24 avril 2005
Comment réagiriez-vous si Mario Lemieux allait chercher la rondelle dans le coin pour vous, que Tiger Woods était votre cadet ou que Michael Schumacher changeait les pneus de votre Formule Un ?
Pas le choix de gagner, n'est-ce pas ? Vous avez maintenant une bonne idée de l'état d'esprit de Tom Danielson, hier, alors que son leader Lance Armstrong s'est mis à son service pour la cinquième et décisive étape du Tour de Géorgie.
Orchestrée par Johan Bruyneel, directeur sportif de Discovery, l'opération a fonctionné à merveille. Danielson a franchi le premier le fil d'arrivée au sommet de Brasslown Bald, au terme d'une vicieuse montée de cinq kilomètres qui s'est déroulée sous une neige légère et par une température frôlant le point de congélation. L'Américain de 27 ans a devancé ses compatriotes Levi Leipheimer (+14 secondes), Armstrong (+59) et, surtout, Floyd Landis (1:09), dépouillant ce dernier de son maillot jaune.
Danielson, un ancien coureur de vélo de montagne, a placé son attaque gagnante dans le dernier kilomètre alors que le degré d'inclinaison de la pente devait bien atteindre 20 %, rien de moins.
À ce moment, Danielson n'avait qu'une image en tête, celle d'Armstrong qui se sacrifie pour lui dans l'avant-dernière montée de la journée. Ce dernier a alors tout fait exploser, imposant finalement le rythme à un groupe complété par Danielson, Leipheimer (Gerolsteiner) et Landis (Phonak).
« Pendant tout le temps que j'étais dans la roue de Lance, je me disais qu'en aucune façon je ne perdrais cette course », a commenté Danielson, nouveau leader avec une avance de quatre secondes sur Leipheimer (Gerolsteiner) et de neuf sur Landis (Phonak).
« Il était mon idole avant même que je ne commence à faire du vélo. Je n'allais rien laisser arriver aujourd'hui », a affirmé le frêle Danielson, un défroqué du vélo de montagne.
Parlant d'Armstrong, oh ! qu'il était heureux en franchissant le fil d'arrivée ! Oh ! que la revanche était douce ! Sa joie était au moins aussi intense que s'il avait lui-même gagné.
Landis, son ex-coéquipier chez U.S. Postal, a fait défection chez Phonak l'an dernier. Armstrong voyait en lui son successeur. En conférence de presse, le sextuple gagnant du Tour de France a rappelé les départs successifs de Kevin Livingston, Tyler Hamilton et Landis, des coureurs en qui il a « investi temps et énergie ». Laissé à lui-même par sa nouvelle équipe, Landis, le déserteur, s'est fait damner le point par Danielson, un gars qui souhaitait joindre Discovery et qui s'y sent bien, a rappelé Armstrong.
« Ce fut un moment spécial », a commenté Armstrong, qui s'est même permis une petite vacherie vis-à-vis Landis dans les 150 derniers mètres. Tout juste devant nous, le Texan a en effet attaqué son ancien coéquipier, qui le traînait depuis un bon moment dans la montée, sans aucune raison apparente sinon que l'honneur.
Armstrong a expliqué qu'il pensait aux bonifications en secondes généralement accordées aux trois premiers d'une étape. Mais pour une arrivée en montagne, ces bonifications n'existent pas. Un tel maniaque de la préparation devait bien être au courant. Les deux hommes auront amplement le temps de régler ça lors du prochain Tour de France.
Aujourd'hui
Après deux journées en montagne pour le moins éreintantes, retour sur le plat pour cette dernière étape du Tour du Géorgie. Les 83 coureurs toujours en lice devront franchir 201,5 kilomètres entre Blairsville et Alpharetta, une banlieue d'Atlanta. Avec neuf secondes séparant la troisième de la première place, tout pourrait se jouer lors sprints intermédiaires.
Roues libres |
Spiderman, Elvis et compagnie
Certains avaient campé là, d'autres s'étaient pointés aux petites heures du matin. La montée vers Brasstown Bald a donné lieu à des images dignes du Tour de France, avec les milliers de spectateurs - dont plusieurs en état d'ébriété avancée - se tassant à la dernière seconde pour laisser passer les coureurs et la caravane. On a vu un Elvis, un Spiderman aux couleurs de Discovery, un Mexicain et son barjo ainsi qu'un diable un peu cheapo.
Des frissons pour Perras
Parlant de la foule, Dominique Perras en a eu des frissons lors de son ascension de Brasstown Bald. Énergisé par les encouragements - dont ceux de Steve Bauer -, le membre de l'équipe Kodak-Sierra Neveda s'est classé 23e de l'étape, à neuf minutes 33 secondes du gagnant. Perras est grimpé au 28e rang du classement général (+20 minutes 10 secondes). « L'étape a été extrêmement dure, avec plusieurs côtes non répertoriées en début d'étape et un vent très intense. Je suis assez content de mes deux dernières montées. J'étais dans un groupe d'un certain calibre, avec des gars comme Rubiera, Ekimov, Moninger, Pate, etc. En tout cas, j'ai la conviction d'avoir tout donné », a commenté Perras, meilleur Canadien au Tour de Géorgie.
Trois plateaux
Pour vous donner une idée de l'âpreté de la montée de Brasstown Bald, considérez que Perras a utilisé la 39X29, hier. L'Américain Danny Pate, lui, avait fait installer le nouveau pédalier compact pour monter sur la 36X27. Chez Navigators, on avait carrément opté pour les trois plateaux.
La bataille des jeunes
On en a peu parlé depuis le début de la semaine, mais la bataille pour le maillot de meilleur jeune (moins de 23 ans) est passionnante au possible. Selon toute vraisemblance, l'Australien Trent Lowe (Jittery Joe's), étonnant 11e au général, l'emportera sur son rival Saul Raisin (Crédit Agricole), un natif de la Géorgie. Étonnant, Lowe, 20 ans seulement, détient une avance de 33 secondes sur Raisin, 13e. Les deux coureurs ont franchi la montée de Brasstown Bald au coude à coude, finissant dans le temps, pas très loin des gros canons. Champion du monde junior de vélo de montagne, Lowe, un athlète minuscule, recevra sans doute des offres d'équipes du Pro Tour d'ici peu.
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