10 juillet 2005
Une caresse sur la petite tête blonde, un bec sur la tempe, quelques mots comme « on s'en va faire du camping », « on va déjeuner chez McDo » ou « on va faire du vélo avec des tas d'amis ». Le petit a entrouvert les yeux et il a souri en même temps qu'il étirait les bras. Il n'était pas encore 5 h et c'était parti, malgré une petite guidigne qui laissait planer un doute : « Allons, maman, laisse-le partir ! Trois jours dehors, à respirer l'air de la campagne, les vapeurs de fumier et la fraîcheur de la rosée, ça peut juste lui faire du bien ! »
Une expérience de vélo-camping seul avec fiston, donc en mode monoparental, cela peut faire peur. Mais dans le cadre de La Petite Aventure, la virée familiale de trois jours qu'organise Vélo Québec depuis 10 ans, les craintes se dissipent rapidement. L'encadrement est soutenu et raffiné car il se fonde sur plusieurs années d'expérience dans le cyclotourisme sous toutes ses coutures et cela se ressent dès les premiers coups de pédale. Une petite halte pour régler le ghetto blaster du jeunot, deux kilomètres après le départ, et déjà un responsable s'enquiert de notre bien-être. « Tout, va bien ici ? Besoin d'aide ? »
Chaque été, La Petite Aventure tourne autour d'une fête canadian qui se prend bien puisqu'elle commandite le week-end en le prolongeant et permet à de nombreuses familles de venir célébrer la saison chaude sur deux roues et sous la tente. Au départ de Rigaud, on n'agitait pas 1'unifolié, who cares ? Pas même dans le petit bout des circonscriptions ontariennes de Prescott et Russell, où nous avons fait incursion. Des haltes pour faire « meuuuh » avec les vaches et rappeler aux petits comme aux grands qu'il faut boire à petites gorgées mais souvent quand il fait chaud. Tout allait rondement jusqu'à ce qu'une crevaison du pneu arrière vienne s'en mêler à quelques kilomètres de la halte-diner du premier jour alors que mon passager, bien au chaud dans sa remorque, commençait à manifester sa faim.
Au gros soleil, je me disais que ce pépin ne pouvait survenir à un plus mauvais moment. Mais avant que j'aie eu le temps de sortir le petit de la remorque - je devais impérativement défaire le bras adaptateur pour libérer la roue arrière - deux responsables arrivaient à mon secours. Louise et Adel m'ont permis de m'occuper de mon gars tandis qu'ils réparaient la crevaison en moins de deux.
Ombre et orgue
Jamais de ma vie je n'aurais mis les pieds à Sainte-Anne-de-Prescott, en Ontario, si la Petite Aventure ne m'y avait emmené. Pas question cependant d'arriver ici n'importe comment. Le respect de ceux qui nous reçoivent suppose un minimum de saine curiosité. Le carnet de randonnée de même que le journal Le Déchaîne nous parlent des localités que nous visitons et, formulent des suggestions. C'est ainsi qu'on apprend que l'église de Sainte-Anne possède un des plus vieux orgues Casavant encore en usage. Chaque village visité a droit à une petite présentation.
Pendant la halte-dîner, je me suis refait sous dans coin ombragé. En regardant mon gars s'amuser avec le reste de la marmaille dans les glissoires et autres balançoires, je me disais qu'une fois encore, Vélo Québec nous fait découvrir des petites routes de l'arrière-pays parfaitement tranquilles et cyclables. Le carnet de randonnée qu'on nous a remis avant le départ n'ira surtout pas à la poubelle, au retour à la maison. Il va servir de nouveau un jour, c'est écrit drette ici...
Les grands équipements utilisés pour La Petite Aventure - tentes, robinets multiples, chapiteaux, kiosques, etc. - servent aussi pour la Grande Aventure. Ceux qui ont goûté les joies de la vie au Village savent les apprécier.
La première journée ne prendra pas fin sans que j'aie rencontré une bonne douzaine d'amis et connaissances : la grande patronne de Vélo Québec, discrètement mêlée au peloton avec son chum et son fils; Sylvain Beaudry, prof d'éduc, avec sa femme et leurs trois enfants; un collègue en compagnie de sa fille de même que plusieurs employés de l'organisation cyclistes. Voir des gens de Vélo Québec prendre des vacances avec Vélo Québec, ça inspire confiance; c'est comme voir des Chinois manger dans un resto chinois...
Tranquillité d'esprit
Autour de 50 kilomètres par jour avec des boucles facultatives pour ceux qui souhaitent allonger le plaisir, La Petite Aventure offre à ses participants une totale tranquillité d'esprit. Même avec la remorque-enfant, les distances sont praticables - et si on s'en tient au parcours de base, comme je l'ai fait, on roule à son rythme sans se demander à quelle heure on va arriver. On s'en fout carrément, on se préoccupe seulement de son bien-être et de celui de ses complices ou protégés. Et en cas de besoin,,une voiture-balai arpente le parcours, prête à faire monter ceux qui décident d'abandonner (de même que leur monture) ou de simplement abréger l'étape. Cela permet aux plus audacieux, ou aux familles nombreuses, d'y aller gaiement : siège d'enfant derrière la selle, « girafe » (petite monture accrochée à la bicyclette parentale) et remorque attachée à la « girafe ». J'ai vu une maman tirant tout cet attirail avec plein d'enfants dedans, comme si de rien n'était, dans les longues montées qui précédaient l'arrivée, au centre de ski du mont Rigaud. Petite Aventure, grands cyclistes...
Au nombre des quelque 1700 participants, on en voit plusieurs sans enfant, ayant choisi ce voyage pour son format de trois jours, ses distances raisonnables et ses parcours sans difficultés majeures.
Les bagages sont transportés, il va sans dire, et quand on parvient à destination, au bout du parcours quotidien, on se retrouve au Village pour entrer dans l'autre dimension de La Petite Aventure. Ayant trouvé un emplacement pour monter la tente, j'ai aussi trouvé tout à côté une gentille maman et sa non moins gentille fille, Coralie, avec qui mon garçon est resté, le temps que j'aille quérir mes deux sacs de matériel.
Camion Festi-Douches
Une fois la tente dressée, on n'a qu'à profiter de la vie qui, au Village, est drôlement bien organisée sans être le moins du monde contraignante. Pour ne rien rater, il faut lire Le Petit Déchaîné, le canard officiel de La Petite Aventure, car les possibilités sont aussi nombreuses qu'étonnantes. Le Bistro présente un groupe ou un artiste différent chaque jour et il n'y a pas de piquette au rendez-vous, ni sur scène ni dans les verres ! Si la douche du cégep ou de la polyvalente ne vous convient pas, il faut essayer le camion de Festi-Douches, l'eau est encore chaude et la pression est bonne, même quand on est le 350e à se présenter ! Pas faim tout de suite ? Le goût de voir un film avant de souper ? Il y a des jeux pour ceux qui auraient encore de l'énergie à dépenser et pour ceux qui ont passé une bonne partie de la journée à regarder pédaler papa ou maman ! Le cinéma du Village est bien pourvu (L'autre belle famille, Les Choristes, Depuis qu'Otar est parti, Winnie l'ourson et l'éfélant, et d'autres titres). Quant aux repas, ils sont délicieux, généreux et très soutenants: les gros appétits sont comblés.
Sans doute parce qu'on se retrouve entre gens un peu semblables - le goût du vélo et de la bonne vie - on est étonné par la civilité et la gentillesse de tout un chacun. Trois jours sans se faire une seule fois marcher sur les pieds, c'est presque trop beau !
La Petite Aventure a cependant un défaut, et il est de taille : elle a une fin. Après trois jours, c'est fini.
On voudrait juste que ça continue... tout l'été !
LA PETITE AVENTURE
Organisée par Vélo Québec Voyages (à La Maison des cyclistes), 1251, Rachel Est (angle Brébeuf, Montréal. Tél.: 1-800-567-8356 ou 514-521-8356, poste 361 www.velo.qc.ca
Au menu : une région différente chaque année et trois jours, trois étapes d'environ 50 km chacune. Il vaut mieux prévoir sa participation longtemps d'avance car, cette année, l'événement affichait complet (1700 participants) en mars ! On pourra s'inscrire au début de janvier pour la prochaine aventure.
Les femmes sont majoritaires (56 %) à La Petite Aventure (les pourcentages 56-44 étant inversés dans le cas du Grand Tour). Le groupe le plus important est constitué par les jeunes de 17 ans et moins (35%). Les 35-44 suivent avec 27%, puis les 45-54 avec 21%.
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