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24 avril 2005

L'homme en mouvement

BRASSTOWN BALD - Dans son dernier livre, Lance Armstrong se décrit comme « un gars normal portant le t-shirt ». Pour le t-shirt, ça va, mais pour le gars normal, faut voir.

Armstrong et son équipe Discovery ont leurs habitudes en Europe, habitudes auxquelles ils ne dérogent pas aux États-Unis.

Par exemple, ne cherchez pas les Discovery à l'hôtel où logent tout le reste du peloton. Ils n'y sont pas, pas plus qu'ils ne partagent les repas officiels des coureurs. Armstrong cherche la tranquillité avant tout, tant vis-à-vis des médias - qui ont, faut le dire, déjà fouillé ses poubelles et ses chambres d'hôtel - que des autres équipes.

Armstrong est évidemment le point de mire du Tour de Géorgie. Sa présence l'an dernier a permis aux organisateurs d'attirer quelque 750 000 spectateurs, soit le triple de la première édition, en 2003. Cette année, les organisateurs espèrent atteindre le cap du million de spectateurs. À en juger par les foules massées le long des routes, ça ne devrait pas être trop difficile.

Cette attention particulière accordée à Armstrong provoque des attroupements aux villes de départ et d'arrivée. Le Texan, qu'on ne voit pratiquement jamais, a ses propres trucs pour éviter l acongestion.

Ainsi, le motorisé de l'équipe Discovery, banalisé, est toujours stationné à un ou deux kilomètres des lignes de départ et d'arrivée. Jamais avec les autres équipes. De plus, l'équipe se pointe systématiquement à la dernière seconde à la signature des coureurs avant chaque départ. Ce fut le cas hier midi à Gainesville, alors qu'Armstrong, qui s'est présenté à la dernière minute, a été accueilli comme la réincarnation du Christ.

Aux arrivées, Armstrong poursuit toujours son chemin, s'assurant de semer les dizaines de fans à ses trousses. Parfois, il n'a pas le choix de se pointer à l'estrade des cérémonies, comme mercredi à Rome après sa troisième place d'étape. Le sextuple vainqueur du Tour de France doit ensuite se frayer un chemin parmi une foule très compacte.

Son truc? Il enfourche son vélo, entouré de deux ou trois costauds, dont un qui trace le chemin en faisant retentir un sifflet. L'idée est de ne jamais s'arrêter, sans quoi la foule se cristallise autour de lui. Armstrong est un homme en perpétuel mouvement.

Et quand la situation le commande, l'athlète de 33 ans, dont les revenus annuels sont estimés à 19 millions, ne lésine pas sur les moyens. L'an dennier, au terme de l'étape qui se termine au sommet de Brasstown Bald, Armstrong et sa compagne Sheryl Crow ont quitté l'endroit par hélicoptère.

Coéquipier d'Armstrong depuis 2002, le Canadien Michael Barry affirme que le brouhaha entourant son leader ne pose pas problème.

« Lance a plusieurs choses à gérer à l'extérieur du cyclisme, mais on le voit tout le temps lors des courses. Il fait clairement partie de l'équipe. Les gars comprennent qu'il est toujours occupé avec les médias et toutes ces choses-là », racontait Barry plus tôt cette semaine.

Aux yeux des gens qui assistent au Tour de Géorgie, Armstrong est également un survivant du cancer avant d'être un champion cycliste. Le bracelet jaune Livestrong, porté par environ un spectateur sur deux, est là pour en témoigner. En moins d'un an, ce bracelet a été vendu à plus de 40 millions d'exemplaires à travers le monde. L'an dernier, la Fondation Lance Armstrong, qui lutte contre le cancer, a amassé 21 millions US.

« Armstrong est bien plus qu'un simple athlète performant; il représente l'espoir pour tous les gens atteints d'un cancer et qui ne s'intéressent pas nécessairement au sport », souligne le Québécois Dominique Perras. Armstrong est également soucieux de répondre le mieux possible aux innombrables sollicitations dont il est l'objet. « Il prend le temps de répondre aux courriels, aux lettres. Par exemple, il a signé une casquette pour le père d'un ami atteint d'un cancer », signale Perras.

Cette sollicitude n'empêche pas Armstrong d'être impitoyable sur deux roues. L'ancien cycliste américain Jonathan Vaughters compare d'ailleurs son ex-rival à un « tueur au sang-froid ».

« Je le connais depuis que j'ai 15 ou 16 ans et il n'a pas changé une miette, confie Vaughters, qui dirige la jeune équipe TIAA-CREF en Géorgie. Lance doit être au sommet de tout. Oui, il est un survivant du cancer, oui, il aide tout le monde, mais avant toute chose, il est un gagnant. Il doit gagner. Tout tourne autour de ça. »

Aujourd'hui, à l'occasion de sa dernière course en sol américain, il tentera cette fois de faire gagner son jeune coéquipier Tom Danielson. Des émotions particulières à prévoir, M. Armstrong ?

« Je n'y ai pas pensé, mais je ne crois pas, a-t-il répondu, hier soir, au terme de l'étape glaciale menant au sommet de Brasstown Bald. Je suis très au courant de ce qui se passe. Je suis dans le vélo depuis assez longtemps. J'ai eu mon heure de gloire. Je suis prêt à faire autre chose dans la vie. J'ai hâte au dernier jour en Amérique et au dernier jour sur les Champs-Élysées, dans quelques mois. »

Au diable le mélo, donc. Armstrong a ensuite retrouvé son motorisé. Pas de Sheryl, pas d'hélicoptère. Simplement un gars ordinaire avec un t-shirt à manches longues...


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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