1er août 2005
1er août 2005
Le vélo bionique d'Asbestos
Vos promenades à vélo ne seront plus jamais les mêmes, promet Jean-Yves Dubé de l'entreprise EPS à Asbestos. M. Dubé est l'inventeur du très novateur système BionX, un moteur-générateur fonctionnant à l'élecificité et qui vous donne l'impression d'être l'homme bionique lorsque vous pédalez sur votre vélo.
Stéphane Champagne
« Ce n'est pas un vélo électrique, mais un système de propulsion intelligente pour les vélos. Le cycliste doit pédaler, mais c'est lui qui détermine s'il veut forcer ou non », précise Jean-Yves Dubé. Gros comme un disque 45 tours, ce moteur-roue entièrement fabriqué par EPS peut être installé au centre de la roue arrière de n'importe quel type de vélo.
BionX offre deux possibilités : créer de la résistance (comme sur un vélo stationnaire) pour le cycliste qui veut faire un exercice plus intense ou, et c'est là le côté merveilleux de la chose, augmenter sa force. Bref, aider le cycliste dans sa propulsion ou lui conférer des aptitudes physiques semblables à celles de l'homme de six millions. En appuyant sur un simple bouton, le moteur multiplie la puissance de poussée du cycliste de 25 %, 50 %, 100 % ou 200 %. Plus on pédale, plus on file rapidement.
C'est effectivement la sensation que nous avons ressentie en essayant un vélo muni du système BionX. Grimper une pente ou rouler sur un chemin plat n'a jamais été aussi facile. Les moulineurs moins doués peuvent facilement avoir une vitesse de croisière (sur le plat) variant entre 25 et 30 km/h.
« Ça corrige les points faibles d'un vélo. Avec notre système, même une personne qui n'a qu'une jambe est capable de monter une pente avec son vélo », explique Jean-Yves Dubé.
Révolutionnant la pratique du vélo, le système BionX vendu 1300 $ bicyclette non comprise, n'est toutefois pas donné. En plus du moteur (qui s'installe en mains de 30 minutes, selon M. Dubé), l'ensemble comprend un petit dispositif de commande (gros comme un tube de rouge à lèvres) et une pile qu'on accroche à la place de sa bouteille d'eau. Le poids du vélo s'en trouve par ailleurs augmenté de quelques kilos.
Mais pour une telle sonune, le consommateur y trouvera son compte, croit Jean-Yves Dubé. Son moteur n'offre aucune friction et ne nécessite aucun entretien. Il peut rouler 72 000 km sans avoir besoin d'être réparé, soutient le président de la PME.p> « C'est deux fois le tour de la Terre, dit-il. Et ça ne coûte environ qu'un cent (0,01 $) pour charger la pile. »
Car, même s'il offie une autonomie de 70 km et qu'il se recharge lorsqu'on roule ou qu'on applique les freins, le moteur de BionX doit être branché environ deux heures sur une base quotidienne.
EPS serait le seul fabricant de moteur-roue pour vélo au Canada, selon M. Dubé. « La concurrence, ce sont ceux qui achètent des conteneurs de vélos électriques chinois et qui les vendent ici (... ). C'est assez ridicule que quelqu'un se cherche un vélo et qu'il sorte du magasin avec un vélomoteur électrique », fait-il remarquer. Selon Patrick Howe, de Vélo-Québec, les ventes de vélos électriques (Ecolocycle, Easy-Go, etc) ou assistés par un moteur électrique (comme le BionX) seraient marginales au Québec, où il se vend bon an mal an près de 600 000 bicyclettes. « C'est encore très cher comme vélo. Mais avec la population vieillissante qui veut se garder en forme et les prix qui vont baisser, ça va gagner en popularité. Il y a aussi le problème de partage des pistes cyclables. Tant que ça demeure du vélo, ça va, mais si ça devient des scooters électriques, il y a un problème et il faudra légiférer. »
Le produit de la PME de 24 employés est depuis peu sur le marché. De un million de dollars en 2004, le chiffre d'affaires de l'entreprise devrait atteindre cette année les quatre millions, espère son président. En décembre dernier, EPS a obtenu une aide de 1,2 millions de Fondaction, le Fonds de développement de la CSN pour la coopération et l'emploi. Du coup, le Fonds est devenu actionnaire de la PME à hauteur de 20 %. Dans ses ateliers, où même les outils de travail ont été fabriqués par lui et son équipe, Jean-Yves Dubé assemble en moyenne 250 systèmes BionX par semaine. Maîtrise absolue du produit est ici un euphémisme. Il aura fallu à M. Dubé sept ans de recherche et trois millions de dollars pour mettre au point son produit. L'homme d'affaires a travaillé 35 ans à son compte dans la réparation de moteurs.
Pour l'heure, BionX est distribué dans plus de 200 boutiques de sport au Canada, dont 135 uniquement au Québec. La PME en a écoulé plus de 2000 à ce jour. Persuadé que son produit n'a pas d'égal, M. Dubé fait le pari d'en vendre 10 000 d'ici 2006. Pour ce faire, il enverra sous peu chez ses détaillants environ un million de coupons donnant droit à l'essai gratuit d'un vélo équipé de son système.
Des policiers de Saint-Jérôme qui patrouillent à bicyclette utilisent en ce moment le système BionX à titre d'essai. EPS a d'ailleurs travaillé trois ans avec le géant américain Smith & Wesson (le célèbre fabricant d'armes à feu) pour la conception d'un vélo destiné aux policiers. Même le constructeur allemand BMW étudie la possibilité de mettre en marché sa propre gamme de vélos, mais dotés du moteur de l'entreprise d'Asbestos. À suivre...
À très court terme, la PME va tenter une percée du côté américain, en Californie, en Nouvelle-Angleterre et sur la côte ouest de la Floride.
L'Europe, où les vélos assistés par un moteur électrique seraient plus répandus, est également dans la mire de Jean-Yves Dubé, pour qui l'exercice physique est une priorité.
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EPS
Année de fondation : 1997 |
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