Cliquez sur >> à droite pour faire disparaître les annonces

24 juillet 2005

La Suisse à pédaler

On dit le Lac ou le Léman, mais pas les deux, c'est une redondance. Mais on ne dit surtout pas le lac de Genève, celui-là c'est pour les Anglais.

À l'occasion du deuxième Cyclotour du Léman, les organisateurs proposaient trois distances : 60 km, soit la distance qui sépare Genève de Lausanne; 110 km, avec traversée en bateau jusqu'à Évian, en France, au départ de Lausanne; et, enfin, un costaud 170 km (lire 176 km), Lausanne, Montreux, Évian, Genève, Lausanne. Chronométrage de chaque participant, ravitaillements bien garnis, encadrement technique et voiture-balai, on se serait presque cru à un Défi métropolitain de Vélo-Québec !

En voyant les horaires proposés - le peloton rapide annonçait plus de 37 km/h de moyenne sur la distance complète - je me suis rabattu sur le 110 km, auquel, heureux hasard, j'avais été inscrit d'office sans l'avoir réclamé. Je voulais surtout faire le Cyclotour en prenant le temps de regarder, de humer le paysage, de parler avec les autres. Pour le reste, notre groupe de 1l Québécois était majoritairement partant de la longue distance. Marie-Josée Gervais, à la tête de la délégation dans le cadre de l'échange entre la Suisse et la Classique internationale de canots du Saint-Maurice, et son ami Donald ont gentiment décidé de m'accompagner.

Les ondées du matin n'avaient intimidé personne, semble-t-il. Au moment de partir, voyant même pointer le soleil, je me suis délesté de mon imperméable, une décision que je n'ai pas eu à regretter.

En coupant à travers le Lac, nous commencions la randonnée par une minicroisière. Notre départ à vélo proprement dit se faisait à Évian, là où même l'eau du robinet, c'est de l'eau d'Évian ! Pour cette incursion en France, personne ne nous a demandé nos passeports. Avoir su, je n'aurais pas trimbalé ce poids inutile dans la poche arrière de mon jersey... Et Donald, lui, se serait tenu à meilleure distance des manoeuvres d'accostage : avant même d'avoir pu donner un coup de manivelle, une négligence des marins l'a fait passer à un cheveu de se faire casser les tibias !

Petit étonnement : des Québécois qui travaillent à Lausanne nous saluent en entendant notre accent. « Si on n'est pas des joueurs de hockey, disent-ils, alors on est infirmiers. Il y a une pénurie à combler. » Des gueules sympathiques, et, surtout, des gens qui ont l'air de se plaire en Suisse. « C'est très agréable de vivre ici », me dit un expatrié de Sherbrooke. Une jeune Suisse nous parle de sa soeur qui vit à Montréal.

Évian, donc. C'est la France, mais on ne perçoit pas de différence - à part les prix des spéciaux du midi aux portes des bistros - 7-8 euros en France, 17-18 francs helvétiques en Suisse, faites le calcul sur www.xe.com. L'ambiance est très méditerranéenne. Nous remontons quelques rues avec l'envie de nous attarder. À peine le temps de se réchauffer, nous voici à Thonon-les-Bains. Entre les haies foisonnantes qui sentent les fleurs fraîchement lavées sous l'ondée matinale, les gens vont baguette sous le bras, miches et ficelles embaument l'air.

Les grappes de cyclistes ne se sont pas encore beaucoup étirées et occupent un espace significatif sur la route, qui demeure ouverte à la circulation. Le parcours nous ramène parfois sur la route principale, assez fréquentée en l'absence d'autoroute dans cette petite enclave française. Quelques automobilistes nous frôlent et la passagère d'une voiture enguirlande les cyclistes. « Dites donc, un coup parti, pourquoi vous roulez pas dans le milieu du chemin ? » Oups ! le Québec profond n'est jamais très loin...

Premier relais, vers le 30e kilomètre, dans la verdoyante campagne piquée de châteaux et de jardins. En avalant une boisson énergétique, nous regardons passer, précédé d'un motard, le premier peloton rapide, qui disparaît en coup de vent. Ils enroulent sérieusement, à 40-42 km/h ! Dans ce groupe, comme dans celui qui m'entoure, les têtes blanches, facilement perceptibles sous le casque obligatoire, sont assez nombreuses. Mais ces baby-boomers sont des hommes, pas de mémés en vue.

À l'approche de Genève, à 50 kilomètres à l'ouest d'Évian, l'ambiance se fait nettement plus lacustre. Le Léman, avec ses voiliers majestueux, ses catamarans et son ciel vacancier, brille d'un bel éclat d'argent. On a l'impression qu'ici tout le monde est sur le bien-être... total.

Le Lac s'enfonce dans une baie où niche la belle Genève, ville mondialement connue mais certes méconnue. La spectaculaire colonne d'eau qui monte en face du quartier des Eaux-Vives est une vieille habituée des cartes postales. La métropole mondiale de la diplomatie se distingue par sa beauté architecturale. Beaux édifices aux balcons débordants de fleurs, certaines édifications sont visiblement récentes mais leur esthétique me donne à penser que les architectes québécois auraient intérêt à voyager un peu...

En sortant de Genève, le deuxième relais annonce le retour sur Lausanne. Le temps est magnifique - ensoleillé sans être pesant - et les « machines » sont bien réchauffées. On amorce alors la route du flanc nord du Léman, avec ses vues panoramiques. Versoix, Nyon, Rolle, Morges. Marie-Josée s'est échappée en avant pour aller ouvrir le stand de la Cyclo-Mauricie sur le site de l'arrivée, Donald et moi roulons avec une belle énergie, mais nous n'hésitons pas à nous arrêter pour immortaliser une jolie scène, un cheval devant un château ou une pancarte qui trahit l'était particulièrement avancé du franglais au pays des Helvètes.

Mettons une chose au clair : il n'y a pas de côtes à gravir autour du Léman, seulement quelques bosses sans importance. Le parcours, dès lors, est relativement plat.

Autre détail : la qualité de la chaussée. Ici on ne se casse pas les poignets... et cette différence avec les routes minées pour ne pas dire minables du Québec, torturées par l'hiver et oubliées par les fonctionnaires, m'ouvre les yeux : il est beaucoup moins fatigant de rouler sur une surface unie. J'avais perdu l'habitude !

C'est donc à l'arrivée que je me suis rendu compte que j'aurais eu la forme pour rouler 170 km. Pas à 37 km/h de moyenne, mais quand même.

Ce sera pour la prochaine fois.

• • • • •

Vers le Cyclotour 2006
Pour être du Cyclotour du Léman, l'an prochain, on peut s'adresser directement à www.cyclotour.ch (un site temporaire hébergé par le commanditaire principal, le quotidien Le Matin), ou se joindre au groupe des Québécois qui sera constitué par l'intermédiaire de La Classique internationale de canots du Saint-Maurice (cyclomauricie.com 819-537-9221). Il convient de souligner que notre présence au Léman se faisait dans le cadre d'un échange avec la Cyclo-Mauricie suscité par Marie-Josée Gervais, cycliste de première classe et femme-orchestre hors catégorie.

Swiss et les vélos
Juste un mot sur le transport des vélos par la société aérienne Swiss. Ceux qui ont trimbalé leur petite reine dans les aéroports savent quelle sorte de cauchemar cela peut représenter. Swiss s'enorgueillit de faciliter la vie de ceux qui font traverser l'Atlantique à leur vélo. Entre le vol Montréal- Zurich et le vol Zurich-Genève, il n'y avait qu'un battement de 35 minutes. Pourtant, à la réception des bagages, à Genève, nos boîtes de vélo étaient là, intactes, et on n'a pas eu à les attendre.

La casse...
Si vous voulez savoir, la prochaine fois, je ne m'embête pas d'apporter ma bécane pour faire le Cyclotour du Léman, j'apporte mes sandales SPD, mes pédales et j'appelle Roland, rue de la Rochelle à Prilly (c'est à Lausanne, 021-624-24-70, www.vtt.ch), pour louer une monture cyclosportive. Pas mal moins de tracas ! La veille du Cyclotour, en effet, en voulant contrôler le remontage de mon vélo, j'ai bousillé le filet d'un manche de pédalier, erreur nounoune mais classique pour ceux qui trimbalent leur petite reine au bout du monde. Heureusement, Roland avait son stand dans le périmètre officiel de l'événement. Il m'a dirigé vers sa boutique où le mécano Sylvain, un passionné de hockey, m'a parlé de Martin St-Louis, et j'ai pris le départ avec un Scott qui a fait belle concurrence à Abdul, mon Argon 18 chéri.

... et Martin's Swiss
Au retour à Montréal, aux prises avec une réparation qui nécessitait le changement du pédalier, une affaire d'environ 160-200 $ sans parler de la main-d'oeuvre, quel ne fut pas mon bonheur de trouver un vélociste capable de réparer le filetage d'aluminium femelle et de remettre en place la pédale et son embout d'acier mâle. Ça s'appelle Martin's Swiss (le hasard, quand même !), un atelier de serrurier et de vélo tout à la fois, situé au 313, rue Victoria, à Westmount (514-481-3369). Facture finale de ma bêtise: 25 $ plus taxes ! Toujours bon à savoir.


page mise en ligne par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
Consultez notre ENCYCLOPÉDIE sportive