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23 avril 2005

Une marche de la mort dantesque

Floyd Landis survit aux attaques de Discovery

« Ça va être une marche de la mort » a prédit le Canadien Eric Wohlberg peu avant de sauter sur son vélo, hier matin. Le doyen du peloton faisait référence aux quatre ascensions importantes qui attendaient les coureurs du Tour de Géorgie lors de cette étape de 215 kilomètres.

L'athlète de 40 ans n'avait pas prévu les orages, les éclairs, la pluie diluvienne, la grêle et le vent. Ce fut une marche de la mort... dantesque.

Mis à mal par la stratégie agressive des Discovery de Lance Armstrong, Floyd Landis (Phonak) a su admirablement se tirer d'affaires malgré les intempéries. Isolé dans les 25 derniers kilomètres, l'Américain de 29 ans a néanmoins fini huitième de l'étape, conservant ainsi son maillot jaune de leader.

Inquiété par sa forme déficiente lors du contre-la-montre de la veille, Armstrong a fini tout juste devant Landis dans le premier groupe, qui incluait la presque totalité des principaux leaders.

Le seul absent de marque est l'Américain Chris Baldwin, troisième au général au début de la journée, qui a fini à sept minutes 14 secondes du gagnant, Brian Vanborg (CSC). Le Danois de 23 ans a été le seul qui a pu contrer la caractéristique poussée du vétéran Russe Vyacheslav Ekimov (Discovery) dans le dernier kilomètre.

« Ce fut une bonne journée pour moi, même si je pense que je suis l'un de ceux qui a souffert le plus pendant la course », a déclaré Vanborg, ajoutant qu'Ekimov est venu bien près de le décrocher dans le final.

L'Italien Marco Pinotti, leader des Saunier Duval, s'est classé troisième. Les Saunier Duval ont d'ailleurs donné un sérieux coup de main à Landis qui, en bout de parcours, devait se débrouiller seul face aux attaques répétées des Discovery.

Le maillot jaune n'a pas nié cette alliance de circonstances. « Dans le cyclisme, il y a toujours des coureurs qui ont des intérêts différents, et parfois tu finis par faire le même genre de travail. OK, j'avais besoin d'aide, lis voulaient gagner l'étape, alors ça fonctionnait pour tout le monde », a raconté Landis en conférence de presse.

En raison d'un abandon la veille, Landis ne comptait plus que sur cinq coéquipiers de Phonak pour l'aider. Ces derniers ont dû abattre tout un boulot pour maintenir à distance raisonnable un groupe de cinq coureurs mené à train d'enfer par José Luis Rubiera. À la fin, il ne restait plus de jus dans la cannisse des Phonak... sauf celle de Landis.

Rubiera, l'un des principaux lieutenants d'Armstrong au Tour de France, a roulé en tête pendant toutes les ascensions de cette échappée de quelque 160 kilomètres. A un moment, son groupe s'est doté d'une avance de trois minutes 10 secondes, ce qui a fait de l'Espagnol le leader virtuel.

Lorsque rejoint, Rubiera a même trouvé le moyen de s'accrocher au groupe de tête. Voilà une belle façon de répondre à un patron qui, la veille, avait mis en question la forme de ses « employés » à l'approche du Tour de France. « Même si je n'ai pas gagné, je me suis très bien senti », a raconté Chechu.

Cent soixante kilomètres par cette température atroce, faut quand même le faire. « C'était tellement horrible que tout le monde pensait que la course allait être stoppée », a affirmé le jeune Américain Saul Raisin (Crédit Agricole), qui a eu le bonheur de prendre le départ dans sa ville natale de Dalton.

Moins d'une heure après le passage des coureurs, un collègue français en voiture a même dû s'arrêter devant un arbre renversé sur la route. « Je n'ai pas souvenir d'un orage d'une telle intensité pendant une course », a confié Roger Legeay, directeur sportif de Crédit Agricole, qui en a pourtant vu d'autres. « Ce n'était pas de la pluie, c'était des seaux d'eau ! »

Aujourd'hui
Place à l'étape de vérité - 182,4 kilomètres entre Gainesville et Brasstown Bald - qui se conclut par une ascension hors catégorie de 12 kilomètres. Le finish en a fait zigzaguer plus d'un au cours des deux dernières années. Landis ne s'y est jamais frottée, et les Discovery promettent de lui faire payer le prix. « Floyd est très fort, le plus fort. Mais il n'a pas d'équipe a déclaré Armstrong. Ils peuvent rouler sur le plat, mais aussitôt que ça monte, ils décrochent tous. » Traduction libre: il aurait mieux fait de rester avec nous. Oh ! que ça promet !

Roues libres

Pas de pot pour Perras
Dominique Perras a été le premier attaquant de la journée, hier, au pied de la première bosse. Le peloton ne l'a toutefois pas laissé aller bien loin. Quelques moments plus tard, l'échappée de la journée est partie, menée par José Luis Rubiera. Puis, quand la sélection finale s'est faite lors de la troisième ascension de la journée, Perras a raté le bateau de peu. Il a fini dans le deuxième groupe, à plus de sept minutes du gagnant. « Quelques gars ont sauté devant moi, j'ai dû boucher un ou deux trous, et je me suis mis un peu dans le rouge. Je ne n'ai pas manqué le groupe de beaucoup. En même temps, ce n'était pas des deux de pique devant et je finis quand même dans un groupe de bons coureurs », a philosophé le Québécois, qui tentera maintenant de répéter sa bonne performance de l'an dernier lors de la sévère montée de Brasstown Bald, aujourd'hui.

Barry au Giro
Souffrant de problèmes gastro-intestinaux depuis le début de la semai ne, Michael Barry, de Discovery, a abandonné, hier. Le plus important reste à venir pour l'Ontarien de 29 ans. Après deux participations à la Vuelta, Barry s'attaquera à un autre Grand Tour le mois prochain : le Giro, où il supportera l'italien Paolo Savoldelli. Le Tour de France ? Ses chances sont presque nulles pour cette année, mais il espère pouvoir y participer en 2006. « Il y a de très fortes chances que l'équipe soit la même que l'an dernier au Tour, a expliqué Barry, jeudi soir. C'est sûr que j'adorerais y prendre part. J'y rêve depuis que je suis un petit gars. Mais que ce soit cette année ou l'an prochain, ça ne dérange pas. Je suis plus préoccupé à m'améliorer et à faire mon travail. »

En français, S.V.P.
Parlant du Tour de France, on s'y croirait presque dans la caravane de la course, où les communications se font en anglais et en français. Déjà, Chris Gutowsky, le chauffeur de la voiture de presse, nous parlait dans un excellent français depuis quelques jours. Cet Américain de l'Indiana passe quatre mois en France chaque année, où il dirige des groupes de cyclosportifs, entre autres durant la Grande Boucle. Hier, un journaliste francophile s'est ajouté. Charles Shepard, du Athens Banner-Herald. Ce dernier a étudié le français au secondaire et à l'université en plus de passer quatre mois à Avignon. Leur expression favorite ? Le dos d'âne...

Bonjour les hillbillies
Le Tour de Géorgie a définitivement quitté la campagne pour les montagnes, hier. La caravane de la course est passée pas très loin du départ de la fameuse Appalachian Trail. Les quatre ascensions principales se comparaient à celle de Jay Peak... les hillbillies, leurs cabanes de bois et les carcasses rouillées de chars démontés en plus. Malgré les conditions exécrables, l'intérêt local n'a pas dérougi avec des foules en liesse partout. Le bruit est parfois assourdissant lors des montées.

Où est Sheryl ?
Un peu tout le monde cherche à savoir si Sheryl Crow accompagne son Lance Armstrong chéri en Géorgie. Les spectateurs sont à ce point anxieux de l'apercevoir que le représentant de La Presse s'est fait crier deux fois « Hé, Sheryl ! » alors qu'il montait une côte dans la voiture des médias. Pas de farce. Ça veut sûrement dire qu'il est temps de se faire couper les cheveux.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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