les "chroniques vélo"
de Paul Roy

15 mars 1998

Les suspensions continuent de se démocratiser

La cuvée vélo 1998 ne fera pas de nous de meilleurs cyclistes - Shimano ne fabrique pas encore de quadriceps refroidis à l'huile, ni Campagnolo de réducteurs de rythme cardiaque. Mais elle pourrait faire de nous des cyclistes moins meurtris.

Les boutiques regorgent en effet de vélos suspendus en ce début de saison. Suspensions avant, suspensions intégrales, selles à ressorts, tiges de selles et potences à amortisseurs, débattements de quatre, cinq et même six pouces ...

«De plus en plus de gens, les baby-boomers en particulier, recherchent le confort», explique Éric Primeau, de Primeau Vélo, à Brossard.

Des suspensions, on en voit depuis un bail. Mais chaque année, elles se raffinent et se démocratisent.

Tomber en bas de sa selle
L'an dernier, Raleigh en a fait tomber plus d'un en bas de sa selle en proposant un vélo à suspension intégrale pour 679$. Une sympathique imitation, bien sûr, mais tout de même... Cette année, on trouve des bécanes à suspension intégrale à moins de 500$ (!), dont deux du manufacturier montréalais Victoria Precision.

À ce prix-là, vous vous en doutez peut-être, on n'obtient pas une monture très agile. Le Minelli que nous a montré Philip Stanimir, président de Victoria Precision, était lourd, et son débattement, sa finition et ses composantes étaient modestes.

Larry Koury, directeur général pour le Canada du manufacturier américain Specialized - qui fait dans le haut de gamme -, ne snobe pas pour autant cette «nouvelle vague» de vélos à suspension intégrale. «Bien des petits gars vont être aux oiseaux avec ça», dit-il.

«Ce type de vélo, c'est surtout fait pour impressionner le petit voisin», confirme d'ailleurs Alain Garceau, directeur des achats à La Cordée.

Mais la vraie démocratisation de la suspension intégrale, c'est ailleurs qu'on la retrouve, plus précisément dans le créneau des vélos de montagne d'environ 1500$. «Il y a cinq ans, un vélo à suspensions avant et arrière coûtait 2600$, explique Larry Koury. En 1998, la même technologie, mais en plus efficace et plus performante, se détaille à 1579$.

Procycle, de Saint-Georges, en Beauce, innove ce printemps en offrant un Mikado hybride (croisement entre un vélo de montagne et un vélo de route) à suspension intégrale pour 1500$.

«Le débattement est de trois pouces pour le cadre et d'un pouce et demi pour la fourche», précise Yvan Rodrigue, gérant de produits pour le manufacturier beauceron.

Équipé de dérailleurs Shimano LX, ce vélo possède 24 vitesses et est d'avantage conçu pour le confort que pour la performance, signale M. Rodrigue.

Procycle offre également pour la première fois une suspension avant sur son Mikado D'Iberville, un vélo de cyclotourisme. Cette fourche ajoutera quelques grammes et 150$ au prix de base de 1150$ du D'Iberville.

L'an dernier, Cannondale a proposé un nouveau type de vélo : le «freeride». Ce printemps, la plupart des principaux manufacturiers lui emboîtent le pas avec un ou quelques modèles.

Le freeride est un croisement entre un pur vélo de descente et un vélo de cross-country. Sa géométrie et sa suspension intégrale à fort débattement l'apparentent au vélo de descente, sa transmission à trois plateaux (le descendeur n'en a qu'un) le rapproche du cross-country. Dans les 1600$ ... et plus.

Côté freins
Côté freins, le modèle dit en V, un cantilever plus souple et plus puissants qu'on retrouvait sur des vélos de plus de 700$ l'an dernier, fait son apparition sur des montures beaucoup plus modestes (autour 300$) cette année.

Chez les vélos de route, que certains de nous aiment bien, mais qui ne représentent qu'une petite portion (5 ou 6%) du marché, la nouveauté réside dans l'apparition plus fréquente des neuf pignons à l'arrière (pour les amateurs de performance), et des trois plateaux à l'avant (pour ceux qui veulent sourire jusqu'en haut de la côte).

À peu près tout le monde s'attend à une saison convenable, côté ventes. «Pas comme les années 90-91, dit Éric Primeau, mais l'industrie est en forme.»

Le dollar américain face au yen
«On retrouve beaucoup d'innovations avec bénéfices-client, signale Larry Koury, de Specialized. Autre avantage : en 1995, un dollar US valait 80 yens - plusieurs pièces et composantes viennent du Japon. Aujourd'hui, c'est 127 yens !»

- Et ça donne de meilleurs prix ?
- Ça nous permet de maintenir les prix et d'ajouter de la valeur aux produits.

Longtemps délaissés de ce côté-ci de l'Atlantique, les «vrais» vélos de ville - ceux, entre autres, équipés de dérailleurs internes à quatre ou sept vitesses - effectuent un certain retour depuis quelques années. Plusieurs manufacturiers en proposent d'intéressants. Cela ne règle cependant pas le problème principal des vélos de ville : le vol.


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