24 août 2005
Bauer croit à l'innocence d'Armstrong
Steve Bauer soupire en éteignant son cellulaire. Un reporter de la télé veut l'interviewer sur les nouvelles allégations de dopage concernant Lance Armstrong, son ancien protégé dans l'équipe Motorola. Ce n'est pas la première fois qu'on lui pose LA question et l'ex-porteur du maillot jaune au Tour de France est un peu fatigué d'y répondre.
Bauer est en plein milieu d'une entrevue et La Presse ne ratera pas l'occasion offerte par cette interruption téléphonique... Donc, Steve, qu'en pensez-vous ?
L'orgueil de Fenwick, en Ontario, laisse échapper un long rire avant de poser une série de questions sur cette histoire révélée hier par L'Équipe et dont les détails lui échappent.
« Qui a confirmé ? Est-ce que ce sont bel et bien les échantillons de Lance Armstrong ? Qui croire ? Le labo, la presse, la personne qui a payé le labo ? C'est suspect, non ? » a demandé Bauer, hier après-midi, quelques heures avant une présence spéciale aux Mardis cyclistes de Lachine.
Jusqu'à preuve du contraire, Bauer croit à l'innocence d'Armstrong, un coureur pour qui il a été un mentor à ses débuts chez les professionnels avec l'équipe Motorola, en 1993.
« Lance est un athlète phénoménal. Il a gagné sept Tours de France et il l'a fait de façon légitime, clame Bauer. Ils essaient toujours de prouver qu'il aurait pris de la dope. Ils n'ont jamais réussi. »
Le scepticisme de Bauer est alimenté par le moment où l'enquête de L'Équipe est publiée, soit moins d'un mois après la retraite du septuple vainqueur du Tour de France.
« S'ils voulaient avoir un quelconque impact, pourquoi n'ont-ils pas sorti ça au cours des trois dernières années, alors qu'une enquête policière poussée était en cours ? Pourquoi ne sont-ils pas allés au laboratoire à ce moment-là ? Pourquoi maintenant ? Il y a tout simplement trop de zones grises, trop de non officiel, de non légitime », pense l'athlète de 46 ans, qui a des contacts périodiques avec Armstrong.
Le vélo, la victime
De façon plus globale, Bauer croit que le cyclisme est en quelque sorte victime de sa lutte intensive contre le dopage. « L'UCI (Union cycliste internationale) tente de restreindre l'utilisation de produits interdits depuis que j'ai commencé à courir, en 1975. Parmi les sports professionnels, le cyclisme est un leader dans la lutte contre le dopage. C'est également le sport qui a la plus mauvaise réputation parce qu'il traque les athlètes et trouve des cas positifs. »
Si les grands sports professionnels nord-américains avaient des systèmes de contrôle antidopage identiques à celui du cyclisme, les cas positifs seraient beaucoup plus nombreux, estime Bauer. « Pensez-vous que les joueurs de hockey passent à travers les séries sans rien prendre ? Le cyclisme n'est pas le pire sport. »
Il a toujours pourfendu le dopage
Au faîte de sa carrière, Bauer, qui a toujours eu la réputation d'être un coureur propre, a ouvertement pourfendu l'utilisation de produits dopants, une attitude qui n'était pas nécessairement la norme à l'époque.
« Andy Hampsten, Greg Lemond, Phil Anderson - des anglophones en général - et moi, on faisait partie d'une nouvelle génération et on ne mâchait pas nos mots sur le sujet. Pour nous, c'était la meilleure façon d'attaquer le dopage et de se donner une meilleure chance en course. C'était à l'époque où on sentait qu'on pouvait gagner. »
Mais au tournant des années 90, Bauer a commencé à voir des inconnus le devancer au même moment où de nouvelles substances faisaient leur apparition. « Avec le recul, après ma retraite (en 1996), je voyais qu'ils n'étaient pas en mesure de détecter toutes les substances et je me disais presque : Pourquoi se donner tout ce mal ? »
Presque 10 ans plus tard, Bauer refuse néanmoins de se laisser gagner par le cynisme. Si on baisse les bras, dit-il, les jeunes cyclistes croiront que le dopage est incontournable pour gagner. « La vraie réponse, c'est de continuer d'être un leader dans la lutte contre le dopage. »
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