27 septembre 2005
Des détaillants canadiens de vélos
dénoncent la future surtaxe de 30 %
L'Association des détaillants indépendants de bicyclettes du Canada (DIBC) a dénoncé hier la surtaxe de 30 % qu'Ottawa envisage d'imposer sur les produits importés d'Asie.
Laurier Cloutier
Et cela a déclenché une virulente guerre de mots entre détaillants et fabricants. Le Tribunal canadien du commerce extérieur a recommandé au gouvernement fédéral, le 2 septembre dernier, d'imposer une surtaxe de 20 à 30 % durant trois ans pour protéger les fabricants du pays contre les concurrents asiatiques, en particulier de la Chine et de Taïwan.
Mais l'Independent Bicycle Retailers of Canada, de North York, en Ontario, ne l'entend pas ainsi et en profite pour s'en prendre à deux fabricants du Québec et à leurs vélos de « bas de gamme », selon ce regroupement de l000 boutiques qui emploient plus de 5000 travailleurs.
Le Groupe Procycle, de Saint-Georges-de-Beauce, et, Raleigh Canada, de Waterloo, près de Granby, par ailleurs les deux leaders des vélos canadiens, avec plus de 50 % de la production, ont demandé à Ottawa cette surtaxe, en audiences publiques.
Cette surtaxe ne serait « qu'une nouvelle mesure destinée à protéger deux assembleurs de bicyclettes de bas de gamme du Québec, mais qui provoquerait une hausse des prix pour les cyclistes canadiens », selon un communiqué, de la DIBC. Le porte-Parole au Québec, Éric Frimeau, par ailleurs propriétaire de Primeau Vélos, de Brossard, a nié que son groupe de détaillants canadiens se lance dans le Quebec bashing .
« La surtaxe entraînerait en outre des pertes de ventes et d'emplois chez les détaillants, en plus de constituer la mesure la plus sévère du monde imposée sur les véhicules les plus verts qui soient », ajoute le communiqué de la DIBC.
Le président de Procycle, Raymond Dutil, a répliqué que « la surtaxe ne s'appliquerait que sur les vélos importés de moins de 500$ (prix de détail), pas sur tous les produits », ce que le communiqué de la DIBC passe sous silence. « Les ventes des détaillants ne baisseront pas », a assuré Raymond Dutil, et « Procycle ne fabrique plus du bas de gamme comme il y a 15 ans. À ses usines de Saint-Georges et de Vancouver, Procycle assemble des vélos Rocky Mountain qui se vendent jusqu'à 8000 $ et dont la moitié est exportée en Asie, en Europe et aux États-Unis. » Par contre, Raleigh fabrique de nombreux vélos bas de gamme, a-t-il dit.
La surtaxe va favoriser les grandes surfaces, conune Wal-Mart, Zellers et Canadian Tire, aux dépens des boutiques SPécialisées, a déploré Éric Primeau.
Des importateurs et le fabricant-importateur Trek, des États-Unis, font pression sur les boutiques - laissant croire que les prix de toutes les importations vont grimper - et des détaillants prennent panique, a déclaré Raymond Dutil. « La semaine dernière, Procycle a pourtant annoncé que ses prix ne monteront pas en 2006. »
Les vélos importés sont déjà frappés par des frais de douane de 13 % et des droits antidumping variant de 5 à 50 % imposés depuis 10 ans contre les vélos de Taïwan et de la Chine, selon la DIBC. Le leader mondial Giant dénonce ces mesures.
En important 90 % de leurs cadres et composantes de vélos pour les assembler au Canada, Procycle et Raleigh échappent à ces diverses taxes, selon la DIBC. L'intérêt du public ne serait pas bien servi par une surtaxe, ajoute la DIBC. « C'est absurde », selon Peter Lilly, de Cycle-Path, de Toronto. « C'est scandaleux que les cyclistes canadiens, mes employés et l'environnement soient tous sacrifiés pour renflouer deux fabricants non concurrentiels qui n'ont pas su s'adapter après 15 ans de protection commerciale », a enchaîné Mike Theil, de Bicycle Sports Pacific, de Vancouver.
« Ce n'est pas juste pour les détaillants indépendants, a renchéri Éric Primeau. J'ai déjà vendu des vélos québécois, mais je me suis tourné vers Trek et Giant et leurs produits plus concurrentiels avec lesquels on peut faire de meilleurs profits. » Des boutiques se préparent à majorer leurs marges de profit, a déploré Geoffrey Kubrick, avocat des manufacturiers canadiens de vélos.
Les importations, qui ont presque doublé en cinq ans, ont forcé Procycle à sortir de la fabrication des marques privées. Le nombre d'emplois a chuté de 550 à 275 chez Procycle, comparativement à 250 chez Raleigh. Les deux compagnies craignent de devoir fermer leurs usines devant le déluge des importations. Et Raymond Dutil n'a jamais entendu parler de cette association DIBC !
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