les "chroniques vélo" |
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25 mars 1996
L'avenir est aux suspensions
Dans dix ans, les vélos d'aujourd'hui auront l'air démodés
L'avenir est aux vélos suspendus. À l'avant et à l'arrière. Et pas juste pour les trippeux, comme maintenant. Pour les cyclistes du dimanche aussi ! C'est Jim Rennie qui le dit. M. Rennie, c'est le gourou de l'industrie des articles de sport au Canada. Il publie un bulletin (Jim Rennie's Sportsletter) destiné aux professionnels, dans lequel il décrit les tendance du marché.
«Dans dix ans, prédit-il, les vélos d'aujourd'hui vont avoir l'air très vieux.»
Essentiellement, les améliorations vont porter sur le confort. En commençant par les suspensions.
Depuis quelques années déjà, on peut voir des suspensions doubles (avant et arrière) sur plusieurs vélos de montagne haut de gamme. Mais à partir de cet été, dit Jim Rennie, on va commencer à en voir sur des vélos beaucoup plus ordinaires. Et dans un avenir pas très éloigné, quelques années tout au plus, on en verra sur à peu près tous les types de vélos hybrides, coursiers ...
Dans le haut de gamme, on va continuer de viser la performance : absorption maximale des bosses, agilité, stabilité. Sur les vélos plus ordinaires, les suspensions seront calibrées pour le confort. Les nids-de-poule n'ont qu'à bien se tenir !
«Avant, il fallait payer 1200$, 1300$ pour un vélo à suspension double, dit Jim Rennie. Cet hiver, à la foire de Toronto, j'ai vu un Raleigh full suspension à 679$.»
François Sylvestre, vendeur chez ABC, avenue du Parc, a vu ce vélo à l'exposition de Toronto, en janvier. «Je ne l'ai pas aimé, dit-il. L'idée est bonne, le design est bon, mais la suspension arrière m'a semblé beaucoup trop rigide.»
Qui plus est, à ce prix, on ne peut s'attendre à trouver un cadre et des composantes haut de gamme. Et on n'en trouve pas non plus. Quoi qu'il en soit, ABC, qui vend d'autres produits Raleigh, a choisi de ne pas offrir ce Cyclone FS à ses clients.
Yvon Bouchard, de la boutique Le Vélociste, avenue Papineau, en avait un en montre, lui. «C'est une imitation de vélo haute performance, admet-il. Je ne le conseillerais pas à quiconque voudrait faire du vélo de montagne sérieusement. Il ne faut pas trop s'exciter avec ça.»
Jeux olympiques
Robert Voyer, de la boutique Cyclepop, rue Rachel, pense aussi que l'été 96 sera celui de la suspension double.
Comme d'autres, il croit que les Jeux olympiques d'Atlanta, dans quelques mois, qui comporteront pour la première fois des épreuves de vélo de montagne, contribueront à l'essor des suspensions doubles. «Ça va faire découvrir le sport», dit-il.
Et cela, même si le vélo de montagne, de l'avis de tous les spécialistes, semble arrivé à maturité».
- C'est-à-dire ?
- C'est-à-dire qu'aujourd'hui, tout le monde a son vélo de montagne, répond Louis Garneau. Comme à un moment donné, tout le monde a eu son dix vitesses.
- On en vend moins ?
- Oui, et ça crée des surplus d'inventaire.
Confort et cuissards
M. Garneau, un ex-coureur cycliste, fabrique des casques, vêtements et autres accessoires sportifs portant sa griffe.
Selon lui, la recherche du confort se constate même dans les vêtements. «Moins de mode disco, de couleurs fluo, de maillots serrés. On va vers des couleurs de terre, des maillots plus amples. Et on remplace le cuissard par une culotte de coton, on est plus grunge.»
Cela correspond aussi avec une nouvelle philosophie du sport et de l'exercice, dit-il. «Avant, l'exercice, fallait faire ça comme une recette de gâteau. Aujourd'hui, on remplace la course par la marche et on ne tient plus à avoir les pneus les plus minces (pour les vélos de course) ou les plus tracteur (pour les vélos de montagne), on veut juste aller en bicycle.»
Margaret Caldwick, responsable de l'étude de marché du magazine Vélomag, a constaté le même phénomène. «Les baby-boomers vieillissent et recherchent davantage les plaisirs plus doux de la vie», dit-elle.
D'un vélo, ils exigeront moins de performance et plus de confort.
On assistera d'ailleurs à un petit engouement pour le vélo de cyclotourisme, cet été, prévoit Mme Caldwick. Un conseil, donc : ne vous débarrassez pas tout de suite de votre Mikado Gaspé 1986. Pendant que vous aviez le dos tourné, il est revenu à la mode !
Le vélo de cyclotourisme, c'est ce bicycle aux poignées recourbées et à l'empattement long, qu'on charge de sacoches et qu'on entraîne sur les routes ondulées du Vermont ou de l'Estrie.
Quelques fabricants réinvestissent doucement ce marché. L'entreprise beauceronne Procycle (Peugeot, Vélo-Sport etc.) ressuscite le nom Mikado qu'elle utilise pour une nouvelle gamme de vélos de cyclotourisme.
«Au Québec, on sent une demande et je crois que le Grand Tour y est pour quelque chose», dit Pierre Fortin, responsable du marketing chez Procycle.
Mikado, une entreprise québécoise qui se spécialisait dans le cyclotourisme, s'est éteinte il y a quelques années, victime de la désaffection pour ce type d'activité, à mesure que proliféraient vélos de montagne, hybrides et vélos de course.
Cruisers et BMX
Mais si vous êtes un boomer ordinaire et que vous envisagez de vous acheter un vélo, pas dans cinq ans, mais cet été, il y a de fortes chances que ce sera un hybride (poignées droites, roues plus grandes et plus étroites qu'un vélo de montagne, etc.)
«Pour 80% de notre clientèle, le vélo idéal, c'est l'hybride», dit Alain Garceau, acheteur au magasin La Cordée.
-Et le vélo de ville ?
- Le marché reste très petit. Tout de même, Specialized offre un vélo de ville, le Globe, cette année, qui ressemble un peu aux bicycles hollandais. Mais pour le moment, ça reste marginal.
À surveiller également cette année, le retour des cruisers et des BMX. Les premiers sont de gros bicycles à pneus baloune et à l'allure rétro ; les seconds de drôles de petites affaires conçues pour l'acrobatie et autres galipettes.
Les BMX, dit-on, font un malheur sur la côte ouest. Reste à savoir dans quel sens soufflera le vent cet été.
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