19 avril 2005
Pas de trémolos, ni d'atermoiements ni d'épanchements émotifs. Lance Armstrong a annoncé sa retraite prochaine de la compétition de la même façon qu'il attaque un col des Pyrénées: l'oeil et l'esprit rivés sur l'objectif, droit devant et sans perdre de temps.
À peine sa voix s'est-elle légèrement étouffée quand le cycliste de 33 ans a confirmé ce qu'un peu tout le monde attendait, hier après-midi, dans une salle de bal d'un hôtel d'Augusta, en Géorgie.
« Je vais aller droit au but. Après mûre réflexion, en même temps que j'ai décidé de me concentrer sur le Tour de France cette année, j'ai décidé que ce serait ma dernière course en tant que cycliste professionnel », a déclaré Armstrong devant quelque 300 journalistes et photographes et en direct sur la télé américaine.
« Ce sera la dernière course, gagne ou perd, a-t-il précisé. Cela dit, je me consacrerai entièrement à gagner un septième Tour. »
Armstrong a d'emblée indiqué que les longues périodes séparé de ses trois jeunes enfants, sa «plus grande inspiration», constituaient la principale raison pour laquelle il a décidé d'accrocher son maillot. « Ils sont ceux qui rendent la souffrance plus facile, mais ils sont aussi ceux qui m'ont dit de revenir à la maison. »
Armstrong a ensuite remercié sa mère, une « grande influence » dans sa vie, ses commanditaires, son entourage, tous ses coéquipiers, son directeur sportif lors de ses six victoires au Tour, Johan Bruyneel, et sa compagne, la chanteuse Sheryl Crow qui, « pour une reine du rock'n'roll, fait toute une fan, une coéquipière et une partenaire de cyclisme ».
Trois actes
La carrière d'Armstrong, un ancien triathlonien, peut se résumer en trois grands actes. D'abord, les débuts fulgurants, avec une victoire surprise aux Championnats du monde d'Oslo, en 1993, à l'âge de 21 ans seulement. Ensuite, la chute, avec ce cancer des testicules diagnostiqué en 1996. Le croyant sur son lit de mort, l'équipe Cofidis, avec qui il venait alors de signer un contrat, l'a laissé tomber. Enfin, la « résurrection » à partir de 1998, suivie de six victoires consécutives au Tour de France, un record absolu.
Hier, le seul moment où Armstrong a laissé transparaître une émotion est lorsqu'il a parlé des 10 millions de survivants du cancer aux États-Unis, son «autre» équipe. « Par moments dans ma vie, j'ai pu compter sur cette force spéciale. Je crois que la force d'une équipe comme celle-là est extrêmement puissante. Autant je les ai inspirés, autant ils m'ont inspiré. J'espère leur donner un autre Tour de France. »
Dopage
Bien sûr, la carrière d'Armstrong a également été marquée par d'innombrables allégations de dopage.
La réponse du Texan à ses détracteurs? Ses performances, tout simplement. «Parfois, des athlètes sont surveillés de près et leurs performances diminuent. Je suis fier de dire que ça ne m'est jamais arrivé. Je devrai toujours vivre avec ça, mais ça n'a pas influencé ma décision», a raconté celui qui aime aussi rappeler qu'il n'a jamais échoué un test antidopage.
Chose certaine, ce climat de suspicion n'a pas entamé l'amour sincère d'Armstrong pour le cyclisme, tant dans son aspect sportif qu'industriel. Il y a un mois, il était debout dans son salon pour suivre la classique Milan-San Remo à la télévision.
Armstrong entend d'ailleurs poursuivre son implication au sein de son équipe Discovery Channel, ex-US Postal. Il a d'ailleurs indiqué que son contrat était valide pour plus de deux ans, contrairement à ce qui avait d'abord été annoncé. «Rien n'implique que ce soit sur un vélo», a précisé Armstrong, qui prévoit également être passablement occupé avec sa fondation, destinée aux survivants du cancer.
Moins d'une demi-heure après avoir annoncé sa retraite, Armstrong a quitté l'estrade avant de s'engouffrer dans une porte dérobée. Pas de temps à perdre, il devait préparer le Tour de Géorgie, une course par étapes s'amorçant aujourd'hui et qui sera sa dernière course d'importance en sol américain.
Au même moment, les collègues américains se grattaient la tête en cherchant à répondre à la grande question: le sport cycliste va-t-il s'effondrer aux États-Unis après le départ de son plus grand ambassadeur ?
Roues libres |
Hamilton suspendu
Par une impossible coïncidence, la journée où Lance Armstrong a annoncé sa retraite, Tyler Hamilton, son grand ami et ancien lieutenant, a été suspendu deux ans pour dopage sanguin. La nouvelle a été annoncée hier par un panel d'arbitrage mandaté par l'agence antidopage américaine, le même panel qui avait servi un simple avertissement à Geneviève Jeanson, l'an dernier, pour avoir omis de s'être présentée à un test antidopage. Convaincu de son innocence, Hamilton, qui s'était attiré la sympathie en terminant quatrième du Tour de France 2003 avec une clavicule fracturée, continuait de s'entraîner comme un forçat au Colorado. Selon la rumeur, il a roulé trois mois avec un pignon fixe ! À 34 ans, cette suspension mettra sans doute un terme à sa carrière.
Favori de l'animateur
Dominique Perras, l'un des deux seuls Québécois avec Bruno Langlois à participer au Tour de Géorgie, vise rien de moins qu'une 10e place au classement général. Dix-septième l'an dernier, Perras sait cependant que la commande est de taille considérant la présence massive d'équipes européennes en Géorgie. Le contre-la-montre de jeudi et les deux étapes de montagne qui suivront feront foi de tout, en particulier la très sèche montée de Brasstown Bald, samedi. « Il n'y a pas de secret : ceux qui seront dans la meilleure condition seront en avant dans les montagnes », a indiqué Perras. Hier après-midi, lors de la présentation de l'équipe, l'animateur Dave Towle a prédit que non seulement Perras sera dans le groupe de tête à Brasstown Bald, mais qu'il le mènera !
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