Elise Hofer
Suite à sa victoire à la Classique Montréal-Québec et ses performances au Tour de Beauce où il a gagné la 2e étape et porté le maillot jaune pendant deux jours, nous avons décidé de vous faire connaître Dominique Rollin, costaud coureur de 23 ans qui connaît une excellente saison sur la scène québécoise et qui aspire à se joindre à une équipe professionnelle l'an prochain !
À quel âge as-tu débuté le vélo ?
J’ai débuté le cyclisme à l’âge de 11 ans, j’en suis maintenant à ma 12e saison de compétition. J’ai fait mes débuts en vélo dans le club Montérégie où j’ai fait la connaissance de mon entraîneur et bon ami depuis, Pierre Lemay, qui s’occupait de la section élite de l’équipe.
J’ai fait mon secondaire dans le programme sport études qui était offert à l’école secondaire De Mortagne à Boucherville, programme dirigé par Pierre Lemay et qu’il reprend de nouveau cette année.
Peux-tu nous parler de ton cheminement ?
À ma sortie des rangs juniors (17-18 ans), j’ai mis les études légèrement de côté et j'ai joint l’équipe Jet Fuel, seule équipe professionnelle au Canada à ce moment. J’ai couru deux années sous leurs couleurs. Ce fut une belle opportunité pour découvrir le niveau professionnel nord-américain et vivre une belle escapade en Europe. J’ai participé à quelques courses où se trouvaient de grands coureurs notamment Tyler Hamilton, Georges Hincapie et Lance Armstrong.
En 2003, j'ai joint l’équipe amateure française l’UVCA Troyes, en Champagne. Ce fut pour moi une expérience extraordinaire et éducative. J’ai réappris à courir, à lire la course et j’ai fait énormément de travail technique sur ma façon de pédaler afin d’être plus efficace. Le plus dur a été de mettre l’égo de côté et d’accepter de tout reprendre à zéro. Mon travail acharné a porté fruit lors de ma deuxième saison là-bas.
Changement de décor pour ma deuxième année en France, je quitte la chaleur et la sécheresse de la Champagne pour l’humidité et la grisaille de la Normandie. J’ai joint l’USSAPB (Union Sportive Ste-Austreberthe Pavilly Barentin), équipe de division nationale 1 qui fait le circuit des Coupes de France amateur et certaines Coupes du Monde Espoir. J’étais en banlieue de Rouen. Mon début d’année fut particulièrement miraculeux, 4 victoires et plusieurs places d’honneur dont une seconde place lors d’une Coupe du monde Espoir. Mes efforts de l’année précédente ont porté fruits. Mais après une fin de saison en queue de poisson et un désir de vivre d’autres expériences sur mon vélo j’ai fait le choix de revenir aux sources et de courir une année pour le plaisir au Québec.
Je cours présentement avec la formation Gypco – Télé-annonces, une équipe qui fait le circuit des courses québécoises.
Quels souvenirs gardes-tu de la France au niveau des courses, de ton mode de vie ?
J’étais quelque peu déboussolé à mon arrivée, ne sachant trop à quoi m’attendre… (J'habitais à Troyes la première année et à Barentin la deuxième année) Mais, une fois installé, ces deux années ont changé ma vision de mon sport et ma culture générale. Au niveau du sport, c’était pour le mieux !
En France, il y a énormément de spectateurs aux courses, contrairement à ici. Les circuits passent dans les villes pour que la course soit vue de tous. Au départ, il y a aussi trois fois plus de coureurs qu’ici sur des routes deux fois moins larges. Quand tu roules à 200 cyclistes sur une rue large comme une piste cyclable à plus de 50km/h, disons que tu apprends vite à bien te placer et à rouler serré.
En plus d’y apprendre la géographie en pédalant et en se rendant aux courses, j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir les traditions et les spécialités culinaires et artistiques de chaque petite région. Au niveau culinaire, j’étais choyé, champagne, andouillette de Troyes, fromage en Normandie, pain frais de la boulangerie qu’il y avait à coté de chez moi et j’appréciais grandement faire mes courses au petit marché ambulant qui passe dans le village à chaque semaine.
Le cyclisme en France, c’est comme une religion. J’en ai entendu des bonnes : Je ne dois pas marcher car ça fatigue les jambes, ni rester debout trop longtemps. À table, le pain est de mise mais on ne mange pas la mie, parait-il que ça fait engraisser! Vous devriez voir la quantité de beurre qu’ils mettent sur la croûte !
Le travail, les études ?
Lors de mes deux années en France, j’ai fait quelques cours par correspondance. En ce moment, c’est difficile de suivre un programme normal vu que la saison de compétition débute à la mi-février et se termine à la fin octobre.
J’entre à l’ITHQ en restauration en vue de faire une carrière un jour dans ce domaine, après le vélo, bien sûr ! Pour le moment, les notions que je vais y apprendre vont me servir afin de conserver une bonne alimentation variée.
As-tu des commanditaires personnels ?
Cette année fut la première où j’ai dû concilier travail et entraînement, car il m’est impossible de gagner ma vie en cyclisme en restant sur la scène amateur au Québec.
Mis à part le soutien que mes parents me donnent depuis mes débuts, j’ai eu la chance de faire la connaissance d’un mordu de vélo qui importe en Amérique du Nord les vélos Kuota et les produits énergétique Overstim’s. Il m’aide énormément en me fournissant l’équipement nécessaire pour faire une saison de compétition (vélo de route, vélo de contre-la-montre et produits énergétiques pour les courses et la récupération). Son aide m’est inestimable, rendu à mon niveau, il m’est pratiquement impossible de gagner ma vie et assumer les frais d’une saison. Il faut aussi mentionner le support de l’équipe Gypco – Télé-annonce cette année.
Combien d'heures consacres-tu à l'entraînement par semaine ?
Tout dépend où j’en suis dans ma préparation. Par exemple, en hiver je peux faire des 25 à 30 heures car je travaille en endurance et l’été cela varie énormément selon les périodes de repos entre les grosses compétitions et les préparations spécifiques à certains événements importants. Je peux passer de 10h d’entraînement à plus de 20h si je cherche à améliorer mon endurance, mon sprint, ou mon explosivité…
J’ai passé mon printemps en Virginie au camp d’entraînement de Marc Dufour, en tant que guide cycliste pour les clients. J’ai renoué avec le plaisir de rouler pour rouler, chose que je ne faisais plus depuis longtemps car il y avait toujours une compétition qui arrivait et donc un objectif à préparer.
Les courses ou types de parcours que tu préfères ?
Considérant mon gabarit, les circuits plats ou légèrement vallonnés me conviennent mieux. Je réussis bien quand les conditions sont exécrables, froid, vent, pluie. Lors de mes deux années en France, les courses que je préférais étaient les classiques printanières, dites courses de guerrier, du style de Liège-Bastogne –Liège et Paris–Tour. J’ai participé à la version moins de 23 ans qui emprunte les mêmes circuits que ces deux prestigieuses compétitions.
Selon certaines rumeurs, tu pourrais retourner en Europe l'an prochain, as-tu eu une offre dont tu peux parler ?
J’ai le désir de retourner courir en France et je garde la porte ouverte à d’autres offres ailleurs en Europe. Je priorise la France vu que j’ai couru là-bas deux ans et que suis familier avec le type de course. Mais je ne peux rien dévoiler pour l’instant…!
Et l’option de te joindre à une équipe professionnelle aux Etats-Unis ?
Si une offre sérieuse se présente je vais l’étudier, courir aux États-Unis me permettrait de rester plus près de ma famille et de Montréal.
Quelles sont tes prochaines courses cette saison ?
La saison au Québec tire à sa fin. Pour les semaines à venir, je me concentre sur les Mardis cycliste de Lachine où l’équipe figure aux deux premières places au classement général (Sébastien Moquin 1er et Dominique Rollin 2e). Mon dernier objectif de la saison est les Championnats québécois qui auront lieu dans la région de St-Sauveur le 27 et 28 août prochain.
Tes rêves, objectifs… ?
Tout d’abord, signer un contrat avec une équipe professionnelle. Un objectif à long terme serait de participer aux prochains Jeux Olympiques à Pékin. C’est une des raisons pour lesquelles je veux refaire le saut en Europe, afin de prendre de l’expérience de course à un niveau comparable à celui des Olympiques et faire ma place au sein de l’Équipe nationale.
Autres intérêts et passe-temps mis à part le vélo ?
J’aime bien me perdre dans un marché ou une épicerie en cherchant ce qu’il me faut pour me préparer un bon petit repas le soir même ou lire un livre en buvant un espresso. Je me passionne aussi pour la musique, j’aimerais bien apprendre à jouer de la guitare mais, pour le moment, je me contente de l’écouter ! J’ai un penchant pour les groupes inconnus qui sortent de l’ordinaire. Tout dernièrement j’ai commencé à visionner des films à petits budgets, loin des histoires prévisibles à la Hollywood.
Merci Dominique et bonne chance !
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