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12 mars 2005


Louis Garneau entouré de sa femme Monique et de leurs trois enfants, Édouard, William et Victoria.
photo : Érick Labbé, Le Soleil

Louis Garneau, un homme
à l'esprit de famille

Dès le portique, avant même de mettre le pied dans le hall d'entrée, une petite machine pourvue de brosses invite à frotter vos semelles de bottes. Le temps de le dire, elle aspire tout ce qui s'y trouve de sable et de calcium. Vous voici chez Louis Garneau, haut lieu de l'efficacité.

Anne-Marie Voisard

L'homme d'affaires, à l'origine des vêtements et articles de sport qui portent son nom, a son bureau situé à l'étage. Mais accordons-nous le loisir d'un coup d'oeil au rez-de-chaussée. Il nous instruit sur la personnalité et les valeurs de cet ancien champion cycliste. Une grande bannière fixée au mur le montre d'ailleurs sur son vélo, lors de sa participation aux Jeux olympiques de 1984 à Los Angeles. Juste à côté, une autre bannière de même dimension affiche en grosses lettres : détermination.

Espadrilles, cuissards, casques, etc. sont exposés, de même que des trophées. Un ordinateur est à la disposition du visiteur, lequel pourra, avec la souris, se faire une idée de l'ampleur de l'entreprise, qui a son siège social à Saint-Augustin-de- Desmaures. À gauche, une armoire antique en bois témoigne du double penchant du proprio pour les arts et le patrimoine. Face à vous, au-dessus d'un cadre de porte, discret, mais tout de même bien visible, un crucifix monte la garde. Derrière s'accroche une palme.

Foi et famille
« Je ne suis pas pratiquant à tous les jours, mais j'ai la foi chrétienne », affirme notre hôte. C'est le premier sujet qu'il aborde, la religion, dès qu'on est installés dans la vaste pièce où le moderne côtoie l'ancien. Il parle de ses parents qui vont à la messe tous les soirs durant le Carême, de son éducation qui l'a beaucoup influencé. « Je viens des Jésuites. » C'est dire qu'il a étudié au Collège Saint-Charles-Garnier, qui était encore à l'époque dirigé par les disciples d'Ignace de Loyola. « Je crois au respect des hommes et des femmes, s'aimer les uns les autres », continue-t-il, tout en se défendant d'être « un Jesus freak ».

Ça ne l'empêche pas d'avoir une chapelle sur le terrain de son chalet au lac Saint-Joreph. Victoria, la plus jeune de ses trois enfants, âgée de sept ans, fut baptisée là. Il espère qu'elle s'y mariera. L'esprit de famille, c'est un autre trait caractéristique de Louis Garneau. L'esprit de famille et le respect des traditions. À preuve, il venait d'avoir 18 ans quand il a rencontré celle qui allait devenir sa femme, Monique Arsenault. Bien sûr, ils sont toujours ensemble. C'est Roger, le frère de Monique, qui les a présentés l'un à l'autre. Ce jour-là, le futur époux revenait d'une course à vélo, épuisé. « J'étais en train de restituer. » La première image que conserve Monique est celle d'« un gars blanc ».

Relève et innovation
Les années ont passé. En 1984, ils se sont mariés à l'église de Saint-Augustin. Pas question de cohabiter avant d'avoir convolé. Au lendemain des noces, ils sont entrés dans leur maison, sise dans cette même municipalité où ils vivent toujours. Elle avait coûté 14 000$. Le domaine s'est considérablement agrandi depuis. Une terre s'est ajoutée, et une autre maison autour. Louis Garneau rêve de garder ses enfants proches. En cela il se reconnaît des affinités avec son ancêtre maternelle, Rosanna Vachon, la dame des petits gâteaux. Elle a, parait-il, créé la pâtisserie de Sainte-Marie de Beauce pour ramener dans le giron ses fils partis travailler aux États-Unis. « Elle devait être un peu manipulatrice ... comme moi, quelqu'un de convaincant. »

Si possible, le proprio espère aussi transmettre à ses enfants l'entreprise, conscient que les statistiques ne lui laissent que 30 % des chances. En effet, dans 70% des cas, ça n'atteint pas la deuxième génération. Mais, pour l'instant, il a toutes les raisons d'avoir confiance. Pour William, l'aîné, qui a fêté ses 15 ans le 25 février, « son objectif est de prendre ma place ». Comme son cadet Edouard, 12 ans, il fréquente le Séminaire Saint-François, où il est inscrit en études et sport. Le sport étant le vélo, pareil à leur père. Ils sont coureurs cyclistes. « Vous allez essayer nos produits », dit celui-ci. « Ils s'initient », et jusqu'à maintenant tout va pour le mieux. « Je vais m'inspirer de la compétition, je vais exagérer dans l'innovation. » C'est William, cité avec fierté par son papa, qui dit ça. Déjà, il se voit président. La semaine de relâche fut pour lui l'occasion d'aller à Taipei, où se tenait « la plus grande exposition de vélos au monde », rien de moins. « Si on n'avait pas commencé à travailler avec l'Asie en 1996, on aurait fait faillite », dit Louis Garneau, qui pilotait le voyage. Il explique que l'abolition des quotas ne lui a pas laissé le choix, que si tout continuait d'être fabriqué au Québec, « ce serait le double » du prix demandé. Aux couturières, il dit « vendez pas trop vite vos machines ». Pour les petites commandes, et quand ça presse, on a besoin d'elles.

Art et audace
C'est l'homme d'affaires qui s'exprime. Mais l'artiste en lui et son côté flyé sont à la source de bien des audaces. Rappelons-nous la fois où il a mis la main sur l'épaule d'Elizabeth II, à Rideau Hall, tandis que sa femme Monique immortalisait la scène. La photo a fait le tour du monde. En montant l'escalier, on la voit, accrochée au mur. Le geste fut spontané, jure Louis Garneau.« Madame la reine », petite, lui a fait penser à sa grand-mère.

Parfois, ce sont les événements qui décident à sa place. Ainsi, cet hiver, lorsqu'une motoneige s'est enfoncée dans le lac « à 1000 pieds du bord ». De la fenêtre de son chalet, il a vu le drame, imminent. « Je suis devenu comme une poule pas de tête. » Pendant que Monique appelait le 9-1-1, il a sauté dans ses habits, s'est emparé d'un radeau et sauvé le couple. « Pourquoi moi ? »

Retour à l'artiste, qui s'imagine « faire des tableaux et des sculptures », tout en menant une vie paisible à Saint-Augustin, après que ses jeunes auront pris la relève. Louis Garneau a étudié en arts plastiques à l'Université Laval. Il a même obtenu une bourse d'excellence. Son côté créateur s'est exprimé à travers le vélo et autres articles de sport. Il a commencé dans le garage de ses parents, à Sainte-Foy, où son père, Paul, était capitaine de police. Dès sa retraite, il a joint l'entreprise. Six jours par semaine, il fait de la livraison. « C'est notre ange gardien. »

Cherchant à traduire comment il compose avec la dualité qui l'habite, Louis Garneau dit : « Mon hémisphère gauche contrôle le droit. » Ce dernier est responsable, par exemple, de l'acquisition qu'il a faite de la maison François-Xavier-Garneau, dans le Vieux-Québec. Sauf en février, mars, avril, elle est ouverte au publie tous les dimanches. C'est gratuit. « D'autres hommes d'affaires l'auraient flushée. » À l'opposé, dans sa vie familiale, il reste « conservateur, traditionnel ». Comme cadeau de fête, pour ses 46 ans, il a demandé qu'un prêtre vienne célébrer la messe dans sa chapelle.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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