les "chroniques vélo" |
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11 juillet 1997
Le P'tit Train n'aimait pas les côtes
Je viens de pédaler 200 kilomètres sans me faire tasser sur l'accotement par un Winnebago, sans me faire klaxonner et sans me faire ronger le mollet par un bouvier-bernois au bord de la crise de nerfs. La beauté du parc linéaire le P'tit Train du Nord, c'est ça.
Si en plus, je n'avais pas aimé grimper, ce qui n'est pas le cas, j'aurais été servi : les emprises de chemins de fer sont toutes désespérément plates - les trains sont allergiques aux côtes. Et celle du P'tit Train du Nord, qui s'étire de Saint-Jérôme à Mont-Laurier, affiche une pente moyenne de deux pour cent ! Plat, faux-plat, re-plat, re-faux-plat ... Bzzzz ! Mais bon, tout le monde n'est pas Marco Pantani.
J'ai parcouru le parc linéaire en deux jours cette semaine. Du nord au sud. De Mont-Laurier à Saint-Jérôme. Alors je vous en cause un brin.
Pourquoi du nord au sud ? Ça me semblait plus pratique : je laissais mon auto à Saint-Jérôme et le service de navette Vélo du Nord (514-436-3637 ou 1-888-500-VELO) me hissait jusqu'à Mont-Laurier. Ne me restait plus qu'à rentrer sur Saint-Jérôme. Une collègue - et amie ! - que je ne nommerai pas a suggéré : «Hum ! Et tu pourrais ajouter que du nord au sud, c'est plus facile ...»
Peut-être, Michèle. Mais après avoir parcouru les 200 kilomètres, je ne saurais vous dire si j'ai plus descendu que monté. Les faux-plats m'ont toujours confondu.
D'ailleurs, en examinant la carte (reproduite ci-contre) de l'excellent guide publié par l'Association touristique des Laurentides, on note un nombre égal de montées et de descentes. Mais la pente qui m'a semblé la plus prononcée était celle indiquée au bas de la carte, entre Val-Morin (kilomètre 37) et Mont-Rolland (kilomètre 25). Et celle-là, je l'ai descendue.
En minibus, le trajet Saint-Jérôme-Mont-Laurier s'effectue en deux heures. Le retour, en vélo, se fait généralement en deux, trois ou quatre jours, avec couchers sous la tente ou en auberge. Les 200 kilomètres peuvent aussi se faire en une journée, et on m'a même parlé de cyclistes qui se tapent l'aller-retour (400 kilomètres !) en une journée. Il faut être drôlement costaud.
Parce que s'il n'y a pas de côtes dignes de ce nom, la piste - impeccable, soit dit en passant - est en gravelle. Et comme m'a dit ce cycliste de Rouyn-Noranda qui tirait avec grand-peine une remorque de sa confection, «la gravelle, c'est pas mal plus tirant que l'asphalte».
Selon Jean DeGarie, de Vélo du Nord, plusieurs cyclistes choisissent l'aller simple en quatre jours - dans une ou l'autre des directions - avec couchers à Nominingue, Mont-Tremblant et Sainte-Agathe. «Cinquante kilomètres par jour, explique-t-il, le monde est à l'aise avec ça.»
Cela dit, la majorité des visiteurs ne franchissent que des portions de la piste. S'ils viennent de l'extérieur de la région, ils peuvent stationner leur Pontiac à différents endroits et rayonner à partir de là. La piste est également fréquentée par nombre de ses riverains qui l'utilisent pour se rendre à l'épicerie ou au village voisin.
C'est le cas de Simon Gervais, 12 ans, et Julie Pelletier, 13 ans, rencontrés mercredi matin à Mont-Tremblant. «On prend la piste cyclable pour aller jouer au tennis.»
- C'est long ?
- Une vingtaine de minutes.
Selon M. DeGarie, c'est le tronçon entre Sainte-Agathe et Mont-Rolland (environ 25 kilomètres) qui est le plus fréquenté, particulièrement le dimanche. Pour éviter la cohue, j'ai choisi de partir mardi de Mont-Laurier et coucher à Mont-Tremblant. Jour un : 109 kilomètres ; jour deux : 91 kilomètres.
Quelques cyclistes rencontrés durant ces deux jours m'ont avoué avoir préféré la portion nordique, entre Mont-Laurier et Labelle. «Plus beau, plus sauvage», m'ont-ils dit.
Personnellement, j'y ai surtout vu des rangées d'épinettes. À tout prendre, j'ai préféré le coin de Mont-Tremblant, Saint-Jovite, Saint-Faustin... Plus touristique, mais moins rectiligne. De beaux lacs - des Écorces, Nominingue, Mercier - tout le long du parcours ; des rivières - du Nord, Doncaster, la Rouge ; des montagnes, des ruisseaux, des chutes, des petits ponts de bois. Mais guère de paysages à couper le souffle.
Dans la partie sud, au nord de Saint-Jérôme, on voit beaucoup de fonds de cours : cordes à linge, carrés de sable, balançoires, bateaux, tentes-roulottes ... À défaut d'être joli, c'est très culturel.
À l'auberge La Porte rouge, à Mont-Tremblant (120$ comprenant le souper et le petit déjeuner), j'ai croisé un couple (trentaine-quarantaine) parti de Saint-Jérôme le matin. Les deux retournaient à leur point de départ le lendemain. «On va avoir fait 182 kilomètres, m'a dit le monsieur.
Parlant de kilomètres, chacun est indiqué par un petit panneau le long de la piste : Saint-Jérôme est au kilomètre zéro, Val-Morin au kilomètre 38, Mont-Tremblant au kilomètre 91 ... Mont-Laurier au kilomètre 200.
Conseil : prévoyez un couvre-chef et une protection solaire ; la piste n'est à peu près jamais ombragée. Une bouteille d'eau aussi. Deux ? Pas nécessaire. Il y a suffisamment d'endroits où remplir sa gourde, manger et se reposer.
Quel genre de vélo ? Hybride, montagne, cyclotouriste ... Sans être la monture idéale, un cyclosportif pourrait sans doute aussi faire l'affaire.
Mais avant tout, il faut se procurer le guide de services (gratuit) de l'Association touristique des Laurentides (ATL). Tout y est, tout ce qu'on peut trouver le long et aux abords du parc linéaire, kilomètre par kilomètre : bars, restaurants, hébergement, camping, baignade, vente, réparation et location de vélos...
De Montréal, on joint l'ATL directement au 990-5625. Ailleurs au Québec, on fait le 1-800-561-6673. Et à Saint-Jérôme, on fait le 436-8532.
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