les "chroniques vélo" |
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Paul Roy est journaliste et adore le vélo.
À l'été 1997, il a décidé de faire partager sa passion via une chronique publiée deux fois par semaine dans La Presse.
13 juin 97
À vos braquets
Aujourd'hui, on grimpe.
Pour inaugurer cette chronique, qui paraîtra deux fois la semaine cet été, je vous amène sur le mont Royal.
cCest une bonne bosse. Qui exige un effort d'une certaine intensité. Nous allons suer, souffler et souffrir un peu. Rien de tel pour commencer une relation.
Je présume que vous avez un vélo. Sinon, patience, je vous donnerai des conseils d'achat dans une prochaine chronique. J'ai choisi la voie Camillien-Houde, que nous prendrons par l'avenue du Mont-Royal. Le chemin Olmsted, qui se prend par la rue Rachel et le parc Jeanne-Mance, est plus bucolique et moins forçant. Mais, je vous le répète, je veux que cette première rencontre soit intense. Je veux nous voir ruisselants. Alors, démarrons ! vous ne voyez pas qu'on ralentit le trafic ?
À Montréal, Camillien-Houde est un de mes deux circuits de prédilection, l'autre étant la piste du canal de Lachine (à éviter le dimanche après-midi), que je prolonge en empruntant le très beau chemin Lakeshore longeant le lac Saint-Louis.
Des amis m'ont entraîné quelquefois sur le circuit Gilles-Villeneuve de l'île Notre-Dame, mais je n'en ai pas raffolé. Trop large. Trop l'air d'une piste de course de Formule 1. L'impression, assis sur mon bicycle, de me trouver au volant d'une Williams-Renault en panne d'essence.
La beauté de Camillien-Houde, c'est que si vous avez le goût de grimper - et c'est un goût qui se développe -, voue grimpez dès le début. Pas de faux plat, pas de niaisage. L'ascension débute même avant le chemin proprement dit, tout de suite passé l'avenue du Parc, en fait. Nous y sommes. Voyez ce que je veux dire ?
Je vous entends changer de braquet. Bonne idée.
Bon, voyez la flèche à gauche ? C'est ici que ça commence, Camillien-Haude. Mettez vos compteurs à zéro.
Vous remarquerez qu'il y a une bande à droite : c'est pour nous. Enfin, je présume. Mais attention, il y a souvent des morceaux de vitre, des vis et des clous sur l'asphalte. D'où ça vient ? Fouillez-moi ! Heureusement, à la vitesse qu'on va rouler, on devrait pouvoir les éviter.
Nous arrivons au premier tournant. Fatigués ? Courage, sitôt de l'autre côté, la pente diminue. Vous aurez 400 mètres pour reprendre votre souffle. Si vous vous en sentez la force, passez à un braquet supérieur. Non ? Ah bon.
Deuxième tournant. Ici, on arrive dans le bout le plus difficile. Ça va grimper assez raide jusqu'au belvédère, sur votre gauche. Après, vous pourrez sortir votre bouteille. Hydratez-vous, vous êtes tout mouillés.
Vous voyez les rochers en avant ? À partir de là, nous allons devoir nous discipliner : la voie se rétrécit ; il faut longer le bord pour ne pas se faire happer. Votre odomètre indique-t-il un kilomètre et demi comme le mien ?
J'en vois quelques-uns qui traînent du rayon. Vous en faites pas, on vous attend en haut. Aie! Vous, madame ! on ne double pas le guide ... Culottée !
Surprise ! c'est fini. Pas la randonnée, la montée. À partir d'ici, on descend pendant deux kilomètres tandis que Camillien-Houde devient sans prévenir le chemin Remembrance. Passez votre plus gros braquet si vous avez encore la force de pédaler. Sinon, laissez-vous descendre, vous le méritez.
Nous voici sur le chemin de la Côte-des-Neiges. Je vous le dis au cas où la sueur vous aveuglerait encore. Dans 600 mètres, nous allons tourner sur l'avenue Decelles et, petite surprise, 100 mètres plus loin... grimper le chemin de la Polytechnique. Nous prendrons à droite sur le chemin de la Tour, puis encore à droite sur le chemin de la Polytechnique. Prenez un grand respir.
Dur, je vous le concède. Mais court. Alors on cesse de maugréer !
Voyez ? On y est presque. À partir d'ici on descend jusqu'au boulevard Édouard-Montpetit qu'on prend à droite jusqu'à l'avenue Vincent-d'Indy. À droite encore, le chemin de la Côte-Sainte-Catherine jusqu'à l'avenue du Mont-Royal, notre point de départ. Mine de rien, nous avons roulé neuf kilomètres et demi.
Et maintenant ? Ben quoi ! On recommence ! Allez ! Allez !
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