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12 juin 2005

Préparer le gros braquet

À quelques semaines du départ, je n'avais pas le choix. Ou plutôt si : je roulais un 100 km et vérifiais ce que j'avais dans les jambes, ou bien j'oubliais tout ça et retournais mes billets à Swiss.

Il y a longtemps que les copains cyclo ne m'appellent plus. Eux aussi vieillissent, mais ils s'entretiennent, joggent, moulinent, grimpent et tout, tandis qu'un jeune père de famille, ça pousse ou ça tire la poussette, ça n'enroule pas les gros braquets, et les gars qui « roulent » le savent. Pourquoi s'embêter d'un poids inutile. Par amitié ? Vous voulez rire ou quoi ?

Ça fait donc quatre ans que je me farcis les courtes distances et les parcours urbains, que je sillonne les avenues des cimetières en traînant fiston qui prend des kilos et qui, mine de rien, me met la barre de plus en plus haute quand j'attaque les côtes, entre les cyprès et les pierres tombales, contribuant ainsi à une sorte de persistance en filigrane. Quand nous passons sous l'arche de Notre-Dame-des-Neiges pour reprendre Decelles et le chemin de la maison, je suis mort de fatigue, ce qui est de circonstances, mais mon essai est fait, je peux continuer de jouer au père.

Cependant, pour les besoins de la virée que je fais en Suisse, je devais pouvoir rouler au moins 110 km à une vitesse potable sans difficulté, idéalement essayer de réaliser un 170 km avec un restant de dignité. Le temps pressait et le printemps, vous aussi l'avez remarqué, prenait son temps.

Pour vous le donner en mille, cet événement cyclosportif européen auquel je suis convié a lieu précisément aujourd'hui: le Tour du Léman. Que d'aucuns le décrivent comme l'un des plus beaux parcours cyclistes du monde, qu'un autre le décrie comme l'un des plus chromés, voilà qui m'indifférait royalement. Je ne demandais qu'à pouvoir le faire, n'ayant nullement envie de me refuser un épisode entre le col du Grand Saint-Bernard et les Diablerets, entre Montreux et Zermatt. Surtout, n'ayant pas le goût de rater ce rendez-vous avec moi-même puisque la famille mûrit et que j'ai maintenant de nouvelles possibilités; à moi de les saisir ou d'aller crever à l'hospice.

Bref, j'ai pensé à Thérèse, encore une fois.

Se mettre à table
L'hiver a pris fin en douceur et j'ai pu pédaler avant l'arrivée de ce printemps, qui a mis fin à la tendance, frisquet et mouillasseux qu'il a été. Tout au long de l'hiver, j'avais visité le gymnase de Thérèse quand je le pouvais, c'est-à-dire pas souvent. Mais lorsque le voyage s'est confirmé, il m'est revenu à l'esprit qu'il y a 20 ans, en préparation à la première expédition hivernale au K2, j'avais consulté Thérèse. Grâce à sa science subtile et au travail postural qu'elle m'avait alors proposé, j'avais été capable d'atteindre le camp de base de la deuxième plus haute montagne au monde.

Au cours des années qui ont suivi, la gymnastique posturale m'a toujours donné la meilleure préparation pour amorcer une saison de ski de fond ou de vélo.

Cette année, je me suis donc préparé à faire du vélo en Suisse. À 372 mètres d'altitude, je n'aurai pas de mal à respirer, mais après la balade, je devrai peut-être prendre le téléphérique pour retourner à l'hôtel, qui juche à 1116 mètres. Je sens que les lacets pourraient me nouer les jambes...

Alors donc, rien de tel qu'un objectif pour se conditionner, se remettre en forme ou, à tout le moins, chercher à atteindre un certain niveau.

Je termine la journée d'aujourd'hui et vous fais rapport, dès mon retour. C'est mon honneur qui est en jeu.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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