VÉLOPTIMUM |
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MONTRÉAL, 25 juillet 2000 - Coup de théâtre dimanche soir lors de la finale du 200 mètres messieurs des sélections olympiques américaines d’athlétisme. Michael Johnson et Maurice Greene, respectivement détenteur du record mondial et champion du monde de la spécialité, n’ont pu franchir la ligne d’arrivée, tous deux victimes d’une blessure à une jambe. Résultat, ils ne pourront s’aligner sur 200 mètres à Sydney. S’ils ne couraient tous deux une autre distance, le 100 mètres pour Greene et le 400 pour Johnson, pour laquelle ils s’étaient qualifiés auparavant, ni l’un ni l’autre n’aurait fait le voyage en Australie.
Tout ça pour vous dire que dans le sport il y a toujours deux clans: les «élus»... et les autres.
Dans trois semaines jour pour jour, l’Association olympique canadienne (AOC) dévoilera officiellement à Montréal l’équipe qui nous représentera à Sydney. Plus de 300 athlètes en feront partie. Trois cents athlètes qui ont trimé dur pour en arriver là et qui peuvent d’ores et déjà être fiers de ce qu’ils ont accompli.
Mais il ne faudrait pas oublier... les autres.
Pour un Alexandre Despatie qui, à 15 ans, sera le plus jeune membre de l’équipe, il y a un Tony Revitt, 27 ans, qui a vu ses derniers espoirs olympiques s’envoler en juin lors des sélections canadiennes de plongeon et qui en a pleuré, tout seul dans un coin. Il y a aussi une Myriam Boileau qui s’est exilée à Calgary pour s’entraîner et qui a échoué une seconde fois dans sa tentative d’obtenir un billet pour les Jeux olympiques.
Pour une Geneviève Jeanson soulagée d’avoir déjoué toutes les embûches, il y a une Annie Gariépy déçue et surtout impuissante face à la stratégie de Jeanson, Lyne Bessette et Clara Hughes, qui se sont entraidées dans la course sur route des Championnats canadiens de cyclisme pour s’assurer les trois places disponibles au sein de l’équipe olympique.
Pour une Jacinthe Taillon qui vivra une première expérience olympique à Sydney, il y a une Kasia Kulesza, son ex-partenaire de duo, médaillée d’argent à Atlanta en 1996 avec l’équipe canadienne de nage synchronisée, qui n’a pas été sélectionnée cette fois-ci. Il y a aussi une Valérie Hould-Marchand, mais ça c’est une autre histoire... pas tellement sportive d’ailleurs.
Pour une Josée Marsolais, une Marie-Claude Deslières, une Isabelle Auger et toutes leurs coéquipières, qualifiées «historiques» puisqu’elles prendront part au tout premier tournoi olympique féminin de water-polo, il y a tous leurs confrères de l’équipe nationale masculine qui n’ont pas réussi leur pari et qui resteront à la maison.
La liste, vous vous en doutez, est longue, très longue...
On dit souvent qu’après les Jeux olympiques, les gens ne se souviennent que des médaillés d’or, alors vous pensez bien que ceux qui ne se sont même pas qualifiés, on les oublie vite... trop vite.
C’est pourquoi aujourd’hui je veux rendre hommage à tous ces «exclus». Des athlètes qui forment tout de même, ne l’oublions pas, l’élite sportive du pays et, bien souvent, du monde. Des athlètes talentueux qui ont travaillé aussi fort que les «élus» et fait autant de sacrifices, mais qui par manque de chance, excès de stress ou encore mauvais «timing», n’ont pas réussi à se tailler une place au sein de l’équipe olympique canadienne. Des athlètes qui méritaient sans doute d’aller à Sydney eux aussi et qui, j’en suis sûre, auraient tout aussi dignement représenté le pays.
Certains sont encore assez jeunes, ou assez motivés, pour se dire «je continue encore quatre ans» et poursuivre leur carrière sportive. D’autres raccrocheront bientôt, si ce n’est déjà fait, en ayant, peut-être, exploité leur potentiel au maximum, mais sans avoir jamais atteint leur rêve olympique.
Triste réalité du sport.
À très bientôt,
Anik de Repentigny
Radio-Canada Sports
une page mise en ligne le 26 juillet 2000 par SVP