La demande du Dr Maurice Duquette de retirer son plaidoyer pour quatre des 14 chefs d'accusation dont il s'était reconnu coupable, en novembre, est-elle recevable ?
Voilà la question à laquelle devront répondre les membres du comité de discipline du Collège des médecins au cours des prochaines semaines. Hier, les trois membres ont entendu les plaidoiries de Me Guy Cournoyer, avocat du Dr Duquette, et de Me Jacques Prévost, procureur du syndic du comité de discipline.
Le Dr Duquette est cet orthopédiste montréalais qui s'était reconnu coupable d'avoir administré de l'érythropoïétine (EPO), une substance dopante interdite, à la cycliste Geneviève Jeanson, une ancienne patiente.
Me Prévost s'est appliqué à démolir le témoignage du Dr Duquette livré lundi, relevant son caractère vaporeux et imprécis. « Il (le Dr Duquette) est quelqu'un qui est rusé, qui a des idées pour le moins étranges. Son témoignage est filandreux, poreux, et rempli de demi-vérités et de secrets », a fait valoir Me Prévost, cherchant à miner la crédibilité de la démarche de l'orthopédiste de 59 ans.
Lundi, le Dr Duquette a affirmé que son aveu de culpabilité était une façon d'en « finir » avec cette « saga » devenue « invivable ». Or, le même Dr Duquette, trois jours avant son plaidoyer, avait proposé à l'avocat qui le représentait à l'époque, Me Jean-François Lepage, de le congédier pour le réembaucher une semaine plus tard.
« D'un côté, il dit qu'il veut en finir, et d'un autre côté, il propose ce stratagème à son avocat. Allez-vous le croire ? Quelle crédibilité allez-vous lui accorder ? » a demandé Me Prévost aux membres du comité.
De son côté, Me Cournoyer s'est employé à démontrer que, hormis son plaidoyer du 10 novembre, son client n'avait jamais reconnu les faits qui lui étaient reprochés aux chefs 9, 10, 12 et 13, les deux derniers concernant Jeanson.
« Vous allez sanctionner quoi ? Il y a une non-reconnaissance des faits. Ça deviendra donc un dilemme cornélien duquel on ne peut s'extirper en faisant les choses simplement », a affirmé Me Cournoyer avant d'ajouter : « L'ensemble des circonstances démontre que le plaidoyer de culpabilité était friable. »
Me Cournoyer a également fait valoir que le grand intérêt médiatique entourant l'affaire a certainement exercé une pression sur le Dr Duquette. « Pensez à l'être humain ; n'oubliez pas l'être humain », a insisté l'avocat.
N'eût été de la dernière requête du Dr Duquette, les audiences de cette semaine au comité de discipline du Collège des médecins auraient servi aux représentations sur sanctions des avocats des deux parties. Me Prévost a déjà annoncé vouloir faire la preuve que le Dr Duquette a administré de l'EPO à Jeanson « plus qu'une fois ». Il prévoit faire témoigner une patiente, ex-cycliste, qui aurait reçu des aveux du Dr Duquette, ainsi qu'un expert.
page mise en ligne le 25 mars 2004 par SVP