le nouvel avocat du Dr Duquette, Me Guy Cournoyer, devait faire parvenir à l'organisme, hier ou aujourd'hui, une requête en retrait de plaidoyer partiel, ce qui signifie que le médecin revient sur ses aveux de culpabilité sur au moins un des 14 chefs d'accusation portés contre lui.
Ce soudain revirement de situation laisse donc présager que les procédures vont se prolonger. Par exemple, si la requête était rejetée, le clan Duquette pourrait porter la cause en appel devant le Tribunal des professions, ce qui pourrait faire traîner les choses en longueur, peut-être même jusqu'après les prochains Jeux olympiques d'été.
« C'est hypothétique, mais ça pourrait en effet aller jusque-là, a expliqué hier Me Christian Gauvin, directeur des services juridiques du Collège des médecins. Toutefois, six mois, pour moi, c'est le pire des scénarios. À l'inverse, la meilleure des hypothèses voudrait que la cause soit entendue en avril et qu'une décision soit rendue en mai. »
Lettre
Le Dr Duqiuette n'en est pas à son premier geste surprenant.
En novembre, au lendemain des aveux de culpabilité de l'orthopédiste, l'avocat de Jeanson avait fait bondir les membres du comité de discipline en voulant déposer une lettre dans laquelle Duquette revenait sur sa parole et affirmait n'avoir ni prescrit, ni fourni d'Eprex à la cycliste.
De son côté, le procureur du syndic du Collège des médecins, Me Jacques Prévost, disait détenir des preuves irréfutables que Duquette avait administré la substance interdite à Jeanson à maintes reprises. C'est cette preuve, entre autres, qui devait être présentée, la semaine prochaine, devant le comité.
Cependant, à compter de lundi, c'est plutôt la requête en retrait de plaidoyer partiel qui sera débattue.
Problèmes de licence
Quant à elle, Jeanson s'entraîne en Arizona depuis janvier en prévision des Jeux olympiques, qui se tiendront du 13 au 29 août.
En octobre dernier, une véritable bombe a éclaté quand l'Union cycliste internationale a empêché Jeanson de prendre le départ de la course sur route des championnats monde, à Hamilton, après qu'un test eut démontré un taux de globules rouges (hématocrite) dans le sang plus élevé que le maximum accepté. Jeanson a donc été tenue à l'écart de l'épreuve pour des raisons de santé et sa licence internationale a été suspendue pour 15 jours.
Même si les tests plus poussés de l'UCI ont plus tard blanchi Jeanson, cette mésaventure a toutefois soulevé des doutes quant à son éventuel usage d'EPO, répandu parmi les athlètes de pointe dans des disciplines d'endurance. En réponse à ces allégations, Jeanson a maintes fois répété n'avoir jamais vu d'EPO ni en avoir reçu d'injection.
Elle n'était toutefois pas au bout de ses peines puisque la Fédération québécoise des sports cyclistes a refusé de lui rendre sa licence, affirmant qu'elle n'avait pas fourni tous les renseignements médicaux qu'elle lui avait demandés.
Jeanson s'est donc tournée vers l'Association cycliste américaine qui, elle, lui a fourni une licence.
page mise en ligne le 18 mars 2004 par SVP