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Été 2005


Guy Thibault

Le Coup de coeur de Guy Thibault :
Robert Van Den Eynde

Nous avons demandé à nos chroniqueurs de nous raconter une histoire de vélo. Guy Thibault nous présente Robert «Eddy Merckx» Van Den Eynde.

Je ne lui ai pratiquement jamais reparlé. Par gêne, par pudeur. Il était mon idole, mon héros. Robert Van Den Eynde. Ou bien était-ce Eddy Merckx ? Je suis devenu coureur cycliste en idolâtrant d'abord les frères Van Den Eynde, surtout Robert, car son cadet Éric est bientôt devenu mon meilleur ami; du coup, il est devenu humain, alors que Robert est resté mythique, à jamais. Eddy Merckx, lui, était et est toujours pour moi le plus grand coureur cycliste de tous les temps, quoi qu'en pensent les « Armstrongistes » qui n'ont pas compris que 625 victoires en carrière embrochant au passage Tours, Giros, Vueltas et record de l'heure sur des bécanes que vous ne seriez pas fier d'enfourcher, ça vaut mieux que tout. Pour moi, Robert ou Eddy, c'était pareil. Deux véritables héros qui ne faisaient qu'un.

La révélation, je l'ai eue un soir où, enfant, j'avais désobéi à mes parents pour me rendre à Longueuil (de Boucherville, ça fait loin à 12 ans) où avait lieu un critérium au crépuscule. Les frères VDE, comme on les appelait, m'éblouissaient par les nervures sur leurs cuisses - minces, félins, racés, ils étaient couchés sur leur vélo avec lequel ils ne faisaient qu'un. Ils représentaient un idéal, bien plus que les vedettes de hockey; ils incarnaient une culture étrangère, étrange... donc fascinante. De vrais pur sang !

Instantanément, je suis devenu belgophile. J'aimais les Belges, pas à cause de leurs Brel, bières, moules, frites, bandes dessinées ou Manneken-Pis, mais à cause des frères VDE qui faisaient la loi dans le Québec cycliste comme Merckx sur la planète.

Pendant sept ans de compétition cycliste, je me suis assidûment entraîné avec eux, en consolidant avec Éric une amitié qui devait durer pour l'éternité - je ne savais pas que plus de 20 ans plus tard, il deviendrait un des entraîneurs nationaux et que je deviendrais conseiller scientifique des entraîneurs nationaux - et en cultivant le mythe de Robert VDE. En course, j'avais de la difficulté à saisir sa roue; dans la vie, je n'arrivais pas à le saisir, lui.

La dernière fois que j'ai roulé avec Robert, c'était avant les Jeux olympiques de Montréal en 1976 - ces jeux ont transformé sa vie parce qu'il les a faits, ils ont transformé la mienne parce que je ne les ai pas faits.

L'année dernière, je suis tombé sur la version vidéo de ce fameux film, La course en tête, un extraordinaire hommage à Eddy Merckx. J'en ai acheté un deuxième exemplaire et je l'ai posté à Robert-mon-idole, en hommage à son immense talent, mais surtout en mémoire de ce qu'il représente pour moi : une culture complexe et fascinante qui n'est pas celle de mon peuple, mais que j'ai voulu embrasser, parce qu'elle m'émerveillait. Mon colis était anonyme; seul indice : je lui avouais qu'il avait toujours été mon idole et que je l'avais associé à Merckx, d'où le cadeau. Alors voilà, Robert Van Den Eynde; si tu lis Vélo Mag, tu sais maintenant ce que tu as toujours représenté pour moi.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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