Gilles Le Roc'h
MADRID (Reuters) - C'est l'année de Tom Boonen et dans le crépuscule d'une saison qu'il a auréolée de succès prestigieux, le Belge est devenu champion du monde dimanche à Madrid.
Faisant valoir sa puissance, sa rage de vaincre et la formidable unité de la sélection belge, il s'est imposé sans discussion devant l'Espagnol Alejandro Valverde et le Français Anthony Geslin.
Ce championnat fut soporifique jusqu'à 50 kilomètres de l'arrivée mais il est étonnant de constater que l'équipe qui a le plus cherché à "endormir" la course, l'Italie, soit finalement passée au travers dans la dernière ligne droite.
L'Italie, misant tout sur son sprinteur Alessandro Petacchi, a passé la majeure partie de la course à économiser ses gregarii d'autant que les représentants de petites nations cyclistes (Biélorussie, Argentine notamment), salariés par des équipes transalpines se dévouent pour assurer le tempo du peloton.
Cette situation, habituelle dans cette course anachronique, avait le don néanmoins d'agacer l'Espagne.
Le pays hôte avait tout misé sur Alejandro Valverde, absent des courses depuis son abandon dans le Tour de France et qui a démontré, aujourd'hui, combien les Espagnols, décidément, savent se préparer sans passer par la compétition.
L'Espagne était encore plus agacée quand à trois tours de l'arrivée, une échappée de dix coureurs a pris forme sous l'impulsion d'Oscar Pereiro, le combattif du Tour de France.
Une échappée royale, à vrai dire, puisque Pereiro était accompoagné de ses compatriotes Martin Perdiguero et Alejandro Valverde mais également du malin Paolo Bettini.
Avec l'aide de réprésentants d'autres nations servant encore les Italiens, qui, eux ne bougeaient pas, le peloton revenait à 15 secondes à 20 kilomètres de l'arrivée.
Les Belges plus malins
Tout était à refaire.
"Les Italiens ont acheté tout le peloton," se lamentait Francisco Mancebo. "C'est une honte."
Sans doute, l'attaque de Paolo Bettini dans le dernier tour, a t-elle causé la perte d'Alessandro Petacchi.
La vitesse des trois derniers tours (46 km/h) a eu raison de sa résistance.
Les attaques en saccade d'Alexandre Vinokourov, présent en tête avec Paolo Bettini et le Néerlandais Michaël Boogerd, ont achevé de déstabiliser une squadra azzurra écervélée.
Finalement, c'est la Belgique qui a le mieux couru et Tom Boonen, royal dans un sprint en faux-plat montant, est devenu le premier Belge champion du monde depuis Johann Museeuw.
Ce sacre, il le doit en grande partie à son habituel grand rival Peter Van Petegem qui s'est sacrifié pendant trois kilomètres pour le replacer en tête de course.
Boonen vainqueur, Valverde deuxième et sauvant l'honneur local, la bonne surprise est venue d'Anthony Geslin, troisième et premier médaillé français depuis Jean-Cyrille Robin en 1999.
"C'est incroyable d'avoir gagné en une saison le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, deux étapes du Tour de France et le championnat du monde," disait Tom Boonen.
"J'ai 24 ans et je pense que si je continue ainsi je vais pouvoir gagner beaucoup de belles courses."
Son prochain objectif devrait donc être Milan-San Remo, la seule grande classique remportée par Alessandro Petacchi à ce jour.
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