21 avril 2005
Lance Armstrong est non seulement un contre-la-montreur et un grimpeur d'exception, il peut aussi sprinter à ses heures, surtout quand il est chez lui, dans le Sud des Etats-Unis.
Vainqueur surprise lors du sprint final de Rome en 2004, Armstrong a bien failli refaire le coup, hier soir, au terme de la deuxième étape du Tour de Géorgie, sa tournée d'adieu au pays de l'Oncle Sam.
Le Texan de 33 ans s'est toutefois fait déborder dans les derniers mètres par l'Autrichien Peter Wrolich (Gerolsteiner) et L'Italien Manuel Quinziato (Saunier Duval).
Peu porté sur les sprints depuis son retour à la suite d'un cancer, Armstrong souhaitait de toute évidence faire plaisir à ses milliers de fans réunis à Rome. En matinée, son directeur sportif Johan Bruyneel avait d'ailleurs fait installer un plateau de 54 dents pour l'occasion, un sprint en descente après une très sèche côte de 200 mètres.
« J'ai tenté ma chance, a raconté un Armstrong visiblement de bonne humeur peu après l'arrivée. Mais il faut dire que l'an dernier, c'était presque une expérience surréaliste (freak) que de gagner un sprint comme ça ! Ce n'est pas connne si j'étais déçu de finir troisième. »
Connne la veille, Armstrong a profité du travail de ses coéquipiers de Discovery, qui ont mis le gaz au fond en tête de peloton dans les derniers 20 kilomètres. Vers la toute fin, tout ce beau monde s'est tassé, laissant la voie libre à leur leader, qui a basculé en tête dans la dernière des quatre montées du circuit final à Rome.
Wrolich était toutefois dans sa roue et il n'allait pas laisser filer une telle occasion. « Discovery a tout fait pour Lance. J'ai été un peu chanceux. À la fin, ce n'était pas un grand problème pour moi parce que tous les gros sprinters ont été lâchés dans la côte », a expliqué le solide routier de 30 ans, nouveau leader au général.
L'étape d'hier - 197,5 km sur un terrain relativement vallonné - a été animée par l'italien Andrea Tafi, qui conclut sa glorieuse carrière en Géorgie. Au 4le km, l'ancien vainqueur de Paris-Roubaix a d'abord initié une échappée de huit coureurs qui a rapidement été contrôlée.
Quarante kilomètres plus loin, Tafi, 39 ans le 7 mai, a remis ça, cette fois en solitaire. Malgré un vent de face qui a soufflé une bonne partie de la journée, Tafi (Saunier Duval) a offert un spectacle extraordinaire avec ses jambes de marteau-piqueur. Il a relancé sans relâche malgré un braquet gargantuesque.
Au 128e km, l'avance de l'italien a culminé à 5:45 minutes. Cet écart est resté stable pendant un long moment, si bien que Tafi s'est pointé à Rome avec une avance de près de quatre minutes avec 20 km à compléter. À ce moment-là, un peu tout le monde s'est demandé (coureurs inclus, on a vérifié) si celui que l'on surnomme Il Gladiatore, un athlète très apprécié dans le peloton professionnel, n'était pas en train de se faire offrir un cadeau de retraite un peu cheap.
Le train Discovery a toutefois rapidement mis un terme à cette interrogation, encornant Tafi dans la deuxième montée à Rome. C'est d'ailleurs le Canadien Michael Barry, une des locomotives d'Armstrong, qui a procédé à l'exécution finale de Tafi, presque arrêté dans la deuxième montée à Rome. Les centaines de spectateurs, massés des deux côtés de la côte, en ont eu pour leur argent.
Tafi a rendu les armes avec honneur et classe, jetant tout ce qu'il avait dans les jambes. « Pour terminer ma carrière, j'ai fait le maximum pour gagner. Mais allez, c'est comme ça là vie d'un coureur », a philosophié Tafi dans un français presque chanté.
« Il Grande Gladiatore ? il n'aime pas ça quand on va lentement ! s'est exclamé Armstrong, toisant son voisin de chaise près de l'estrade. Il a été un grand champion de notre sport. On devra se rappeler de ce qu'il a fait sur une période de 10 ou 15 ans. J'ai beaucoup de respect pour lui. »
Avant de prendre congé du représentant de La Presse, l'ex-champion italien sur route a promis « ses derniers feux d'artifices » pour l'étape finale de dimanche. On a déjà hâte.
Aujourd'hui
L'heure de vérité, avec un contre-la-montre individuel de 30 km à Rome. Une sérieuse montée de 1,4 km risque de faire des dommages. « Je me sens bien, mais demain (aujourd'hui), c'est un vrai test », a reconnu Armstrong avant de quitter l'estrade et s'engouffrer dans la foule en délire.
Roues libres |
Bonne opération
Dominique Perras a réussi une deuxième bonne opération en deux jours au Tour de Géorgie. Le Québécois de l'équipe Kodak-Sierra Nevada n'a fini que quelques secondes derrière le gagnant de l'étape, terminant dans le même temps que les principaux leaders (les résultats officiels n'étaient pas disponibles au moment de mettre sous presse). Comme il le souhaitait avant le départ, il est resté parmi les cinq premiers lors des trois premières courtes montées du circuit final à Rome. Lors de la dernière ascension, un déraillement de chaîne du coureur qui le précédait a toutefois créé un trou qui lui a coûté du temps au finish. Perras anticipe maintenant le contre-la-montre d'aujourd'hui avec grande confiance. « L'an dernier, j'avais concédé moins de trois minutes à Armstrong. Si je fais quelque chose de similaire cette année, ce sera de bon augure pour les montagnes », a-t-il mentionné.
Du noir au blanc
Après avoir traversé une région agricole très pauvre - et peuplée majoritairement de Noirs, comme par hasard - lors de la première étape, la caravane du Tour de Géorgie a pris la direction du nord, hier. Le paysage s'est passablement modifié, avec l'apparition de quelques forêts, ici et là, ainsi que d'immenses résidences, que seuls des Blancs peuvent se payer, semble-t-il. On le souligne, car le contraste est assez renversant. Notre voiture de presse s'est d'ailleurs arrêtée devant un de ces domaines pour un très bref vins et fromages. C'est Mike Plant, vice-président exécutif des Braves d'Atlanta, qui régalait. Ce dernier, l'ancien patron de notre chauffeur, est un ancien cycliste qui a été impliqué dans l'organisation du Tour DuPont, soit le même groupe qui organise le Tour de Géorgie.
Moninger n'est pas surpris
Le vétéran Américain Scott Moninger n'est pas surpris que son compatriote Tyler Hamilton, un coureur avec qui il s'est entraîné ce printemps au Colorado, n'ait pas réussi à faire renverser sa suspension de deux ans. En 2002, Moninger a lui-même été suspendu un an pour avoir été contrôlé positif à la nandrolone. Il n'a jamais reconnu ce test positif, invoquant des suppléments alimentaires contaminés. « C'est très dur de prouver ton innocence dans un système où tu es coupable tant que tu n'as pas prouvé le contraire. Ils n'aiment pas admettre qu'il pourrait y avoir une faille dans leur système ou que leurs tests ne sont pas 100 % justes. S'ils le faisaient, ce serait comme ouvrir une porte à toute une série de problèmes et de questionnements du système. C'est mon opinion », a confié Moninger à La Presse, plus tôt cette semaine, précisant qu'il n'avait aucune idée si Hamilton était coupable ou non.
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